Les Villes Tentaculaires

Théâtre | L’Ancre

Dates
Du 1er au 5 février 2014
Horaires
Tableau des horaires

Contact
http://www.ancre.be
info@ancre.be
+32 71 31 40 79

Moyenne des spectateurs

star-offstar-offstar-offstar-offstar-off

Nombre de votes: 0

Les Villes Tentaculaires

Visionnaire, Emile Verhaeren signait en 1895 un recueil de poèmes qui disait toute l’horreur et la beauté de la ville – cette hydre tentaculaire qui mange la campagne mais nourrit aussi son homme. Fulgurant, émouvant, critique, ce regard sur notre urbanité n’a pas pris une ride. 


Séduit par cette puissance de feu, Nicolas Mispelaere a imaginé un spectacle résolument contemporain. Sur un plateau sans cesse métamorphosé par des projections vidéo signées Dirty Monitor, la musique électronique de Ludovic Romain rencontre la douceur d’un quatuor à cordes, le tout formant l’écrin du récitant, juché sur une ville miniature et protéiforme. 


La poésie n’a pas bonne presse ? La collaboration artistique de Jean-Michel Van den Eeyden coupe court à ces préjugés en s’approchant tant d’un concert que d’une représentation théâtrale. « La poésie, ça se mange », disait Nougé. Ici, elle se clame en musique et se révèle
en images…
Conception & Interprétation Nicolas Mispelaere | Collaboration artistique Jean- Michel Van den Eeyden | Quatuor Jean-François Durdu (Alto), Margaret Hermant (Violon), Benoit Leseure (Violon), Marine Horbaczewski (Violoncelle) | Musique electro Ludovic Romain | Lumières et mapping vidéo Dirty Monitor Production L’ANCRE (Charleroi).
Du 1er au 5 février - 20h30 (mercredi 19h) - A L’Ancre Adulte : 14€ / Jeune : 10€ Photo : ©Leslie Artamonow
Moment rencontre après la réprésentation le lundi 3 février.

Laissez nous un avis !

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Lundi 3 février 2014, par Emmanuelle Conte

La poésie à travers villes

Pour ouvrir en grandes pompes la quatrième édition du festival KICKS !, l’Ancre met ses planches à disposition d’une formation peu commune : un très bon acteur déclamant la poésie belge d’Emile Verhaeren, un quatuor à cordes, de la musique électronique et du mapping vidéo. Une initiative originale et intelligente pour décloisonner les arts... au moins pour les amateurs du genre.

En 1895, Emile Verhaeren signait un recueil de poèmes, « Les Villes tentaculaires », dans lequel il y exposait toute l’horreur et la beauté de la ville. Ce regard critique sur l’urbanisme grandissant de l’époque est aujourd’hui transposé de manière originale dans un spectacle contemporain, à la croisée du concert et de la représentation théâtrale.

A l’initiative du projet, Nicolas Mispelaere et son envie de faire connaître à la jeunesse les poèmes de Verhaeren (auteur malheureusement très peu étudié dans les écoles secondaires). Son ambition : montrer l’actualité du propos et la beauté des mots par une mise en scène contemporaine (signée Jean-Michel Van den Eeyden) mêlant différentes formes artistiques.

Sur les planches, quelques formes claires et obscures à la fois, mises en lumière et métamorphosées par du mapping vidéo, un art complexe qui consiste à projeter des animations visuelles en relief sur des structures 3D. Ces images, toujours en accord avec le thème de la ville, font résonner les mots du poète de manière visuelle, comme un envoûtement, une hypnose. Il est difficile de détacher le regard de ces formes qui fondent, brûlent et se reforment, se redressent comme autant de gratte-ciels.

Il est difficile également de se concentrer sur les mots déclamés par un Nicolas Mispelaere habité par son texte. Épatant, émouvant parfois, s’abandonnant corps et âme à des mots forts de sens et de sentiments, Mispelaere ne parvient pas toujours à emmener le public avec lui. La poésie demande souvent quelques efforts de concentration à celui qui l’écoute, pour en comprendre toutes les subtilités et en apprécier d’autant plus la beauté. Et bien que l’initiative soit originale et enrichissante, le mélange de tous ces arts est parfois brouillon.

Le son n’est qu’une distraction de plus : la musique électronique rencontre la douceur d’un quatuor à cordes. Le mélange est brillant, subtil, intéressant mais également suffoquant, étrange et parfois même assourdissant, au détriment de ces mots criés avec force par Mispelaere, que le public peine pourtant à entendre.

L’ensemble n’est pas mauvais, loin de là. L’initiative est appréciable, et fera même certainement mouche auprès des amateurs du genre. Le spectacle, joué à l’Ancre jusqu’au 5 février, affiche d’ailleurs complet. Il y sera reprogrammé en juin. En attendant, le festival KICKS ! continue jusqu’au mois de mars, et le public pourra sans doute trouver son bonheur parmi les nombreuses activités proposées à Charleroi, telles des tentacules prenant possession de la ville.

Emmanuelle Conte

L’Ancre