Lundi 14 octobre 2019, par Marion Hermet

Les Envies Sauvages ou l’itinéraire fatal d’un couple moderne

Alice et Romain prennent le fou pari d’aller vivre durant un an dans une cabane au fin fond du monde, coupés de toute civilisation moderne. Une promesse qui ne tient finalement… pas.

Le synopsis est pourtant prometteur : un couple bruxellois décide de tout plaquer – boulot, entourage, vie quotidienne – pour aller vivre en Thaïlande, dans une cabane. Sans lien avec le monde extérieur, ni les réseaux sociaux.
Un tour de l’Asie en auto-stop –comme annoncé aux proches – transformé en un an dans un petit nid douillet. Conscients de leur amour et de cette opportunité, la relation entre Alice et Romain est pourtant remise en question maintes fois dans ces septante cinq minutes.

Elle – Sarah Dupré – est perfectionniste, adorable mais bien trop tranquille. Il – Thibaut Packeu – est très chiant, s’énerve vite, vraiment attaché à sa célébrité numérique grâce à sa chaîne YouTube.
Starification dont il compte bien profiter en filmant son aventure, accompagné de tutos pour être un bon survivant perdu au milieu de nulle part. Malheureusement, l’un de ses tutoriels va être perturbé par un promeneur en forêt... ce sera le début de la longue mais douloureuse chute pour les deux protagonistes, entre quelques instants de répit.

Nous nous retrouvons nez à nez avec une comédie de situation qui a son charme et sa durée idéale, mais qui possède également d’énormes défauts, et ce pour plusieurs raisons.
Le rythme de la pièce n’est pas forcément soutenu et quelques moments de flottement sont présents.
Les caractères des deux personnages sont souvent irritants, représentant bien une certaine idée du couple au quotidien, entre les moments de bonheur et les engueulades. Dans leur routine, Alice insiste fortement sur l’entretien de la cabane tandis que Romain est davantage concentré sur sa carrière de "youtubeur" nombriliste ou occupé à couper le bois. De manière désespérée, ils tentent de conserver les clichés de leur mode de vie urbain occidental en jouant chacun un rôle bien attribué... mais cela renforce le côté stéréotypé – et fortement cliché - de la pièce.
Bien que l’idée d’être coupé de la civilisation soit principalement représentée, des clins d’œil sont utilisés dans cette pièce pour rappeler que tôt ou tard, la bulle utopique finira par être éclatée. Des messages sur le répondeur venant des proches, des appels du banquier, les infos de journaux télévisés....leur monde les rattrape.

Les Envies Sauvages est un spectacle qui partait avec de belles attentes sur le papier, mais qui ne réussit pas à atteindre cependant ces objectifs. Et ce, malgré les bons points d’une comédie ayant pour morale principale : l’utopie est une idée parfois impossible à atteindre.

Les Envies Sauvages de Céline Scoyer, jusqu’au 25 octobre 2019 aux Riches Claires.