Lundi 2 novembre 2009, par Edmond Morrel

Le paradoxe amoureux : un essai tout de finesse et d’intelligence

Ecoutez Pascal Bruckner répondre aux questions d’Edmond Morrel

Pascal Bruckner aborde avec sensibilité et empathie le sentiment amoureux. Il fallait toute la dextérité stylistique de l’écrivain qui cisèle une langue magnifique de clarté pour arriver à ses fins. Il méritait bien pareil travail, cet amour qui "est une aventure dont nous ne voulons pas nous priver à condition qu’elle ne nous prive d’aucune autre aventure »…

Pascal Bruckner, « Le paradoxe amoureux », GRASSET

C’est un paradoxe qui ouvre et qui conclut le dernier livre de Pascal Bruckner. En exergue, le philosophe place une citation de La Rochefoucault : « Si l’on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié ». En conclusion, il
conclusion de votre livre : « Il y a progrès dans la condition des hommes et des femmes mais il n’y a pas de progrès en amour : c’est la bonne nouvelle de ce troisième millénaire ». Bruckner prolonge dans ce livre brillant et magnifiquement écrit, une réflexion qu’il avait commencé dans une thèse de doctorat, consacrée à Charles Fourier et à sa perception de l’émancipation sexuelle dans la pensée du socialiste utopique. « Le nouveau monde amoureux » de Fourier serait d’ailleurs un titre que Bruckner aurait pu emprunter.

Pascal Bruckner évoque chapitre par chapitre l’éternité du mécanisme amoureux malgré la difficulté de plus en plus manifeste depuis cinquante ans, d’être attaché, de se placer en contradiction avec le souhait d’indépendance. En effet, comment « vivre un attachement fatal et la libre disposition de soi » ?

Pour aborder avec sensibilité et empathie un sujet aussi complexe que le sentiment amoureux, il fallait toute la dextérité stylistique de l’écrivain qui cisèle pour arriver à ses fins une langue magnifique de clarté. L’amour méritait bien pareil travail, cet amour qui "est une aventure dont nous ne voulons pas nous priver à condition qu’elle ne nous prive d’aucune autre aventure »…

N’ayez pas honte !! Voilà ce que clame l’épilogue du livre : « L’amour n’est malade de rien, il est tout entier ce qu’il doit être à chaque instant avec ses abîmes et ses splendeurs »...

C’est peut-être à ceci que nous conduit la pensée de Bruckner : un éloge à la complexité de l’être humain, de son imperfection...

Edmond Morrel

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