Dimanche 4 novembre 2012, par Céline Brut

Priorité à la consommation !

Les voix de Cypress Hill et Bob Marley résonnent dans la salle du Théâtre de Poche pendant que le public s’installe. Tous les sièges sont occupés. Le titre de la pièce est évocateur : « Les monologues de la marijuana ». Un sujet audacieux pour trois comédiens, au talent certain, qui pourtant n’échapperons pas, entre autre chose, à énumérer un par un les stéréotypes de la fumette.

“We don’t need no thought control”, la célèbre phrase de Pink Floyd fait office d’ouverture de la séance. Trois artistes viennent s’installer sur leur tabouret respectif. Ils nous scrutent, nous regardent intensivement… et explosent de rire. S’ils sont sur scène, c’est pour « nous ouvrir les yeux » décrètent-ils. Ils ont fait le tour du monde et ont regroupés les expériences de nombreux fumeurs : leur fou rire, leur réjouissance mais aussi leur décadence. Ils vont tenter de mettre en exergue les bienfaits du cannabis.

L’exaltation, la légalisation et la décontraction sont les maitres mots de cet hymne à la marijuana. Fort de leur personnalité et de leur habileté d’interprétation, les trois humoristes arrivent à mener à bien leur mission et font découvrir à un public attentif une multitude de détails sur la vie des fumeurs. Ceux qui ne connaissent pas cet univers seront parfois étonnés, choqués peut-être, amusés certainement. Ceux qui sont passés par là, ou qui le vivent encore au jour d’aujourd’hui, se reconnaitrons dans leurs dires. Ils évoqueront « les casses couilles anti fumette », la législation excessive des Etats-Unis et bien sûr, le cannabis thérapeutique. Un jeu simple, sans trop d’immaturité et heureusement sans décor aux couleurs de la Jamaïque, auquel on aurait pu s’attendre.

Cependant, il y a un petit bémol. La pièce manque de profondeur. Ils parlent de légalisation mais n’évoquent pas de raisons concrètes pour l’autoriser… Ils parlent de dépendance, d’Amsterdam et même de relations amoureuses,… mais ne dépassent pas les clichés vu et revus dans d’innombrables sketchs déjà parus sur le sujet (par exemple celui de Denis Maréchal). Une apologie du hachisch qui semble refléter le parti pris des comédiens. Crier à tout bout de champ pendant 1h15 que la marijuana est un cadeau des dieux est un peu lassant. S’ils ont voulu faire du second degré, la sauce n’a pas bien pris. On reste donc un peu sur notre faim. On se demande s’ils sont réellement des fumeurs invétérés ou s’ils n’ont jamais fumé un joint, ce qui serait totalement absurde. Sont-ils en train de dénoncer ou de vénérer ? Chacun se forgera sa propre opinion sur la question.

Mais dans l’ensemble, cette pièce détend l’atmosphère et réunit un public hétéroclite intéressant. Les comédiens s’écartent des sentiers battus avec un humour « stonar entre l’humour noir, l’absurde, le 27 ème degré et la 4 ème dimension ». Une pièce à « consommer » qui ne nuira pas, elle, à votre santé !

Céline Brut