Le Site

Schaerbeek | Théâtre | Atelier 210

Dates
Du 22 février au 2 mars 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Océan Nord
Rue Vandeweyer, 63/65 1030 Schaerbeek
Contact
http://www.atelier210.be
info@atelier210.be
+32 2 732 25 98

Moyenne des spectateurs

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Le Site

Le Site est un spectacle visuel dont les contours resteront constamment mouvants : au fil de sa création, il a été, tour à tour et simultanément, un lieu, un prétexte, un sujet et un objet de rencontre, dont la finalité, au-delà de ce moment de partage que l’on vous propose à présent, n’a jamais été fixée définitivement. Nous vous invitons donc simplement à vivre avec nous cette expérience artistique, qui, pour l’heure, se construit autour des questions suivantes :

L’espace scénographique est-il voué à être un contenant, verre vide en attente du discours qui le rendrait utile ?

À moins qu’il ne puisse danser, inclure ou exclure, devenir matière réflexive.. Et qu’il rejoue encore, ce vieil espace, les mêmes rapports sociaux qui déjà façonnaient nos
cours de récréation. Une pandémie a affirmé la division entre espace public et espace privé. L’intérieur est immunité, l’extérieur communauté. Et en surplomb, la surveillance est déguisée en veille.

Et puis il y a la fiction... Nous voilà bien avancés !

Le Site commence à être cette sorte de labyrinthe existentiel, lieu gigogne abyssal où les représentations ouvrent sur les représentations, où le représenté n’est jamais ce qui paraît, mais ce qui apparaît..

Un spectacle de Little Big Horn asbl, en coproduction avec l’Atelier 210, la Coop asbl et Shetler Prod. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, du Théâtre Océan-Nord, de la Chaufferie-Acte 1 (bourse recherche et développement), de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge.

Little Big Horn bénéficie du soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour son développement depuis 2018 et jusqu’en 2023 (projets pluriannuels)

Distribution

Conception, scénographie et mise en scène : Nicolas Mouzet Tagawa – Avec : Aminata Abdoulaye Hama, Julien Geffroy, Jean-Baptiste Polge & Claire Rappin - Collaboration espace : Justine Taillard – Éclairages : Octavie Pieron - Création sonore : Noam Rzewski – Costumes : Zouzou Leyens - Construction décor : Nicolas Mouzet Tagawa, Matthieu Ferry et Caspar Langhoff – Production : Leïla Di Gregorio

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Samedi 26 février 2022, par Didier Béclard

Le dehors c’est le dehors, le dedans c’est le dedans

Au Théâtre Océan Nord, Nicolas Mouzet-Tagawa propose une promenade autour d’un espace clos qui commence comme personnage et finit comme décor. « Le Site » évoque les murs, les frontières, les exclusions, l’errance, mais sans vraiment creuser le sujet.

Au commencement, il n’y avait rien. Même pas de lumière, ou juste un petit peu. Peut-être aussi quelques panneaux de bois mal blanches, appuyés contre le mur du fond de scène. Une voix naïve s’élève pour égrener une comptine enfantine qui parle de regarder le monde qu’il est impossible de voir comme un tout, dans son entièreté.
Subrepticement, un des panneaux du fond a la bougeotte et se déplace vers la gauche. Un autre se met également en branle dans un bruit de ferraille. Un troisième se décide à son tour et va rejoindre le deuxième. Enhardi, le premier panneau ambitionne de s’unir à la paire qui vient de se créer mais il est rejeté. Il tente alors de s’accoquiner avec un quatrième tout juste sorti de sa torpeur mais il essuie un autre râteau.
Commence alors un ballet des panneaux de bois dans un tintamarre fait de souffles de vent, de bruit de fers qui s’entrechoquent, de grincements, de limailles qui s’étalent. Les planches oublient totalement les hésitations qui marquaient leurs premiers pas pour imprimer une dynamique déterminée et étourdissante à tous leurs déplacements. Elles terminent cette ronde folle et chahutée en s’immobilisant, côte à côte, face au public, pour former un mur qui semble insurmontable.
Jusqu’ici, aucune trace d’acteur ou de comédienne sur la scène, le seul personnage qui occupe et dessine le plateau, c’est l’espace lui-même et les éléments qui le composent. Pour l’auteur et metteur en scène Nicolas Mouzet-Tagawa, « Le Site », en tant que lieu est « le contenant autant que le contenu. Il est le personnage central du spectacle ».
Quatre formes vaguement humaines, des amas de vêtements portant des sacs, arrivent en grappe et longent la palissade et disparaissent dans la pénombre. Elles réapparaissent d’où elles étaient arrivées, manifestement elles font le tour de ce qui ressemble, de plus en plus, à une forteresse. Elles gravitent péniblement autour du bunker, l’un se détachant parfois du groupe avant de le réintégrer, l’autre faisant une pause attendu par un acolyte, avant de reformer un groupe compact.
Ils reprennent le chemin mais l’ensemble se disloque, ils avancent seuls, l’un se couche au sol, une autre revient sur ses pas, l’autre coure le long de la parois. Puis ils recommencent lentement à tourner le long des panneaux qui prennent des couleurs. Un des panneaux est écarté de l’intérieur, les intrus s’approchent mais la parois se referme. Fâchés, ils tambourinent sur les planches qui s’agitent. L’un d’entre eux la frappe de la tête jusqu’à y faire un trou par lequel il s’engouffre.
Les panneaux se referment sur son passage, s’alignent, s’avancent, refluent et s’ouvrent pour faire un couloir au bout duquel jaillit une lumière par une porte ouverte. Des musiciens y tiennent conciliabule, semblant répéter la petite ritournelle du début, tandis qu’un être en guenilles erre toujours dans la forêt de panneaux. Un voix off entame la lecture d’un conte dans lequel les « sitoyens » ont l’obsession de se situer, se repérer, de tracer, de tout cartographier. A force, la perspective est bloquée.
On sent la métaphore, l’expression d’une société déshumanisée faite de murs, d’exclusions, du contrôle ou du rejet de l’autre et du désir, frustré, du vivre ensemble, à partir d’une idée, séduisante, de décor personnage. Mais, est-ce parce que cette idée est mise de côté lorsque surgit la présence humaine ou parce que celle-ci ne s’exprime que de façon périphérique (on assiste à une conversation entre plusieurs protagonistes plus qu’à un jeu d’acteurs), mais l’illusion s’étiole, la confusion s’installe. La thématique de l’antagonisme qui oppose ceux qui sont dedans à ceux qui sont dehors est à peine effleurée, sans vraiment poser de questions.

Didier Béclard

Photo de Yoann Cordelle

Atelier 210