Le Contr’un

Bruxelles | Théâtre | Les Riches-Claires

Dates
Du 15 au 31 mars 2018
Horaires
Tableau des horaires
Les Riches-Claires
Rue des Riches Claires, 24 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lesrichesclaires.be
accueil@lesrichesclaires.be
+32 2 548 25 80

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Le Contr’un

Lundi-théâtre (6€) : le 19 mars à 20h30

Comment la servitude peut-elle être volontaire ?
Comment peut-on avoir le désir de se soumettre ?
Comment la liberté peut-elle se nier elle-même ?
Autant vouloir ne plus vouloir, ou réclamer librement de porter des chaînes aux pieds... Pourtant, c’est comme ça que ça marche : telle est l’étrange et imparable leçon du "Discours de la servitude volontaire" d’Etienne de La Boétie.

Texte bref, parfaitement construit, scintillant, le "Discours de la servitude volontaire" est un mode d’emploi pour ne pas être dupe du pouvoir, car ce n’est pas en luttant contre la tyrannie qu’on parvient à l’abattre, mais en comprenant ses mécanismes qu’on parvient à ne pas la subir, ni la désirer.

Ici se joue un étonnant dialogue avec La Boétie. Un plongeon au cœur d’une pensée saisissante. Le comédien nous embarque avec ce texte dans une traversée épique et quelque peu inattendue...

"La Boétie nous invite à la révolte contre toute oppression, toute exploitation, toute corruption, bref contre l’armature même du pouvoir." (Séverine Auffret, Mille et une nuits.)

Distribution

D’Etienne de la Boétie
Adaptation et mise en scène : Agathe Mortelecq et Charly Magonza
Avec : Charly Magonza
Une coproduction de la Cie Mond’en Scène et Espace Ouvert. Avec le soutien du BAMP, de La Compagnie de la Casquette, du Centre culturel Le Senghor, de La Maison de la création Bxl-Nord et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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Lundi 26 mars 2018, par Yuri Didion

Un pour tous, tous pour un.

Sous le jeu de mot se cache une oeuvre majeure de la renaissance européenne : le Discours sur la Servitude Volontaire. Dans ce travail de jeunesse, Etienne de la Boëtie réfléchit à ce qui permet la tyrannie. Comment un homme domine-t-il tout un peuple ? Pourquoi un millier d’homme se soumet-il ainsi à la volonté d’un seul ? Et surtout, comment peut-on se libérer des tyrans ?

Charly Magonza et Agathe Mortelecq nous livrent, dès l’entrée, une première analyse du texte : une salle en préparation, pendrillons relevés, encombrée de matériel scénique, un comédien qui écoute sa musique assis sur un baffle. Anarchie. Car c’est bien de cela aussi que parle la Boëtie : en se levant contre l’ordre établi, en destituant les dictateurs, que reste-t-il, et quel avenir ? Les peuples peuvent-ils se gouverner eux-mêmes ?

La première partie du spectacle donnerait envie d’en douter. L’idée centrale, le comédien qui n’est pas prêt, joue contre le théâtre. Cependant, bien que ce stratagème soit un peu élimé - eh bien, oui, personne n’est dupe, tout le monde sait qu’il connaît son texte - il entraîne une proposition très pertinente : le directeur des Riches-Claires, Eric De Staercke, impose : "Si, le public est là, il faut jouer". Le spectacle s’ouvre sur la tyrannie à l’oeuvre.
Le comédien s’y plie (évidemment, sinon, il n’y aurait pas de spectacle), et assume le jeu du manque de préparation. Il attaque le texte sur une citation : "Il n’est pas bon d’avoir plusieurs maîtres ; n’en ayons qu’un seul" au trait volontairement grossi : il se moque du théâââtre, du genre classique et poursuit avec une série de "C’est comme ça que je le jouerais". Un rappel du jeu et de la préparation qui met à distance, bloque l’identification, et à mon sens, par le côté désorganisé de la chose, décrédibilise légèrement le comédien.
Une première partie un peu laborieuse au final, d’autant que la proposition géniale de la démonstration d’autorité de De Staercke n’est pas réutilisée.

Une seconde partie se dessine néanmoins, dès que le comédien plonge dans le jeu incarné et nous présente une série de personnages plus riches l’un que l’autre. Dès l’apparition du balayeur, il fait preuve d’une inventivité et d’un dynamisme fou. Il passe du rebelle de confettis au héros antique Cassius. Il est précis, ludique et entraîne le public dans un univers humoristique et critique.
Il propose d’ailleurs une réinvention du texte bien construite, qui ne fait qu’augmenter l’intérêt pédagogique de ce spectacle, tout en y intégrant régulièrement des passages de ce grand texte.
Qui plus est, cette adaptation du texte met en valeur une question qui n’est pas abordée par La Boëtie : celui qui renverse un tyran ne prend-il pas sa place ?

Les Riches-Claires