MacBeth

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal du Parc

Dates
Du 17 janvier au 16 février 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi, 3 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatreduparc.be
info@theatreduparc.be
+32 2 505 30 30

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MacBeth

Monstre parmi les monstres.
Macbeth n’est pas l’ombre, mais la nuit. Le mal n’y est pas relatif, mais absolu.
La pièce nous plonge dans l’étroit abîme qui sépare le cauchemar de la réalité monstrueuse.
Avec sa manière médiévale de s’approcher des forces obscures et irrationnelles et d’aborder l’énigme du meurtre de l’homme par l’homme et la culpabilité qui s’ensuit, Shakespeare convoque dans les ténèbres d’étranges et hideuses créatures - les hommes - toutes en proie à une maladie incurable et contagieuse. Celle de l’ambition criminelle et du pouvoir corrupteur.
Car quand elle n’est pas encadrée par une conscience et une morale, l’ambition ne mène qu’à l’échec.
Quant au pouvoir, tout le monde le sait, il échoit à ceux qui le désirent le plus.
La fin justifiant les moyens...
Puis une fois entre leurs mains...
Pour notre troisième collaboration avec le Théâtre du Parc, après Un conte d’hiver et Un tailleur pour dames, nous avons été invités par Thierry Debroux (merci à lui) à nous attaquer à cette œuvre grandiose et pour le moins énigmatique du grand maître puisqu’en Angleterre elle a la réputation de porter malheur. Comme si le mal qui suinte de la pièce s’attaquait à qui tenterait de la cerner...
Grandiose car il s’agit d’un « récit plein de bruit et de fureur » où il est question de pouvoir, d’ambition, de trahison, d’amour, qu’il y a des meurtres, un régicide, des guerres, du sang, beaucoup de sang, des chansons, un banquet, des forêts, un château, des orages et de la pluie, beaucoup de pluie (pour laver le sang), de la boue, des sorcières, des spectres, des assassins.
Nous vous promettons tout cela.
Nous vous proposerons, et toujours avec le souci de poser sur l’oeuvre un point de vue décalé qui nous permette de la faire résonner au présent, de lui faire perdre son statut de déjà vu pour en renouveler la perception, faire surgir des réponses neuves et imprévisibles aux résonances contemporaines afin de provoquer une nouvelle ouverture des sens auprès des spectateurs.
Bref, avec le souci de faire du présent avec ce qui n’est pas d’aujourd’hui - un Macbeth qui sera de l’ordre de la performance, total, plein, éprouvant physiquement pour les acteurs qui, deux heures durant, lutteront contre les éléments (théâtraux ou non) déchaînés.

Nous vous avions promis un Tailleur pour dames qui ne soit pas en costumes à carreaux.
Nous avons tenu notre promesse.
Nous vous promettons un Macbeth sans armure.
Inutile de se poser la question de la pertinence de monter Macbeth aujourd’hui, véritable miroir de notre époque.

Venez, trompons-les tous.
Trompeur doit être le visage quand le cœur l’est.

Georges LINI.

Distribution

Muriel BERSY ; Didier COLFS ; Itsik ELBAZ ; Stéphane FENOCCHI ; Ingrid HEIDERSCHEIDT ; Louise JACOB ; Thierry JANSSEN ; Nicolas OSSOWSKI ; Jean-François ROSSION ; Luc VAN GRUNDERBEECK ; Félix VANNOORENBERGHE ; Anouchka VINGTIER

Georges LINI (Mise en scène) ; Nargis BENAMOR (Assistanat) ;
Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN (Scénographie et costumes) ; Sébastien FERNANDEZ (Vidéo et son) ; Jérôme DEJEAN (Lumières) ; Daphné D’HEUR (Direction musicale)
Une coproduction du Théâtre Royal du Parc, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar et de la Compagnie Belle de Nuit.
Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge.

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1 Message

  • MacBeth

    Le 26 janvier 2019 à 09:21 par juliette

    mise en scène qui à mon avis ne donne pas assez de place au texte de l’auteur - par ailleurs le jeu des acteurs est très juste mais je trouvais que le noirceur des personnages était un ^peu édulcorée...mon opinion donc sur ce spectacle est mitigée .

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Mercredi 30 janvier 2019, par Dominique-hélène Lemaire

Genre : chef d’oeuvre

Epique...et sauvage

Trop de morts sur la scène…et parfois à la sortie des théâtres ! On l’appelle la « pièce écossaise » pour ne pas évoquer son vrai nom, frappé dit-on, de maléfice. La légende raconte que Shakespeare voulait utiliser des incantations de magie noire réelles, pour plaire au roi James qui avait écrit un livre « Daemonolgy » en 1597, traitant de sorcellerie et mettant en garde contre son utilisation. Notre époque n’en est plus à avoir peur des sorcières, mais la peinture qu’en fait Georges Lini est effarante. Tout commence par leur rire féroce et inextinguible, celui d’Ingrid Heiderscheidt, de Louise Jacob et de Muriel Bersy, d’inoubliables créatures qui arrachent leur masque à la fin du jeu.

