Samedi 8 décembre 2018, par Titiane Barthel

Mélancholie en sous-sol

Benoît Verhaert s’attaque avec brio à l’étrange nouvelle de Dostoïevski, Les Carnets du Sous-sol, pour incarner aux côtés de Céline Peret un misanthrope aigri et touchant.

L’espace singulier du Boson était taillé sur mesure pour le nouveau défi de Benoît Verhaert, celui d’adapter, de mettre en scène et de jouer Les Carnets du Sous-sol, de Dostoïevski. Dans un dispositif quadrifrontal où les spectateurs encerclent littéralement le comédien, nous voyons évoluer une sorte d’ermite lassé de vivre, tournant en rond dans une cave, jusqu’au jour où arrive dans sa vie Lisa, une jeune prostituée, incarnée avec puissance par Céline Peret, dont il ne parviendra pas à comprendre qu’elle était son salut.

La performance d’acteur de Benoît Verhaert dans sa solitude, et en duo avec Céline Peret est mémorable tant elle est vibrante et proche sans jamais devenir quotidienne. Le rapport au temps se distend et transforme les minutes en mois et en années, nous plaçant l’espace d’une représentation dans un hors-temps à l’intérieur duquel nous parvient le précieux texte de Dostoïevski.

Le défi était dangereux, d’adapter une écriture romanesque telle que celle de Dostoïevski au théâtre, en réussissant à le faire entendre à la fois dans son caractère philosophique, esthétique et existentiel, et il est pleinement relevé. Un beau moment de théâtre.