Les Présidentes

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 13 mai au 25 juin 2016
Horaires
Tableau des horaires
Le Public
rue Braemt, 64-70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Les Présidentes

Erna, championne de l’épargne, est obsédée par son charcutier polonais. Grete, reine de la séduction, se retrouve seule avec ses rêves de nymphomane. L’innocente Marie se fait fort de déboucher manuellement des toilettes, en public et sans gants. C’est l’histoire de ces trois petites bonnes femmes bourrées de frustration qui énoncent et dénoncent tout ce qui leur passe par la tête. Elles rivalisent de propositions extravagantes pour faire bouger la marche du monde. Avec intensité, elles s’enivrent de leurs propres chimères, elles s’affrontent avec une énergie inouïe sans jamais renoncer à leur increvable désir. Mais le rêve doit finir…

La pièce la plus jouée de Werner Schwab maintenant interprétée au Public dans un assaut de virtuosité par Laurence Vielle, Magali Pinglaut et Patricia Ide. Un spectacle virulent, accrochant, perturbant, absurde mais drôle aussi, dans son étrangeté déconcertante !

Traducteurs Mike Sens et Michaël Bugdahn

UNE CRÉATION ET COPRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC ET DU THÉÂTRE DE L’INCENDIE.

Distribution

De Werner Schwab. Mise en scène : Laurent Frechuret. Avec Patricia Ide, Laurence Vielle, Magali Pinglaut

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3 Messages

  • Les Présidentes

    Le 10 juin 2016 à 10:38 par juliette

    pièce décapante et iconoclaste...les frustrations de 3 "bonnes femmes" très ordinaires sont jetées à la face des spectateurs en vrac et avec une violence extrême. J’ai une fois de plus été subjuguée par le talent des 3 interprètes et la mise en scène m’ a semblé en parfaite adéquation avec les propos de la pièce. Bien sûr, la pièce est dure mais pas vulgaire et la in surréaliste m’a quelque peu étonnée - à voir si on aime être secoué au théâtre...

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  • Les Présidentes

    Le 11 juin 2016 à 16:38 par socrate

    moi j’ai vu cette pièce ce 10/6 au soir accompagnée de mon mari et avons été très déçus. J’ai cherché le rapport entre le titre Les Présidentes et le déroulement de la pièce ... Celle-ci était d’un vocabulaire cru, vulgaire et je ne cache pas que si j’avais été grossière je serais sortie mais politesse oblige ... je suis pourtant très évoluée, dans mon époque et très ouverte à tout mais là !! Entendre toute une soirée parler de merde, caca, doigt dans le cul (excusez) j’aurais préféré rester à la casa. D’ailleurs en quittant la salle, j’ai heureusement pu discuter avec deux femmes qui se demandaient également ce qu’elles faisaient là !! Enfin, il en faut pour tous les goûts.

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  • Les Présidentes

    Le 18 juin 2016 à 23:15 par Roxane

    Grande déception... nous avons été voir la pièce ce samedi 18/06 et nous nous sommes demandés où nous étions tombés et s’il y avait une caméra cachée... non seulement ça parlait sans cesse de merde et d’aller touiller dedans mais en plus on n’y voyait ni queue ni tête ... Ajouter à cela une fin avec un pseudo Elvis qui chante que Dieu est un autobus... On reste sur dans l’incompréhension totale. Le gars qui a écrit cette pièce a dû le faire sur son WC sans aucun doute ...

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Mercredi 25 mai 2016, par Jean Campion

Face à des existences vides

Après des études à l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne, Werner Schwab, ne supportant plus le milieu artistique, se retire dans une petite ferme. Les travaux des champs lui laissent le temps de créer des sculptures, à partir de matériaux organiques, périssables : têtes de vache, mégots, peaux d’intestin, etc. Un jour, il se met à écrire. Désormais, c’est la langue qu’il va sculpter, pour donner vie à des personnages, que l’on n’a pas l’habitude de voir sur une scène de théâtre. "Les Présidentes" est un "drame fécal" qui baigne dans la bigoterie et la scatologie. Cependant cette langue brute, dévastatrice, choquante ne doit pas entraîner la pièce vers la facilité ou le grotesque. Pour Laurent Fréchuret, le metteur en scène, "l’auteur nous propose un vaccin contre les langues de bois, les certitudes, les fanatismes, les fascismes de tous poils."

