Mars

Théâtre | Théâtre Océan Nord

Dates
Du 18 au 27 avril 2013
Horaires
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Moyenne des spectateurs

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Mars

Le dernier cri d’un jeune homme de la meilleure société, bien sous tout rapport, élevé dans le culte de l’harmonie et de la tranquillité, dans le refus du conflit et de toute forme de friction, privé du même coup de tout contact réel avec quiconque, sans amis et sans amours, finalement étouffé par la dépression et par un cancer de la gorge qu’il attribue à toutes les larmes qu’il n’avait pas pleurées dans sa vie ; son âpre lutte, au seuil de la mort, vers la clarté ; et puis sa révolte, intacte, comme un diamant brut, une petite victoire au cœur de l’immense défaite. Mars, œuvre majeure des années 1970, unique roman de FRITZ ZORN qu’il présente comme ses mémoires. L’histoire d’une résurrection. Un formidable appel à la vie, lancé vers nous, du fond du gouffre. Fritz Zorn est un pseudonyme, celui de Fritz Angst. C’est un peu plus qu’un pseudonyme. « Angst » signifie peur, et « Zorn », colère. Fritz Angst est mort le jour-même où il a appris la publication de son livre ; il avait 32 ans. Fritz Zorn vit toujours…
Mise en scène Denis Laujol Avec Adriana Da Fonseca, Yann Frouin, Florence Minder, Benoît Piret, Sophie Sénécaut, Vincent Sornaga, Baptiste Sornin Assistanat Julien Jaillot Lumière Patrice Lechevallier
Représentation à 20h30 sauf mercredi à 19h30 et lundi à 13h30 !!!

Photographies

© Michel Boermans

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4 Messages

  • Mars

    Le 20 avril 2013 à 04:01 par NoVdH

    Un texte sublime ! Des acteurs au sommet de leur forme.
    Et une mise en scène à la fois sobre et parfaitement adaptée !
    J’ai personnellement un petit doute sur la fin, mais celle-ci ne suffit pas à diminuer mon enthousiasme.
    N’hésitez pas !

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  • Mars

    Le 21 avril 2013 à 06:39 par Doctora

    "Toute ma vie, j’ai été brave et gentil. Et c’est pour cela, aussi, que j’ai attrapé le cancer", déclare Fritz Zorn, réfléchissant sur sa vie râtée et sa mort prochaine. Fritz Zorn a publié un unique livre en 1977, l’année de sa mort, un essai autobiographique, intitulé "Mars" (du nom du dieu de la guerre et du printemps). Dans ce texte, il critique l’éducation bourgeoise qu’il a reçue, à l’abri des problèmes, dans un monde clos où règne l’harmonie d’un ennui tranquille. L’annonce de sa maladie lui fait prendre conscience qu’il a été "éduqué à mort". La petite partie de lui-même "qui n’a pas été empoisonnée" se révolte, déclare la guerre : c’est une magnifique résurrection de l’esprit avant la mort annoncée du corps...
    Le texte de Fritz Zorn n’a rien perdu de son actualité, et il est ravivé par une mise en scène bien rythmée, enjouée, humoristique. Le rôle de Fritz Zorn est interprété par 7 acteurs (4 hommes et 3 femmes), qui se passent le relais, attendant su scène leur tour de parole. Ils sont tous excellents ! Chacun éclaire une facette différente et complémentaire du personnage. Dans chaque séquence, revient en refrain le questionnement sur le nom de ce personnage : l’auteur, de son vrai nom Fritz Angst (signifiant "peur"), a pris comme pseudonyme Fritz Zorn (signifiant "colère"). Le passage de la peur à la colère résume bien son parcours.
    Ce spectacle m’a permis de découvrir un texte essentiel, servi par une mise en scène ingénieuse et une interprétation convaincante. Il constitue une invitation urgente à oser vivre, sans se laisser enfermer dans les conventions.
    Comme NoVdH, j’ai quelques doutes sur l’interprétation à donner à quelques éléments, comme le banquet de crabe, la vidéo de la mer, les fleurs d’orchidée. Mais, comme dit Lou Salomé, il faut laisser décanter... C’est un spectacle à voir, assurément !

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  • Mars

    Le 21 avril 2013 à 12:10 par Lou Salome

    je n’avais pas eu l’occasion de le voir à la création, suis heureuse que ce soit enfin repris ! Beau texte, beau sujet troublant. La vie, la maladie, la mort. Une réflexion trouble sur la notion de bonheur ! Suffit-il d’être riche et intelligent né dans une "bonne" famille pour être heureux ? Spectacle choral / réflexion sur le corps aussi /joué par 7 comédiens investis, 7 comédiens différents, s’investissant complètement chacun, corps et voix, prenant chacun en charge un large pan de ce long monologue secouant : la seule oeuvre de cet auteur mort à 32 ans. Richesse supplémentaire de sens donnée par ce découpage, et en même temps, regret léger de ce découpage qui scinde l’émotion ? A décanter...

