Mardi 22 octobre 2019, par Catherine Sokolowski

Le père, un modèle ?

« Pattern » étudie la relation père-enfant à travers cinq expériences : cinéma documentaire, théâtre et performances sont de la partie. Après une déambulation de quarante minutes, les spectateurs sont invités à prendre place sur les gradins au son de la batterie (« Tambour »). Cette création originale d’Emilie Maréchal et Camille Meynard se découvre avec curiosité et intérêt mais laisse un petit goût d’inachevé. Alors que les deux séquences théâtrales sont de très bonne facture, les performances sont un peu vagues et n’atteignent probablement pas l’objectif recherché (Pattern II et III). Saluons la bienveillance avec laquelle le public est accueilli, rencontre chaleureuse clôturée par un petit verre de cidre de Bretagne en fin de spectacle.

Pendant les quarante première minutes, le public déambule librement à la découverte des performances. Pattern I est un film documentaire consacré à la relation entre Thong et Jason, père et fils, tous deux champions de boxe thaï. L’histoire se déroule dans le Borinage. Pattern II met en scène des figurants ayant accepté de sauter à la corde jusqu’à l’épuisement. Parallèlement, un texte racontant la déchéance d’un père défile sur le sol. Deux projections forment le Pattern III (« La veillée »). Sur le sol, des images familiales des années cinquante et sur le mur un film illustrant le décès du grand-père. Après la visite des trois séquences, le public est invité à s’installer dans les gradins au son de la batterie (performance musicale de Will Guthrie).

On passe au théâtre pour le Pattern IV qui se déroule dans un abattoir dirigé par Marine, « cadre supérieur à la tuerie ». A ses côtés, ses sœurs, Sylvie et Julie. Le public est invité aux funérailles de leur père, funérailles rapidement perturbées par l’arrivée du frère Eric, après 13 ans d’absence. Chacun relate sa propre relation avec le défunt. Les récits sont empreints d’amour, de violence et de jalousie. A la fois burlesque et dramatique, cette partie ne laissera personne indifférent devant l’énergie un peu trash de quatre acteurs survoltés.

Après un autre solo de batterie en compagnie d’un taureau filmé en très gros plan, Simon André clôture la soirée dans « Simon », un monologue qui parle du retour d’un fils auprès de son père, paysan breton, après une longue séparation (15 ans). Un récit touchant et une très belle performance de comédien.

Globalement, un beau spectacle, un sujet qui intéresse tout le monde et sur lequel il y a beaucoup de choses à dire. Emilie et Camille ont souhaité remettre en cause le mythe paternel en s’inspirant de leur propre vécu. Les deux représentations théâtrales valent certainement le détour. Un parcours à recommander pour son originalité avec un petit bémol sur les performances dont on ne saisit pas vraiment l’enjeu. A vous de juger.