Mercredi 6 juin 2012, par Karolina Svobodova

Le trouble trouble...mais au mauvais endroit.

Après la question du (trans)genre explorée l’année passée, les 90 artistes, les critiques et le philosophe David Zerbib poseront la question des limites de performance elle-même pour cette nouvelle édition de Trouble aux Halles de Schaerbeek. Rien à dire : l’offre est alléchante et grâce à la réputation du festival, c’est les yeux fermés que nous y courons…pour nous prendre un bon poteau dans la figure. Trouble 2012, un rendez-vous manqué.


Le festival Trouble et les Halles de Schaerbeek occupent une place à part dans le monde culturel bruxellois : lieu de diffusion et de création de formes pluridisciplinaires, c’est un espace de découverte pour le spectateur qui y fait la rencontre d’artistes internationaux en même temps que de nouvelles manières de faire et de penser la pratique artistique.
Année après année, c’est avec impatience que j’attends cet événement, marqué en rouge des mois à l’avance dans mon agenda… Me demandant si j’aurai encore l’occasion d’être émue jusqu’aux larmes par les performances et la voix de Rosie Dennis, retournée comme un gant par la violence d’une Nora Chipaumire, intriguée, charmée par les travestissements de Steven Cohen, interpellée par toutes ces images, ces mots, ces musiques qui viennent brouiller ce qui pouvait sembler bien établi.
Malheureusement, c’est vide et fatiguée que je suis ressortie des Halles cette année. Les performances, longues et ennuyeuses pour la plupart, ne faisaient pas sens et ne tenaient pas les promesses annoncées par les textes de présentation. De la formule « petites propositions nombreuses » permettant à chacun de se faire son propre programme, d’enchaîner les spectacles ou de faire une pause autour d’un verre et de discuter dans l’espace accueillant du foyer, ce sont des spectacles nettement plus longs qui étaient présentés cette année. En troupeau, le public était traîné d’un spectacle à un autre, sans même avoir le temps de passer aux toilettes. Pas de temps pour la rencontre, pas de temps pour la discussion, l’espace du bar ne s’y prêtant d’ailleurs pas vraiment. Quelque chose de froid, de mou, d’institutionnalisé a pris la place de mon festival préféré. Où est donc passé le « Trouble » dynamique, ludique, provoquant et vivant auquel les Halles nous ont habitués ? Où ont disparu toutes ces formes qui venaient nous troubler et nous faire réfléchir ? La question « Où est le problème » s’avère moins porter sur les sujets explorés (ou plutôt, abordés…) à travers les performances que sur la programmation et l’organisation de ce festival…
Dommage.

Karolina Svobodova