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  • Mars

    Le 24 avril 2013 à 11:47 par bebert

    Le
    thème est aussi vieux que le monde : le poids de la famille et
    du milieu social sur l’individu. La force du texte est de mettre en
    scène un personnage et un milieu social extrêmes : une
    personne qui réussit en apparence sa vie bourgeoise de Suisse
    intellectuel et qui ne prend conscience qu’en fin de parcours de son
    aliénation. Cette prise de conscience s’exprime alors dans le
    désespoir, quand la maladie est là, et que l’on ne peut plus
    revenir en arrière. C’est un long monologue sur une vie sans doute
    perdue.

    Il
    était impossible, au vu de la longueur du texte, de confier le
    monologue à un seul acteur. L’originalité de la mise en scène a
    alors consisté à saucissonner le texte en 7 morceaux, dits à la
    queue leu leu par 7 acteurs différents, exprimant la prise de
    conscience et la rage du personnage. Je ne suis pas sûr que ce soit
    un bon choix. Le spectateur voit les acteurs assis sur le bord de la
    scène. Ils regardent les autres jouer leur rôle. Il s’attend à se
    qu’ils interviennent, ou au moins reprennent part à la pièce. Ce
    n’est pas le cas. Ils sont devenus de purs spectateurs passifs. Et
    pourtant, il y avait là une mine en or à exploiter. J’imagine les
    interventions de ces « 7 moi » entre eux … Il y a juste
    un moment où ils ré-interviennent, et c’est pour manger goulûment
    du crabe face à la salle. Je n’ai pas très bien compris le sens de
    cette intervention.

    La
    consolation, outre la qualité du texte, c’est que les acteurs sont
    bons. Chacun parvient à occuper cette énorme scène en profondeur,
    en gardant – pour la majeure partie – la voix assez forte pour
    arriver jusqu’au pauvre spectateur situé à des kilomètres de là.
    Finalement donc la soirée valait le déplacement.

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Lundi 22 avril 2013, par Blanche Tirtiaux/Thomas Dechamps

Critiques en miroir

Blanche Tirtiaux et Thomas Dechamps ont vu "Mars". Deux critiques, deux visions différentes.


Quand Mars perd son épée...

Deux années après la première représentation de Mars, le théâtre Océan Nord accueille à nouveau cette mise en scène de Denis Laujol, sur le texte autobiographique de Fritz Zorn. Sept comédiens racontent avec humour l’histoire d’un homme plein de rage au bord de la mort. Un texte fort qui résonne comme une ode à l’anti-conformisme, dans une mise en scène qui n’est malheureusement pas à la hauteur de son propos.

« Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul. »
En 1976, Fritz Angst – empruntant le pseudonyme de Fritz Zorn – publie Mars, son seul roman, pour dénoncer le milieu bourgeois zurichois dans lequel il a grandi et qui l’a éduqué à mort. Atteint par un cancer virulent, l’auteur décide de consacrer les derniers instants de sa vie à écrire un récit autobiographique, comme un dernier cri de révolte contre cette société sans accrocs qu’il a depuis toujours côtoyé et qui est pour lui de façon évidente la source de cette maladie qui le ronge.

« Je veux dire par là qu’avec ce que j’ai reçu de ma famille au cours de ma peu réjouissante existence, la chose la plus intelligente que j’aie jamais faite, c’est d’attraper le cancer. »
Même si Fritz Zorn déverse dans son ouvrage tout le venin qu’il a accumulé contre le culte de l’harmonie et le refus d’authenticité qui ont été son pain quotidien pendant plus de trente ans, l’auteur choisit pour son texte un ton d’une ironie sans concession. Il crache sans vergogne sur tout ce qu’il est et ce qu’il a été, tout en conservant une fraîcheur étonnante, symptôme d’une quasi re-naissance à l’aube de la mort.

Étant donné le ton ravageur et l’efficacité du texte de Zorn, porter Mars sur scène était un défi risqué. Il fallait tout d’abord parvenir à mettre en espace ce long monologue conté à la première personne sans le rendre ennuyeux, et rendre ensuite théâtral l’univers subtil et ambigu habitant le roman. Force est de constater que les choix de mise en scène de Denis Laujol ne sont pas parvenus à rendre le cynisme du texte et la noirceur décalée qui s’en dégagent. Six acteurs se succèdent pour déclamer le récit, adoptant chacun un « Fritz » qui leur est propre. Résultat des courses : en définitive, on ne parvient jamais à rencontrer ce personnage complexe qui demeure sans réelle consistance, malgré les paroles ravageuses dont il nous fait part.

