Dimanche 14 décembre 2008, par Edmond Morrel

Le roman de l’empathie

Les clandestins racontés par Eric Emmanuel Schmitt

« Il n’y a d ‘étranger que ce qui n’est pas humain », cette citation de Giraudoux figure en épigraphe du dernier roman d’Eric Emmanuel SCHMITT et résume, de façon fulgurante, le regard que porte ce philosophe de l’empathie sur notre monde.

Dans cette longue interview qu’il a accordé à Edmond MORREL, Eric Emmanuel SCHMITT évoque la spécificité du roman pour explorer la complexité humaine. Il nous dit aussi ce qu’apporte la fiction romanesque dans l’examen des réalités d’aujourd’hui. Dans « Ulysse from Bagdad » il raconte, de l’intérieur, ce qu’est la clandestinité, la perte d’identité et le destin des « sans-papier ». Il nous offre aussi une « master-class » d’écriture romanesque en évoquant cette question : à quelle source naissent ses romans, et celui-ci en l’occurrence : le personnage…le sujet…le lieu…l’époque…le nom du personnage ?

Son personnage, Saad Saad est clandestin… : « le seul vocable qui me définit désormais est clandestin. Parasite m’épargnerait. Profiteur aussi. Escroc encore plus. Non, clandestin. Je n’appartiens à aucune nation, ni au pays que j’ai fui ni au pays que je désire rejoindre, encore moins aux pays que je traverse. Clandestin. Juste clandestin. Bienvenu nulle part. Etranger partout. »…

Un roman magistral qui apporte à la connaissance de l’Histoire ce que seul le romanesque peut donner : la vision intime, la complexité des rapports humains, les grains de sable dans les mécaniques supposées éternelles…c’est de cela que sont faits les hommes et leurs histoires…c’est ainsi que, à chaque seconde, se nouent les fils qui tissent leur destin…et le roman est le seul instrument d’investigation qui puisse y apporter une infime lueur de compréhension ou, au moins, d’empathie…

(Dans la "Table de chevet" , vous pouvez également écouter le commentaire de Jacques De Decker à propos d’"Ulysse from Bagdad"

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