Agatha Christie a écrit près de 70 romans et une vingtaine de pièces de théâtre très peu traduites en français. Gérald Sibleyras et Sylvie Perez se sont récemment mis à la traduction de huit de ses pièces. La toile d’araignée, écrite en 1954, à la demande de la comédienne Margaret Lockwood avec un rôle espiègle pour la fille de 14 ans de celle-ci (interprétée ici par Sybille Van Bellinghen), présente la singularité d’être une vraie comédie policière. Il y règne une atmosphère de légèreté et d’insouciance qui contraste avec une scène de crime. Impossible de résister au charme de cette société britannique avec son esprit de clan et de galanterie. Ici, le crime est d’autant plus incongru qu’il survient dans un contexte d’affabulations où la vérité se dilue au milieu des mensonges. La tâche sera plutôt malaisée pour l’inspecteur Lord (Daniel Hanssens), d’autant que les membres de cette maisonnée sont bien farfelus ! Conformes à la technique de Christie, les pistes vont être brouillées à souhait dans cette atmosphère bon enfant qui cache bien des secrets.
Est-ce parce que la pièce a été écrite pour une amie ? Clarissa (c’était le prénom de la mère d’Agatha Christie) présente des similitudes psychologiques avec Agatha elle-même qui était une enfant dotée d’une fantaisie débordante. Celle qui a publié un roman tous les ans à Noël, la reine du huis-clos, maîtrise l’art de la dramaturgie et de la comédie en typant ses personnages sans verser dans la caricature. Ils sont rendus avec finesse et bonne humeur par les comédiens de la troupe des Galeries. Il faut saluer la distribution impeccable, le décor élégant et la mise en scène respectueuse du style franc et enlevé d’Agatha Christie.
Le spectacle est divertissant même si on est loin des meilleures intrigues de la championne du suspens.
Palmina Di Meo