Maison de poupée

Théâtre | Comédie Claude Volter

Dates
Du 16 mars au 9 avril 2011
Horaires
Tableau des horaires

Contact
http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

Moyenne des spectateurs

star-offstar-offstar-offstar-offstar-off

Nombre de votes: 0

Maison de poupée

Maison de Poupée
d’Henrik Ibsen
Un classique parce qu’avec Strindberg et Tchekhov, Ibsen est l’un des fondateurs du théâtre contemporain.
Nora, petite alouette mal aimée, va sacrifier son bonheur et son devoir de mère pour assumer sa vérité, sa dignité, pour ce qu’elle est : non seulement une femme, mais aussi et surtout, un être humain.
Avec : Stéphanie Moriau, Bernard d’Oultremont, Jean-Philippe Altenloh, MICHEL de WARZEE, LAURE TOURNEUR et Danielle Fire
Mise en scène : Michel Wright
Représentations : du mardi au samedi à 20h15 – le dimanche à 16h00
Infos et réservations : 02/762.09.63 - www.comedievolter.be

Laissez nous un avis !

2 Messages

  • Maison de poupée

    Le 18 mars 2011 à 10:43 par sebamacq

    Voilà une œuvre soigneusement montée, remarquablement interprétée et pourtant…
    Quelle déception !
    Le metteur en scène a voulu « actualiser » ce chef d’œuvre écrit en 1850 par Ibsen, en le situant de nos jours dans un décor minimaliste (j’ai reconnu des meubles Ikea) et des costumes que l’on trouverait bien chez C&A.
    C’est pourquoi les dialogues du XIXe siècle sonnent faux dans la bouche de personnages délogés de leur milieu. Les lamentations de Nora et de son mari ne réussissent pas à émouvoir. Décrivant des préoccupations d’il y a 160 ans, elles ne sont plus d’actualité et, entendues aujourd’hui, elles paraissent bien dérisoires.
    Il fallait traiter la pièce « dans son jus » (décor et costumes 1850) à l’instar des films suédois ou danois.
    L’interprétation des comédiens aurait alors créé la sensation d’étouffement propre aux sociétés nordiques de l’époque et mis en valeur la lutte de Nora… 
    Elle en serait devenue poignante et nous aurait alerté pour que le combat de la libération féminine continue 160 ans après.
    N’est-ce pas le message voulu par le metteur en scène ? Il n’a pas pas tort — mais qu’il monte alors des pièces du XXIe siècle… Il n’en manque pas.
    Ceci dit, il a mis son talent au service d’un spectacle qui, loin d’être inintéressant, aurait dû bouleverser bien davantage.

    Répondre à ce message
  • Maison de poupée

    Le 18 mars 2011 à 12:35 par deashelle

    Une éblouissante première au théâtre Claude Volter hier soir. L’interprétation presque surjouée de la femme-infantilisée, agace royalement : les sautillements, la voix perchée, le rire de casserole, la cervelle d’oiseau - de l’étourneau à la bécasse. Bien que, derrière cette façade, il y ait le mensonge salvateur et un amour considérable (inconsidéré ?) pour le père et le mari de ce personnage surféminisé...la deuxième partie de la pièce, lorsque la femme enfin se révolte, fait plaisir à voir et à entendre. Tout à coup la voix de la comédienne sonne juste ! La mise en scène est d’une facture résolument moderne, tout en transparence, et décor blanc d’innocence. Mais les vies de « housewives » n’existent pas qu’en Outre-Atlantique ! Jeunes filles, précipitez-vous pour voir ce spectacle ! Le rêve de suprématie masculine, malgré l’égalité des droits a encore de beaux jours, à en juger par le plaisir du comédien de mari, Bernard d’Oultremont, à jouer son rôle avec délices et perfection. Jean-Philippe Altenloh n’a rien à lui envier, son jeu est parfait ! Faut-il qu’un homme soit quitté pour qu’il découvre enfin son humanité ? C’est le miracle secrètement espéré de Nora, où d’étranger insupportable, l’homme se muterait enfin en généreux compagnon de mariage avec qui « on se sent bien ». Fidélité des signes… Le public, parfois compassé dans ce théâtre d’avant-garde - il y a quarante ans déjà - n’a pas pu s’empêcher d’applaudir avec respect la très belle distribution des comédiens, les personnages secondaires étant aussi bien campés que l’héroïne de la pièce.

    Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Vendredi 25 mars 2011, par Jean Campion

Une Poupée qui dit non

A sa création, "Maison de poupée" fit scandale. Certains y voyaient un outrage à la morale traditionnelle, d’autres un brûlot féministe. Depuis 1879, les moeurs, les rapports entre époux, le statut de la femme ont beaucoup évolué et la pièce ne suscite plus de polémiques. Si on la retrouve fréquemment à l’affiche, c’est parce qu’Ibsen ne défend pas une thèse, mais fait vivre des êtres humains. Des personnages complexes, que les six comédiens dirigés efficacement par Michel Wright incarnent avec conviction.

En cette veille de Noël, Nora est aux anges. Finies les économies ! Elle a acheté plein de cadeaux, car Torvald, son mari, vient d’être nommé directeur de banque. Celui-ci s’efforce de calmer la folie dépensière de sa "petite alouette", en lui rappelant son principe : "Pas de dettes, jamais d’emprunts." Nora apparaît également frivole et comblée, aux yeux de son amie Kristina, jeune femme courageuse, qui s’est sacrifiée pour élever ses frères et soigner sa mère. Aussi elle tient à démentir cette image, en lui confiant un lourd secret. Pour sauver la vie de son mari, elle a osé, à son insu, emprunter une grosse somme d’argent et contrefaire la signature de son père.

En rognant sur ses dépenses personnelles, elle a remboursé presque toute sa dette, à son créancier Krogstad. Et alors qu’elle voit le bout du tunnel, elle est entraînée dans un engrenage infernal. Pour lui plaire, Torvald engage Kristina, en lui donnant la place de... Krogstad. Si Nora n’empêche pas ce licenciement, celui-ci révélera à son époux le faux, dont elle s’est rendue coupable. Affolée par ce chantage, l’héroïne d’Ibsen perd pied progressivement. Elle étouffe, songe à demander de l’aide à son ami, le docteur Rank, mais y renonce, en découvrant qu’il l’aime.

Engoncé dans son univers petit-bourgeois, Torvald ne supporte pas que l’on bafoue les règles de la morale conventionnelle : "Il n’y a pas un homme qui sacrifierait son honneur pour celle qu’il aime." Nora, elle, a enfreint la loi, par amour vrai, total. Pas un instant, elle n’a douté de la nécessité d’agir ainsi, persuadée que, si le secret venait à se dévoiler, elle serait comprise, peut-être approuvée. La rage égoïste de son mari lui ouvre les yeux."J’ai été poupée-femme chez toi, comme j’avais été poupée-enfant chez papa. Et nos enfants, à leur tour, ont été mes poupées." Elle ne veut plus jouer à la vie, dans cette maison qui n’a été qu’une salle de récréation. Lasse des simulacres, elle doit s’inventer un nouveau chemin, pour devenir une Personne. La chrysalide devient papillon. Dans la peau de Nora, Stéphanie Moriau vit les étapes de cette mutation avec finesse et énergie.

Les décors et les costumes neutres participent à l’intemporalité de la pièce. Une pièce qui s’attarde complaisamment sur l’insouciance de Nora, mais qui, ensuite, en nous plongeant dans son désarroi, maintient une forte tension dramatique. Ibsen fait sentir le besoin d’émancipation de la femme. Cependant, il explore des possibilités, plutôt qu’il ne prône des solutions. Si Nora et Torvald voient leur couple s’effondrer, Kristina et Krogstad, malgré leurs épreuves, se sentent prêts à repartir ensemble. L’auteur de "Maison de poupée" n’est pas un révolutionnaire démodé, mais un peintre de l’âme.

Comédie Claude Volter