Erna regarde la retransmission d’une messe célébrée par Jean-Paul II. Le poste de télé (d’occasion !) est le seul luxe, que cette veuve d’une pingrerie maladive s’est offert. Elle porte une toque en fourrure, récupérée dans une poubelle et remplace les filtres à café par du papier cul. L’avenir de son fils Hermann l’obsède. Cet ivrogne refuse d’avoir des rapports avec les femmes. Les cadres destinés aux photos des petits-enfants restent désespérément vides. Dans son petit intérieur, elle vivote, à l’abri des mauvaises personnes qui souillent le monde. Grete mord dans la vie avec plus d’appétit. Grâce à son sex-appeal, elle compte ajouter quelques soupirants à son tableau de chasse. Mais son exubérance joyeuse masque mal sa solitude. Hannelore, sa fille, qu’elle n’a pas protégée contre un père incestueux, a émigré en Australie. Avant son départ, elle s’est fait "vider comme une poule, les ovaires et tout le reste." Depuis neuf ans, Grete n’a reçu qu’une banale carte postale. Sa seule amie : Lydia, son teckel. Marie vit dans sa bulle. Elle se sent investie d’une mission : déboucher les chiottes du curé et de la bourgeoisie locale. Les gens distingués lui conseillent d’utiliser des gants en caoutchouc, mais la petite Marie préfère travailler à mains nues, car "si Dieu s’est fait le monde entier, il a également fait le purin humain." Claquemurées dans leurs existences étriquées, médiocres, ces trois femmes parlent. Sans s’écouter. Ce sont des "Présidentes" "qui croient tout savoir et veulent décider de tout."

Chacune a sa vérité. Erna et Grete s’injurient, en viennent aux mains. L’innocente Marie les apaise. Libérant leur imagination, elles font vivre leurs fantasmes. Grete séduit Freddy et voit déjà ce riche fermier lui passer la bague au doigt. Touchée par les timides audaces de Wojtyla, Erna est prête à exploiter la charcuterie avec ce brave Polonais. Et Marie se surpasse en débouchant trois toilettes. Cerise sur le gâteau : au fond de chaque cuvette, elle trouve un cadeau. Mais le rêve éveillé tourne au cauchemar...

La mise en scène très précise de Laurent Fréchuret orchestre efficacement la transformation de trois petites bourgeoises frustrées en un trio de femmes exaltées par leurs désirs. Erna se lamente constamment sur son sort. En l’incarnant, Patricia Ide ne nous pousse pas à la plaindre. Prisonnière de ses certitudes, cette femme aigrie, avare est incapable d’aimer. Son idéal : devenir une femme d’affaires. Magali Pinglaut fait sentir la vulnérabilité de Grete. Elle chante, plaisante, crâne. Pour donner le change. Le mari qu’elle convoite pourrait l’épanouir. Habitée par la pureté de Marie, Laurence Vielle compose un personnage énigmatique, jamais ridicule. Ses "exploits" la transcendent et lui font espérer la sanctification.

Tournant le dos au théâtre conventionnel, "une cochonnerie ennuyeuse", Werner Schwab trempe sa plume dans le vitriol, opposant à la violence du monde la cruauté de ses mots. Les situations saugrenues, les provocations verbales suscitent des réactions fort différentes. Se faisant face, les spectateurs peuvent observer des visages fermés ou des rires complices. Prise au second degré, la pièce évoque le malaise laissé par le nazisme en Autriche, critique l’étroitesse d’esprit, le repli sur soi et dénonce les méfaits de la bigoterie, du cléricalisme et de la bien-pensance. Erna apprécie des films comme "Sissi", qui poussent les gens à devenir plus aimables et elle trouve que : "ce serait une bonne idée d’accrocher une simple croix en face de la cuvette ou une photographie de monsieur le Président. Ca rappellerait aux gens leur infériorité." Certaines séquences, comme la mise en abîme de l’épilogue, ouvrent la porte à plusieurs interprétations, tandis que d’autres sont alourdies par des répliques bavardes ou des effets redondants. Il n’empêche que "Les Présidentes" est une comédie originale, grinçante, jouée par trois actrices remarquables.

Jean Campion

Théâtre Le Public