"Le Blasphème" de Philippe Madral

Woluwe-Saint-Pierre | Théâtre | Comédie Claude Volter

Dates
Du 29 septembre au 17 octobre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre
Contact
http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

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"Le Blasphème" de Philippe Madral

LE BLASPHÈME de Philippe MADRAL

“Écrite dans la foulée des secousses émotionnelles éprouvées après les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan à Paris.” Ph. Madral.
L’auteur de La Colère du Tigre nous confie la création mondiale de sa pièce.

L’histoire tragique du chevalier de La Barre accusé de blasphèmes et d’impiétés est l’un des plus grands procès du XVIIIème siècle. “Une pièce sur l’intolérance religieuse, tout aussi valable dans n’importe quelle religion monothéiste et à tout époque…” Philippe Madral

Intolérance et extrémisme religieux, une longue histoire…

Distribution

Avec Stéphanie MORIAU, Jonas Claessens, Pascal RACAN, Loriane KLUPSCH, Michel de WARZEE et Simon WILLAME .
Mise en scène : Michel de WARZEE
Décors : Renata GORKA
Création lumière & Régie : Bruno SMIT

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2 Messages

  • "Le Blasphème" de Philippe Madral

    Le 16 octobre 2021 à 06:33 par cleandre

    Excellent. J’ai apprécié tant la beauté du texte que le jeu des comédiens. Pascal Racan plus vrai que nature dans son rôle. Le décor et les costumes contribuent à la qualité de la pièce, seul bémol, le lit aurait pu être plus "d’époque".

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  • "Le Blasphème" de Philippe Madral

    Le 16 octobre 2021 à 16:37 par Francoise Dubuisson Huet

    Nous sommes revenus enchantés de cette très belle pièce de théatre. Le décor est magnifique, à la fois inspirant et simple. Les éclairages créent l’ambiance avec brio, les acteurs sont comme chaque fois , très inspirés par leur personnage et chaque membre du personnel accueillant et aimable.
    A voir en famille sans hésiter pour débattre de ce sujet on ne peut plus actuel.

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Mercredi 11 mars 2020, par Jean Campion

L’Intolérance... indéracinable ?

Chercheur, romancier, scénariste, dramaturge, Philippe Madral aime tremper sa plume dans l’Histoire. "La Colère du tigre" (représentée à la Comédie Claude Volter en 2016) évoque les tensions qui ont opposé deux amis inséparables : Georges Clémenceau et Claude Monet. Des géants passionnés et intransigeants qui, à travers cette crise, donnent une leçon d’intégrité et de courage. Sa pièce "Le Blasphème" est née de l’horreur des attentats qui ont ensanglanté la France en 2015. Philippe Madral ne supporte pas que, tout en regrettant l’assassinat de dix journalistes de Charlie Hebdo, certains aient osé dire : "Ils l’avaient un peu cherché." Révolté par ce jugement mi-chèvre mi-chou, il s’inspire de l’histoire du chevalier de La Barre, supplicié en 1776, pour dénoncer l’obscurantisme des religions.

Orphelin très jeune, François-Jean Lefebvre (dit le chevalier de La Barre) a été élevé par sa cousine Anne-Marguerite Feydeau. Cette abbesse regrette que son protégé se laisse séduire par Diderot, Rousseau et surtout Voltaire. Mais, tout en restant une catholique convaincue, elle s’intéresse aux idées nouvelles. François-Jean apprécie beaucoup cette cousine curieuse, dynamique et généreuse. Récemment elle a recueilli Marguerite Becquin, une jeune fille qui fuyait son tuteur Nicolas Duval. Appâté par sa dot, celui-ci voulait l’obliger à épouser son fils. Profitant de son ascendant sur le seigneur de Belleval, l’abbesse le convainc aisément de marier son fils à Marguerite. Lorsque Duval apprend ce projet, il s’y oppose et se fait rabrouer par de Belleval : un jeune noble est un meilleur parti que le fils d’un roturier. Sous l’humiliation, Duval blêmit et se retire en lançant des menaces.

Convoquée par l’évêque d’Amiens, l’abbesse s’entend reprocher les frasques impies de son cousin. Celui-ci réfute toutes les accusations. Elle lui fait confiance, mais découvre qu’il est l’amant de Marguerite. En surprenant cette liaison, de Belleval se sent trahi et change de camp. Chargé de mener l’enquête sur les actes de profanation à Abbeville, l’assesseur criminel Duval tient sa vengeance. Il fait arrêter François-Jean et en s’appuyant sur des témoignages imprécis ou suspects, il prouvera que le "coupable" mérite la peine capitale. Durant ce simulacre d’instruction, il joue avec l’accusé comme un chat avec une souris et se régale du désarroi de l’abbesse aux abois.

Pour sauver son cousin, celle-ci relance des membres influents de sa famille. Elle demande même audience au roi Louis XV. En vain. De plus en plus remise en question par les coups de boutoir des philosophes, la monarchie absolue s’appuie sur l’Eglise, pour affirmer son autorité. Il faut un exemple spectaculaire. Aussi, malgré l’appel à la clémence de l’évêque d’Amiens, le 1er juillet 1766, le chevalier de La Barre fut torturé, puis décapité et son corps fut brûlé, un ouvrage de Voltaire cloué sur la poitrine. Cette exploitation monstrueuse du blasphème révolte les deux femmes qui l’aimaient. Eprise de justice, l’abbesse s’est sentie abandonnée et impuissante face à la collusion de l’Eglise et de l’Etat. Marguerite était parfois heurtée par la liberté de penser et les propos audacieux de François-Jean. Sa mise à mort est un électrochoc. Comment croire en un dieu qui tolère de telles atrocités ?

Dirigés avec précision par Michel de Warzée, les comédiens donnent à ce drame une intensité croissante. Incarnant subtilement le personnage moteur, Stéphanie Moriau dévoile la complexité de l’abbesse de Willancourt. Sans dot, elle est entrée dans les ordres, mais n’avait pas la vocation. La religieuse n’a pas étouffé la femme. Elle porte une cornette mais peste contre son inconfort. Cependant elle assume son rôle avec autorité et bienveillance. Déçue par la duplicité de ses protégés, elle est pourtant prête à leur pardonner, en les mariant. Pour arracher son cousin à la mort, elle se bat avec l’âpreté d’une mère. Une femme qui s’efforce d’être juste dans une société d’hypocrites. Société refusée par les amoureux. Insouciant, cultivé, frondeur, François-Jean (Jules Churin) est aussi un jeune homme digne, qui ne se soumet pas à son tortionnaire. On ressent la même sincérité, quand Marguerite ( Pénélope Guimas) passe de la retenue à la colère déchaînée. Pascal Racan fait de Duval un monstre froid, qui soigne avec délectation sa blessure d’orgueil.

Ce spectacle émouvant nous invite à prendre du recul. Toutes les religions monothéistes ont à leur actif des crimes justifiés par la condamnation du blasphème. Il a heureusement disparu du Code pénal en 1881. On continue, hélas, à proférer des menaces et à assassiner des innocents, au nom de principes religieux.

Jean Campion

Comédie Claude Volter