Par les villages

Schaerbeek | Théâtre | Théâtre Océan Nord

Dates
Du 18 au 29 avril 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Océan Nord
rue Vandeweyer, 63-65 1030 Schaerbeek
Contact
http://www.oceannord.org
info@oceannord.org
+32 2 216 75 55

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Par les villages

Par les villages est d’abord porteur d’un instinct de vie extraordinaire. C’est une vague sensible et poétique porteuse de sens dans une époque où nous en cherchons tous. Ce chant émancipateur donne une chance de créer une ouverture vers les secrets les plus enracinés de l’être et sa puissance redresse ce qu’il y a de plus intime en nous.
Notre regard se promène dans la contemplation de ce qui est vraiment. Le texte exulte à prendre en considération la réalité extérieure et la nécessité active de l’autre. C’est une confrontation et une réconciliation entre deux mondes, une guerre après les guerre qui nous dit l’urgence de vivre et d’aimer, avant qu’il ne soit trop tard. 

Du moi premier, nous cheminerons vers cet autre que nous désirons comprendre et atteindre mais aussi parfois posséder ou contrôler. Nous tenterons finalement de se faire heurter les individualités qui émanent des mots de Peter Handke jusqu’à ce que Nova nous rattrape au bord du précipice et nous raccroche à la vie.

Distribution

de Peter Handke, mise en scène de Jean-Baptiste Delcourt, avec Angèle Baux, Jeanne Dailler, Aurélien Labruyère, Taila Onraedt, Anne-Marie Loop et Pablo Stella ; Nina Lombardo (assistanat) ; Samuel Ponceblanc (lumières) ; Matthieu Delcourt (création sonore et plastique) ; Marine Vanhaesendonck (création costumes) ; François Gillerot (production) ; Audrey brooking (diffusion) ; Catherine Hance (consultante diffusion) ; Georges-Arthur Goldschmidt (traduction)

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Dimanche 23 avril 2017, par Catherine Sokolowski

Eloge de l’essentiel

“Passer par les villages !”, tel est succinctement le message de Peter Handke, qui ne prône rien d’autre qu’un retour à l’essentiel, à la nature et à la bienveillance. Son texte, écrit en 1981, est une ode à la vie réelle, dénuée de tout artifice. De facture classique, il résonne comme un beau et long poème dramatique (plus de 2 heures) habilement mis en scène par Jean-Baptiste Delcourt et interprété avec passion par six acteurs très talentueux.

A la mort de leurs parents, deux frères et leur sœur doivent se partager l’héritage, c’est-à-dire la demeure familiale. Le frère aîné (Gregor alias Aurélien Labruyère), écrivain aux “lubies de dominateur”, n’a jamais clairement exprimé d’amour pour sa famille alors qu’au fond, il n’est ni hostile, ni même indifférent. Angèle Baux interprète le cadet Hans avec beaucoup de passion. Si l’on peut être surpris de voir cette jolie jeune femme dans le rôle d’un ouvrier agricole militant, on ne peut que s’en réjouir en l’entendant scander un texte dur et classique, lui donnant des allures de slam contemporain. La petite sœur Sophie (Jeanne Dailler) n’a jamais pu être elle-même, elle voudrait maintenant concrétiser son rêve et ouvrir son propre magasin dans la demeure parentale, projet très mal perçu par Gregor.

Anne-Marie Loop incarne d’abord une intendante, ensuite une vieille femme qui ne peut que constater la disparition du village, en tout cas dans sa formule authentique, remplacé par une plaque “centre du village” ! Enfin, il y a Nova (Taila Onraedt), douce et bienveillante, qui conseille et conscientise notamment au travers d’un long monologue de clôture qui est un appel quasi mystique à profiter des choses simples. Pour être complet, Pablo Stella joue le rôle d’un enfant, celui de Hans.

A travers cette histoire banale, Peter Handke explore plusieurs sujets, d’abord celui des relations humaines, des conflits et autres différends familiaux, mais aussi celui de l’importance des valeurs essentielles, des fondamentaux comme l’existence des villages, des gens qui y habitent, des jours qui passent, des rapports humains dans ce qu’ils ont de plus essentiels : “les cloches n’indiquent pas le temps mais rappellent l’éternité”. L’auteur dénonce aussi les inégalités, confrontant les “puissants”, “perdus dans leurs sortilèges” aux “blessés” qui seuls “peuvent voir la beauté”.

La richesse poétique du texte et le talent des comédiens sont les premiers atouts de ce spectacle. L’histoire et les décors sont secondaires. Le message est intéressant mais aurait, selon nous, plus d’impact s’il était délivré dans un contexte plus moderne. Ici toute transformation est rejetée, même les brouettes de fleurs, qui devraient plutôt rester en l’état. En conclusion, un spectacle fort, presque angoissant, clôturé par un message positif : aimez et profitez des choses simples. Un premier rayon de soleil dans un printemps récalcitrant !

Théâtre Océan Nord