Drame épique sauvage, trop sauvage pour des écoliers, ce « Macbeth » saisissant, intense, magnifiquement mis en scène, offre des performances théâtrales puissantes, d’un style presque cinématographique. Mais le spectateur repart avec en main la sagesse shakespearienne percutante qui défie le temps et plonge ses racines dans une bouleversante humanité. De là peut être cet humus qui recouvre tout le plateau du théâtre du Parc et qui sert d’arène au déchaînement, aux folies des hommes et des femmes. Cet humus d’où naît chaque génération humaine pour y retourner et y faire le lit des suivantes. Puisse l’humus proposé par Georges Lini, faire germer en nous plus de paix et plus de raison. La raison de la présence cette chanson, qui germe tout au bout du cataclysme, à peine murmurée par une Anouchka Vingtier, sidérée par l’ampleur du désastre, juste avant que le rideau ne retombe sur les protagonistes comme un sombre couperet final …

♪ Oh My Love ♪

Oh my love

Look and see

The Sun rising from the river

Nature’s miracle once more

Will light the world…

La violence, hélas, comme l’humus, ne cesse de se recycler à l’infini. Le ciel a beau envoyer le déluge pour laver le sang, ou souligner l’ignominie, l’hubris des hommes est incommensurable et la soif de pouvoir est telle qu’elle emprunte sans trop de scrupules, les voies du meurtre, de la trahison, de la barbarie viscérale érigée en art de vivre ou celui de mourir …à la guerre. Les parallèles avec notre actualité ne manquent pas. « Pourquoi nous taisons-nous, quand cette affaire est la nôtre ? »

De plain-pied au cœur de la folie.

Si Georges Lini a choisi la continuité de costumes simples et médiévaux, il installe l’action dans un cadre aux contours contemporains, tel les coulisses d’un théâtre ou d’un studio de cinéma, dont le centre est occupé par une capsule hermétique dans laquelle trônent trois sœurs infirmières, qui ne sont pas sans rappeler Nurse Ratched, le cauchemar de Jack Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». Nous sommes de plain-pied au cœur de la folie. Une boîte de Pandore dont elles peuvent sortir à leur guise pour répandre la mort et le poison. Les trois sœurs qui font le Destin dans leur habitacle trompeur, tissent inéluctablement le fil sanglant de la malédiction qui pèse sur Macbeth. Et prononcent des phrases sibyllines, comme à la radio anglaise, en temps de guerre.

Est-ce l’effet de la liberté créatrice ? Du génie dramatique de l’auteur ? Du talent confirmé des artistes ? Les artistes développent tous et sans frein, la richesse de leurs passions. Ils capturent la moindre émotion de la phrase ciselée, débarrassée de ses aspects vieillots. Ils sont filmés parfois, par un cinéaste, discrètement à l’affût. Se repaît-il de la violence ou est-il simple témoin ? Des close-ups se projettent sur un écran géant. Plusieurs scènes symboliques et sans paroles donnent l’illusion d’un répit ou plongent dans l’horreur. Mais tous, tirent tellement bien profit de leur texte, que le spectateur se sent pleinement engagé. Non seulement par le bouillonnement affolant du texte adapté par Georges Lini, mais par toutes les expressions des visages et le langage corporel constamment aiguisé.

Tous en scène, tous témoins, en silence ou en paroles. Le casting rutilant navigue sur des déferlantes de mouvement et d’énergie créatrice. Dans l’allégresse de victoires guerrières, Ross (Nicolas Ossowski) annonce à Macbeth que le roi l’a nommé baron de Cawdor. C’est Luc Van Grunderbeeck qui campe l’élégant roi Duncan. Banquo, c’est Stéphane Fenocchi que Macbeth voit comme une menace et fait assassiner. Mais les morts ne cessent de réapparaître. C’est Lennox (Jean-François Rossion) qui annonce que dans la tourmente, Macduff a fui en Angleterre. Il est joué avec brio par le pétillant Didier Colfs. Macbeth a ordonné de saisir ses biens et fait assassiner sa femme et son fils. Une de ces scènes graphiques dont Georges Lini a le secret et qui reste inoubliable. Macduff jure de se venger, rallie l’armée levée par Malcolm (Felix Vannoorenberghe) pour marcher contre Macbeth. Il est celui qui n’est pas « né d’une femme » d’après la prophétie. Thierry Janssen, toujours aussi brillant dans sa présence théâtrale,colle au rôle de Seyton, dernier lieutenant fidèle de Macbeth. Daphné d’Heur, (qui d’autre qu’elle ?) est à la direction musicale, Jérôme Dejean à la création des lumières. Les dictions sont impeccables.

Frêle et sous des dehors d’innocence, Anouchka Vingtier aux côtés d’Itsik Elbaz incarne l’hypocrisie brutale et le désir brûlant de Lady Macbeth de se voir reine. Ses intentions sont transparentes. Sa force de persuasion et sa tactique sont spontanées et imparables. Elle s’emploie à convertir au « Mal » Macbeth, un guerrier loyal et courageux, ne lui laissant aucune échappatoire, pour assouvir sa dévorante ambition. Lady Macbeth appelle même sur elle la Violence personnifiée pour qu’elle neutralise « son état de femme ! »

Lady Macbeth connaît sa proie, mieux que lui-même ne se connaît et manie le sarcasme avec un art consommé, s’offrant charnellement en récompense. Il est cuit. Il est bon pour ouvrir les vannes de la sauvagerie et celles de l’acte prémédité. Itsik Elbaz et Anouchka Vingtier, qui nous avaient bouleversés dans « Hamlet », redoublent ici d’intensité dramatique. Lors du festin dantesque, Macbeth divague à la vue de Banco « Que me fixes-tu, camarade ? » Itsik Elbaz possède à fond l’art du monologue. Il excelle dans les rôles d’illuminés ou d’halluciné. Il est tiraillé entre les sentiments de devoir et de culpabilité, il oscille entre raison et déraison, il est lucide et « ensauvagé » comme les chevaux du roi Duncan lâchement assassiné. Et profondément humain. « Ma mort ne rendra pas votre monde meilleur !

Dominique-Hélène Lemaire

Théâtre Royal du Parc