Lisbeths

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 6 septembre au 29 octobre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Le Public
rue Braemt, 64-70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Lisbeths

De Fabrice Melquiot
Thriller amoureux

Création - Petite salle
Représentations du mardi au samedi à 20h30

À plus de quarante ans, Pietr se contente de brèves aventures : représentant de commerce, ce n’est pas un métier pour être en couple, on n’est jamais là. Lisbeth fait irruption alors qu’il n’attendait plus rien. Ils se plaisent et décident rapidement de faire un enfant, dans un hôtel, face à l’océan. Elle patiente sur le quai de la gare. Quand il descend du train, il voit cette femme qui vient vers lui, tout sourire, toute lumière. Ce n’est plus Lisbeth, c’est une autre Lisbeth, c’est une inconnue. Mais il reste pourtant l’envie d’atteindre cet amour absolu …

Après Namur, Louvain-la-Neuve et Avignon, cette pépite théâtrale attachante arrive enfin pour brûler les planches du Public. Découvrez le théâtre puissant et poétique de l’un des auteurs contemporains les plus joués. « Lisbeths » est un univers fantastique de tendresse, d’humour et de sensibilité … Tout est irruption dans la vie : il faut s’attendre à l’inattendu !

UNE COPRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC, DE LA COMPAGNIE BELLE DE NUIT ET DE LA CHARGE DU RHINOCÉROS. Photo © Saskia Vanderstichele

Distribution

Mise en scène : Georges Lini
Avec : Isabelle Defossé et Georges Lini / Assistanat à la mise en scène : Nargis Benamor / Regard extérieur : Michel Kacenelenbogen / Scénographie : Thibaut De Coster et Charly Kleinermann / Création lumière & Régie : Nicolas Marty / Création sonore : Sébastien Fernandez / Régie Louis-Philippe Duquesne / Stagiaire régie Sam Seraille

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2 Messages

  • Lisbeths

    Le 19 octobre 2016 à 14:23 par Dominska

    Le descriptif de la pièce est plutôt dithyrambique et je m’attendais donc à être époustouflé et surpris. Mes attentes ont été déçues, mais je ne l’ai pas été pour autant.

    Lisbeths commence tout en douceur, assez mystérieusement, tel un poème. On découvre le couple Lisbeths et Pietr dont la relation est méticuleusement décortiquée pendant 70 minutes. Le jeu des comédiens est rapide et soutenu. Ils enchaînent leurs dialogues, leurs pensées, leurs émotions, leurs interrogations. C’est délicieux, si intime et si réaliste aussi d’entendre s’alterner des propos badins, quotidiens avec des pensées existentielles ou érotiques : - "Aimes-tu le chocolat ?". Je me demande si elle embrasse toujours de la même façon (ceci illustre et n’est pas une citation). La relation intense entre Lisbeths et Pietr montera en puissance jusqu’au final qui réservera une surprise à ceux qui ne l’auront pas anticipée.

    Malgré cela... je ne suis entré en communion avec les comédiens. Peut-être est-ce précisément la nécessaire concentration pour arriver à suivre le jeu rapide et décousu qui m’en a empêché, alors que c’est une des qualités du spectacle ? Ou peut-être est-ce la sublime banalité du fil conducteur, l’histoire d’un couple ? Ou est-ce la mise en scène qui m’a dérouté ? Je ne sais pas. La scène finale, que j’avais quelque peu anticipé, a étrangement interféré avec l’actualité. Cela m’a gâché un peu la pièce : j’ai eu du gâteau, mais j’ai été privé de cerise.

    Lisbeths est une pièce moderne et vivante, intelligente et subtile. On peut aller la voir sans hésiter. Les comédiens sont exceptionnels. Ils maîtrisent leur jeu et leur art. Bravo et merci !

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Lundi 12 septembre 2016, par Jean Campion

Un Amour absolu : inaccessible étoile ?

