Dimanche 4 janvier 2009, par Edmond Morrel

Prénom "Malek"

Un livre hors normes : roman, récit, biographie...

Livre hors norme…livre d’une rencontre entre deux écrivains…Récit de la vie de l’un, Malek Chebel, raconté par l’autre, Janine Boissard…regard de femme sur la vie d’un homme, ou plutôt de son enfance jusqu’à son entrée dans la vie qu’il a choisi de se donner, vie consacrée au partage du savoir, à la tolérance, à la compréhension mutuelle.

On a la mauvaise habitude de classer Janine Boissard parmi les écrivains "populaires", en général avec un peu de ce dédain avec lequel on auréole ce qualificatif…comme si écrire des livres qui sont lus par un grand nombre de lecteurs enlevait au livre quoi que ce soit de ses qualités ! Janine Boissard vient de publier aux Editions Fayard un livre atypique, un roman comme il en existe peu ou même pas du tout, le roman de l’enfance d’un des grands humanistes de notre époque, spécialiste de l’Islam, inventeur du concept d’ »Islam des Lumières ». Le nom de cet intellectuel de haut vol est CHEBEL. Son prénom donne le titre au livre de Janine Boissard, MALEK.

Pour écrire ce roman de vie, Janine Boissard a travaillé comme un peintre, un impressionniste qui travaille par petites touches, une lumière, une odeur, un parfum, un chagrin, un court dialogue…à partir de cela, elle crée l’univers, le monde perçu par Malek Chebel, enfant, adolescent, puis jeune adulte. C’est un livre sur la fraternité…au sens propre, avec la protection de l’aîné Malek à l’égard de son petit frère Tayeb, mais aussi au sens figuré et humaniste ; ce sont toutes ces rencontres qui construisent la personnalité de l’enfant, ses projets et ses convictions

Le livre est jalonné de figures plus touchantes les unes que les autres comme celle de l’instituteur El-Ayeb. Il y a les femmes aussi, la sensualité, la réhabilitation de l’amour physique…avec cette page magnifique où, dit la romancière, « dans la beauté de cette union le mal n’a pas sa place… »

La poésie douce de ce livre naît de la lumière de l’enfance, celle de la Méditerranée. Janine Boissard fait la démonstration qu’ "écrire c’est construire avec sa plume des espaces de lumière pour les autres"
Pour Malek ces années de formation sont aussi celles où il apprend la révolte contre les obscurantismes, révolte qu’il mène aujourd’hui encore, sans discontinuer. Le roman de Janine Boissard aide à mieux comprendre, parce qu’il puise aux sources de l’humanisme : le savoir, le plus beau cadeau que l’on puisse faire, celui qui ne peut que se partager pour s’enrichir…Et puis ce livre est aussi un cadeau entre écrivains…
Et aussi il donne envie de lire les livres de chacun d’entre vous…

© Edmond Morrel

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