Cette narration « en cascade » évolue dans une mise en scène franchement timide – pour ne pas dire minimaliste – et terriblement statique, mettant ainsi un point d’honneur sur le texte. Certes, c’est un choix, mais dans la mesure où le texte en question est joué par des acteurs aux performances très inégales, le tout peut rapidement sembler longuet. C’est le ton surtout qui dérange. Si Fritz Zorn écrit avec humour, son humour est noir et teinté d’une âpreté évidente. En choisissant de « mettre en avant le côté lumineux et vital de cette œuvre » comme il le confie dans une interview publiée dans le journal du théâtre, Denis Laujol donne parfois au monologue des airs de one-man-show peu convaincants. L’humour original, décapant et touchant dans son authenticité, semble par moments travesti en un humour de sketch trop facile qui dénote avec la gravité de la thématique.

On dira qu’au fond le spectacle est plein de bonnes intentions, mais les idées trop peu fouillées et trop peu abouties donnent au résultat un cachet qui manque de corps et de parti pris. Dommage.

Blanche Tirtiaux


Les monologues de la colère

Avec « Mars » de Fritz Zorn, le metteur en scène Denis Laujol s’est attaqué à un texte difficile mais essentiel. Son adaptation a su en faire ressortir les côtés les plus libérateurs et donner un spectacle profondément vivant. Notamment grâce à ses sept comédiens, littéralement habités par le texte et dont le talent est encore plus mis en évidence par le total dépouillement scénographique. En résulte une pièce en même temps drôle et âpre, portée par un formidable élan de révolte qui ne laissera personne indifférent.

« Je suis jeune, riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul. » Voilà comment commence Mars, unique roman du suisse Fritz Zorn et son testament à une humanité dans laquelle il aura eu tellement de mal à s’intégrer. L’ouvrage, publié en 1976, raconte les mémoires de Fritz Angst. « Angst » voulant dire « peur », « angoisse » ; « Zorn » signifiant « colère ». Les deux ne sont qu’une seule et même personne mais pourtant quelque chose les sépare : Zorn a le cancer, et, de là, une intense révolte naît en lui contre sa vie, celle de Angst, ou plutôt contre celle qu’il n’a pas vécu.

Jeune homme issu de la meilleure société Zurichoise, Angst est élevé dans le luxe et la protection d’un univers familial aussi faux que tranquille. Toute sa vie il évitera les conflits et les épreuves, se privant du même coup des joies de la vie. Fritz Angst/Zorn mourut le jour même où il apprit que son livre serait publié, entretemps il avait eu le temps d’écrire ce formidable cri d’alarme qui nous est aujourd’hui donné à voir.

Mais alors que donne « Mars » adapté au théâtre ? C’est la question qu’on se pose en rentrant dans la salle, tant on se demande comment faire ressortir une pièce vivante et solide de cette œuvre éprouvante et empreinte de douleur.

La pièce se présente comme un long monologue, Zorn parlant toujours à la première personne comme dans son livre, mais un monologue schizophrène. Un monologue à sept voix. En effet, sept comédiens vont se succéder un à un sur la scène. Une scène totalement nue, sans décors et sans artifices. Il n’y a ici que des acteurs et un plateau sur lequel ils évoluent. Ainsi éclatée, l’histoire de Zorn y gagne en vitalité et en universalité, échappant à toute personnalisation du récit. Le plus épatant sans doute dans cette pièce est qu’à chaque fois qu’un acteur a fini son temps, on se demande comment le suivant va pouvoir ne pas nous décevoir après une telle performance ; et qu’à chaque fois ça n’est pas le cas. Chacun à leur manière, avec leur propre ton, ils s’emparent de l’histoire de Zorn et la relancent d’une façon différente. Si bien que le rythme et l’intensité du spectacle ne retomberont jamais.

L’histoire de Zorn est un drame, le drame d’une vie gâchée, et pourtant on rit beaucoup en l’entendant analyser sa défaite et nous parler de sa révolte, dernier sursaut avant une fin inévitable. Ce « Mars » à sept voix est un impressionnant appel à la vie, un élan jouissif et libérateur qui réussit à nous emporter avec, de bout en bout.

Thomas Dechamps

Théâtre Océan Nord