Jeudi 16 novembre 2017, par Yuri Didion

Les lumières dans la nuit

Dans une histoire entre le réel et le fictif, cinq protagonistes se lancent dans une lutte contre la technologie. Dans un décor sobre mais rappelant plusieurs endroit bien animés (table de café, salle à manger), les comédiens donnent de leurs voix afin de faire bouger, métaphoriquement, le public. Deux détails attirent tout de même l’œil du spectateur : un ordinateur portable, webcam allumée afin de diffuser en direct certaines prises de paroles des personnages et une maquette représentant un petit coin de campagne. Mais au fur et à mesure que les activistes déroulent leur histoire, une autoroute fait son chemin à travers la campagne, autrefois vierge de tout béton. Entre discours classiques et scènes comiques, de quoi réfléchir à nouveau sur nos possessions matérielles de plus en plus nombreuses et dont nous dépendons toujours plus, quitte à détruire la nature pour que tout nous soit plus aisé.

A l’origine de ce spectacle, le collectif DARPA, dont le nom détourne l’acronyme d’une agence gouvernementale américaine (Defense Advanced Research Projects Agency), qui rassemble des artistes engagés, réunis au départ pour un projet de fin d’étude et qui ont souhaités poursuivre la lutte. Cette première création fait la part belle à côté activiste, en mélangeant des images projetées des artistes en action - mises en scène ? -, à des journaux télévisés présentant les événements auxquels il est fait référence - détournement ? - aux séquences jouées live à tel point qu’il devient difficile de discerner quelle est la part de réalité.

Ils racontent ainsi le combat d’un groupe d’activiste qui décide de se mobiliser contre un projet de construction d’autoroute qui va raser un village. Et plus la lutte avance, plus les personnages évoluent dans des directions différentes. Aux pressions externes s’ajoute une pression interne : la différence. Des dissensions apparaissent, certains quittent le groupe, d’autres y reviennent, les implications changent ainsi que les modes de combats : tracts, grève, sitting, jusqu’aux barricades composées de leurs meubles ou à un incendie volontaire qui sera fatal au gardien du chantier.

Un spectacle volontaire, réflexif et immersif qui entraîne dans une réflexion essentielle aujourd’hui : où nous mène la technologie ?