NATURE MORTE DANS UN FOSSE

Théâtre | Le Rideau

Dates
Du 17 janvier au 8 février 2008
Horaires
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NATURE MORTE DANS UN FOSSE

Fausto Paravidino exprime, sans avoir l’air d’y toucher, la banalisation des sentiments, l’assoupissement des consciences, la marchandisation de nos existences et dévoile le décalage entre les aspirations profondes de chacun et les contingences d’une société à courte vue, en déficit d’idéal.

Mise en scène Jules-Henri Marchant.

Avec Angelo Bison, Cédric Eeckout, Janine Godinas, Micheline Goethals et Benoît Verhaert.

Réservation 02 507 83 61. Du mardi au samedi à 20h15, lundi à 18h30, dinamche à 15h. prix des places de 8€ à 18€

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2 Messages

  • NATURE MORTE DANS UN FOSSE

    Le 3 février 2008 à 06:03 par gene

    Une très bonne soirée. Les personnages de l’inspecteur et de la mère sont émouvants ; les autres moins crédibles, peut-être la forme de la mise en scène (très originale d’ailleurs ) nuit-elle au réalisme de la situation, mais après tout, ce n’est pas grave !

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Dimanche 27 janvier 2008, par Jean Campion

Un Cadavre nous interroge

"Une écriture qui conjugue l’atmosphère du thriller à l’observation entomologique d’un microcosme." Cette formule de S. Martini souligne avec pertinence la lucidité implacable de cette pièce originale et passionnante, interprétée avec beaucoup de maîtrise par six comédiens en état de grâce.

Au fond de la scène, dans la brume matinale, six personnages statufiés, en vrac. Sans s’adresser à personne, l’un d’eux prend la parole pour relater les chaudes péripéties de sa nuit. La dernière est une embardée au bord d’un fossé, où gît un corps ensanglanté.
"C’est la poisse. Jeune fille blanche, nue, morte assassinée, ça fait scoop et avec les scoops, on bosse mal." Cette réflexion désabusée est proférée par l’inspecteur Cop, qui a pris le relais du témoin. Comme chaque personnage, il parle sans interlocuteur et donc... sans masque.

Par une succession de monologues, l’auteur nous permet de suivre une enquête policière et de plonger au coeur des âmes. En nous livrant progressivement des indices, ces personnages confessent leurs doutes et leurs angoisses. La mère de la victime se révolte quand on lui demande si sa fille était "un sujet à risque", mais est bouleversée en découvrant ses fréquentations. L’inspecteur Cop voudrait que ce crime soit lié à la drogue pour "confirmer qu’ils ne se tuent qu’entre eux". Il doit cependant reconnaître que "peut-être, la violence est moins prévisible". On sent que cette banlieue de Milan est gangrenée par l’appât du gain et la loi du plus fort. Le dealer s’efforce d’échapper aux représailles par des coups tordus. Sans papier, la fille venue de l’Est est condamnée à la prostitution. C’est une société glauque, déboussolée qui émerge de ces récits âpres.

L’absence de confrontations risquait de déboucher sur une addition de numéros d’acteurs. La mise en scène sobre, rigoureuse et fluide de Jules-Henri Marchant déjoue ce piège. Le tempo soutenu, imposé à chaque intervenant, donne à la représentation un rythme tendu, haletant. On entend en permanence "LA musique" de Fausto Paravidino, qui affirme : "J’écris comme j’entends les gens parler". Mais cette unité n’empêche pas les comédiens de révéler des personnalités très contrastées. Angelo Bison incarne un inspecteur attachant. Tiraillé entre un préfet qui exige des résultats "pour le journal de vingt heures" et des subordonnés prétentieux et maladroits, il se montre souvent cynique, mais il reste déterminé, habité par sa mission. On est émus par la sobriété pathétique de cette mère dépassée par les événements, qu’interprète Janine Godinas. Benoît Verhaert joue le rôle d’un dealer sournois et paumé avec subtilité. Ce frimeur, magouilleur invétéré, masque mal sa lâcheté et sa vulnérabilité.

"Nature morte dans un fossé" est un polar qui nous tient en haleine. C’est aussi une invitation à nous interroger sur une société qui prend l’eau et sur nos comportements à l’égard de la mort. Fausto Paravidino
voit ses pièces (à trente ans, il en a déjà écrit neuf !) triompher un peu partout dans le monde. Ce n’est que justice !

Le Rideau