Lundi 25 février 2013, par Palmina Di Meo

Le Big Bang et les cigales

Le théâtre Jean Vilar reprend la pièce de Jean-François Viot créée en 2009 dans la mise en scène d’Olivier Leborgne avec le même succès. Un spectacle plein de chaleur, d’humour, d’intelligence pour aborder le sens et les origines de la vie. Avec des comédiens moulés dans leurs personnages, c’est une page d’histoire qui est tournée devant un public captivé par le récit d’une querelle philosophique que l’on n’est pas près d’enterrer…

La pièce met en scène Georges Lemaître et Fred Hoyle, deux grands noms de l’astronomie, l’un est prêtre, l’autre athée. Ils vont s’affronter à l’occasion d’une panne sur la route qui doit les mener au Saint Père. Le Vatican, intrigué par les déductions de Lemaître, souhaite intégrer l’hypothèse d’un univers en expansion. Lemaître est convoqué en même temps que son rival le plus acharné, le britannique Hoyle, celui-là même qui a voulu ridiculiser Lemaître en qualifiant sa théorie de "Big Bang".

Le prêtre, son rival et la femme de ce dernier se retrouvent immobilisés dans un petit village toscan. Ils devront y passer la nuit. L’aubergiste et son neveu vont ainsi devenir les acteurs involontaires d’une répétition de la dispute qui se prépare devant le Pape.

Unité de temps, de lieux, d’action, tout se passe sur la place du village, devant l’unique auberge, à la nuit tombante, avec une automobile à réparer. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nos trois malchanceux seront bientôt amadoués par le charme de la campagne, le bon vin et la cuisine toscane. Dans ce cadre insouciant, Viot parvient à développer un sujet historique ardu par une typologie fine et réussie des caractères. Il n’hésite pas à s’approprier les clichés qui entourent les Italiens pour mieux piéger les petits travers des deux héros. Grégoire Baldari et Michaël Manconi (l’aubergiste et son neveu) excellent à la fois dans leurs rôles. Les mimiques et l’accent italien sont irrésistibles. François Sikivie et Alexandre von Sivers endossent leur personnage avec un tel naturel que la pièce semble écrite pour eux, tandis que Maud Pelgrims apporte au tableau une touche féminine délicieusement anglaise, sans accent (dommage !).

Parfaitement architecturée, la pièce se déroule avec le doigté des ambiances familières qui reposent sur de petits riens, sur les humeurs et les états d’âme universels pour dériver sur des thèmes aussi conséquents que les origines de notre monde. Dans lequel, somme toute, il fait bon vivre...

Palmina Di Meo