Mardi 29 novembre 2016, par Catherine Sokolowski

Muet d’admiration

Tout le monde connaît Charlie Chaplin et en particulier le personnage de Charlot, emblème du cinéma muet. “Chaplin” ne raconte pas la vie de l’acteur, réalisateur, scénariste, producteur, compositeur universellement reconnu mais propose plutôt de retrouver le comédien et son indicible talent durant une petite tranche de vie, juste avant et pendant le tournage de son chef-d’œuvre « The Kid » (1919). Peu de paroles, peu d’explications mais des sketches drôles et pétillants ramenant l’artiste burlesque parmi nous le temps d’un spectacle. Othmane Moumen offre ici une interprétation exceptionnelle, alliant comédie et poésie, candeur et maîtrise. L’illusion est magique !

Charlin Chaplin est né à Londres le 16 avril 1889 de parents artistes de music-hall. Ils se séparent quelques années plus tard et Hannah, sa mère, doit élever seule ses deux enfants (un troisième lui ayant été enlevé par le père). En 1998, elle est amenée une première fois à l’hôpital psychiatrique et Charlie Chaplin connaît alors la pauvreté et les institutions. Dès 10 ans, il intègre une troupe de danseurs de claquettes. Très talentueux, il pourra rapidement s’orienter vers son domaine de prédilection, la comédie, devenir Charlot en 1914, et surtout disposer de son propre studio dès l’âge de 29 ans.

Le spectacle se déroule sur un plateau de cinéma, avec Chaplin comme interprète, en pleine réflexion sur le type de scènes qu’il veut tourner, le burlesque ne semblant plus le satisfaire. Tourmenté par son divorce et par les extravagances de sa mère malade, il improvise quelques scènes pleines de poésie, superbement mises en lumière dans le style de l’époque. Il débute ensuite le tournage d’un film majeur “The Kid”, accompagné d’un petit garçon qui reproduit fidèlement ses mouvements (interprété en alternance par Victor Barco, Maxime Clausse, Stanley Dupic-Janssens ou Ethan Verheyden).

Tendre, drôle, attachant, il est difficile de décrire les prouesses d’Othmane Moumen, acteur formé par le mime Marceau, déjà présent dans le superbe « L’étrange Mister Knight », dont il faut saluer le travail impeccable. La ressemblance est étonnante. Plonger les spectateurs d’un théâtre en 2016 dans l’ambiance du cinéma muet des années 20 est une gageure et le pari est totalement réussi ! Un hommage à l’œuvre protéiforme de cet artiste exceptionnel mais aussi un enchantement digne du mois de décembre.