Pour Fabrice Melquiot, "Ecrire pour le théâtre, c’est aller au-delà du réel, l’interroger, le provoquer, en passant par des chemins artisanaux, techniques, organiques, essentiellement humains." Dans "Lisbeths", il nous rend témoins d’un coup de foudre. Pas pour nous embarquer dans une histoire à l’eau de rose, mais pour nous intriguer. Pourquoi les héros voient-ils s’éteindre une passion radieuse ? Pourquoi Pietr ne reconnaît-il plus la femme qu’il aime ? "Elle m’embrasse. Je ne reconnais pas sa bouche, mais je reconnais ses baisers. " Pourquoi existe-t-il deux Lisbeths ?

A 40 ans, Pietr n’a connu que quelques brèves aventures sentimentales. Obligé de sillonner la France pour placer des encyclopédies, il n’envisage pas de former un couple stable. Pourtant, dès qu’il croise le regard de Lisbeth, il sent sa vie basculer. Elle le fascine, le rend gauche, fébrile. Entre deux rires, elle lui confie avoir repris sa liberté : son patron étant son mari, elle a fait d’une pierre deux coups. Le lendemain, comme par hasard, ils se retrouvent à la terrasse de cette brasserie de Tours, puis... dans une chambre d’hôtel. Il est sûr de lui. Elle, plus hésitante, ne voudrait pas être la fille d’un soir.

Quelques mois plus tard, les amants, unis par leur complicité sexuelle et intellectuelle, forment un couple qui se donne de l’avenir. S’ils se rejoignent à La Rochelle, c’est pour faire un enfant devant l’océan. Lisbeth trouve auprès de Pietr assurance et réconfort. Mais, vivant à l’ombre d’un passé douloureux, elle laisse percer ses fêlures et nous surprend par des comportements ambivalents à l’égard de son fils muet ou de son job. L’auteur jalonne cette histoire d’amour de faits insolites et inquiétants. Devant un couple de manchots, Pietr s’imagine sans mains et terriblement frustré de ne plus pouvoir promener ses doigts sur le corps de Lisbeth. Celle-ci le rend parfois perplexe. Pourquoi s’acharne-t-elle à soigner un corbeau blessé ou lui offre-t-elle des craies blanches ? Malheureusement, ces signes mystérieux, les amoureux ne les déchiffrent pas.

Pietr nous plonge d’emblée dans son drame. Mais les premières séquences du flash-back l’escamotent. La mise en scène allègre et ludique de Georges Lini nous fait partager la joie de vivre de ces amants subjugués. Leurs ébats sexuels, joués avec humour et délicatesse, soulignent leur connivence. Des nuages viennent se mêler à ces bulles de bonheur. Les frustrations, les énervements, les peurs, les non-dits rendent les personnages plus insaisissables. On ressent leur hésitation à s’abandonner totalement l’un à l’autre, mais on ne s’attend pas à la catastrophe.

Spontanée, sans chichis, Isabelle Defossé incarne une Lisbeth attachante, qu séduit par ses rires, sa vitalité et sa capacité à rebondir. Certaines plaies ne sont pas cicatrisées, mais sa rupture avec son mari, toute récente, ne l’empêche pas de faire confiance à un inconnu. Même si elle se montre fantasque, parfois agaçante, elle croit à ce qu’elle lui chante avec ironie : il est "l’homme de sa vie". Georges Lini oppose les deux visages de Pietr. Un homme exalté par l’irruption de Lisbeth. Il bafouille éloquemment : "J’ai l’air d’un type, je sais, enfin vous voyez, je n’ai rien de très... mais c’est moi, c’est vraiment moi." Et un homme drôle, cultivé, sincèrement amoureux, qui se cogne brutalement à une évidence inacceptable. Il revoit en boucle cette autre Lisbeth qui se jette dans ses bras. Et, pour tenter d’exorciser une vérité atroce, il fait appel à la violence.

Devant cet échec, on partage le désarroi de Pietr. Cependant, si dans cette pièce ambiguë et déroutante, Fabrice Melquiot démystifie une love story, il n’étouffe pas le désir d’un amour absolu.

Jean Campion

Théâtre Le Public