Vendredi 24 avril 2015, par F.V.

Ma mère, cette héroïne

Après L’homme du Câble et Toutes nos mères sont dépressives, Gazon, Nève et Cie clôturent leur trilogie maternelle en axant cette fois le propos sur le rapport entre une mère et sa fille. Un délicat moment de théâtre comme on les aime.

Il faut d’abord traverser la salle vide du Théâtre de la Vie et monter un escalier en colimaçon ; on parvient dans un petit salon aux grandes vitres opaques. Il n’y aura ensuite plus qu’à se laisser porter par le récit d’une femme qui nous prend à témoin. Elle a clairement besoin de nous et ça donne envie de savoir pourquoi.

Elle est la fille et sa mère, perturbée et triste, lumineuse aussi ; elle est celle qu’une petite fille appelle maman et qui la laisse appeler. Elle semble bien décidée à s’en sortir mais il faudra encore attendre avant de savoir comment. Son compagnon, le père de sa fille, nage pour deux et nous aide à respirer. Il devient loufoque et poétique lorsque tout semble gris.

Si l’empathie ne vous fait pas peur, si vous aimez passer de la stupeur au rire, vous redescendrez l’escalier en colimaçon sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller la petite fille qui vient enfin de retrouver sa mère.

Vague et sans remous

Dernier volet de la trilogie de Thibaut Nève sur les relations parentales compliquées. Cet homme multi-talents avait bien commencé avec L’homme du câble dans lequel il était arrivé à transcender la banalité. Avec Terrain vague par contre, on a l’impression de se perdre dans une histoire sans beaucoup d’intérêt où on se sent presque voyeur forcé.

Le tableau n’est quand même pas tout à fait raté. Surtout parce que Céline Peret relève le niveau avec une prestation étonnante de sincérité. Et aussi Quentin Marteau, dans son interprétation libre et très enfantine – presque burlesque - de Blanche Neige.

Pour le reste, on se demande un peu ce qui se passe devant nos yeux. Ca ressemble beaucoup à une tranche de vie familiale relativement plate qui s’étale sèchement, sans effet d’accroche. Ce ne sont rien d’autre que les rapports difficiles d’une fille avec sa mère et par conséquent avec sa propre fille.

Le pathétique social ressort par contre assez fort de cette pièce. Et il est aussi soutenu par une dramaturgie scénique un peu excessive à laquelle on ne doit rien reprocher, faute de quoi on n’aurait rien à se mettre sous la dent.

Peut-être un travail de réécriture s’impose-t-il ? Pour offrir davantage de contenu et d’énergie à une scénographie et un jeu pourtant eux très aboutis.