La vie comme elle vient

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 9 mars au 16 avril 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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La vie comme elle vient

« La vie comme elle vient » est un texte qui s’écoule comme un fleuve. Un texte qui déroule le parcours de vie d’une femme, Lucie. Elle est Belge, née en Afrique dans un village le long du fleuve Congo. sa mère meurt en couches, le père souvent absent parcourt le pays en faisant de la prospection pour une société minière. Cette fille de colons, sera élevée dans la maison de son grand-père, par une nourrice noire, Massiga. Massiga la nourrit de lait et d’amour, elle lui apprend à parler, à marcher, et Lucie se sent devenir noire au-dedans. Mais un jour, il lui faut rentrer au pays, la Belgique, et va basculer.

Entre Afrique et Belgique, à travers le destin de Lucie et sous le regard de sa fille, Félicité, et de tous les hommes qui auront traversé sa route, La vie comme elle vient se raconte à trois voix, dans la langue simple et superbe d’Alex Lorette, et parle de féminité, d’exil, de maternité, de pays fantasmé, de résilience aussi. Lucie s’est arcboutée sous les tempêtes, elle s’est défendue, elle a résisté. Jo Deseure, magnifique Lucie incandescente et forte, vous fera traverser toutes les années à sa suite, en vivant sa vie, comme elle vient.

Une coproduction du Théâtre Le Public, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar et de la Charge du Rhinocéros. Avec le soutien du Tax Shelter de L’État Fédéral Belge via Belga Films Fund et de la Communauté Française.

Distribution

D’Alex Lorette | Mise en scène Denis Mpunga | Avec Jo Deseure, Majnun, Elsa Poisot | Assistant à la mise en scène Glenn Kerfriden | Scénographie et costumes Emilie Jonet | Lumière Marc Lhommel

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4 Messages

  • La vie comme elle vient

    Le 8 mars 2022 à 11:18 par mauvever

    Que s’est-il passé dans la salle des voûtes du théâtre le Public ,tout se passait agréablement pour cette répétition ,une pièce magnifique , et très bien jouée avec une pointe d’ humour, de la sensibilité ,où on parle de féminité, d’exil forcé , d’une Lucie qui rêve de son Congo natal , et soudain le trou noir , une comédienne perd complétement le fil , on l’aide à reprendre son rôle , mais impossible , la pièce est finalement arrêtée , on pense à cette pauvre actrice au demeurant très affutée mais qui à mes yeux a rencontré un problème (médical ?) car elle semblait complétement perdue ,comme ailleurs , le public lui a rendu un bel hommage à sa sortie de scène fortuite ainsi qu’à Jo Deseure ,éblouissante dans le rôle de Lucie mais qui semblait très affectée de cette fin tronquée ! En espérant pour Elsa Poisot qu’il ne s’agissait que d’un gros trou de mémoire ,qui arrive même aux grands professionnels ! Je retournerai pour voir la fin !

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  • La vie comme elle vient

    Le 8 mars 2022 à 22:46 par Astrida

    Superbe scénario, superbe mise en scène, superbes acteurs. Pour ce que nous en avons vu, félicitations à toute l‘equipe !
    le trou de mémoire irrécupérable d‘une des actrices lors de la Répétition générale publique nous a montré la solidarité et la gentillesse des 2 autres acteurs. Une pièce à voir !

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  • La vie comme elle vient

    Le 23 mars 2022 à 11:40 par alec

    Les images se succèdent à la fois dans notre imagination et devant nos yeux au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue. Rien n’est laissé au hasard. Les détails sont forts, troublants, font appel à tous les sens. Le récit est touchant, du sujet de l’exil à l’identité en passant par le rejet ou le racisme. Le tout est servi par un trio d’acteurs épatants, la protagoniste racontant les détails de sa vie avec un naturel déconcertant. C’est en voyage que nous emmène la pièce, un véritable périple, pour ne pas dire l’épopée personnelle de la petite Lucie qui nous évoque sa vie alors qu’elle est devenue une femme mûre. Reste la cerise sur le gâteau : la scénographie resplendissante, iconique, qui reste gravée dans les mémoires. À voir et à revoir (nous avons assisté deux fois à la pièce sans jamais nous ennuyer un seul instant).

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Lundi 21 mars 2022, par Jean Campion

Une Confession énergisante

"Au port d’Anvers, les grues noires se découpaient sur le ciel gris. C’était ma première image de la Belgique. Il faisait froid. L’eau était verte. Le vent venait de la terre. Et ça puait. C’était la Belgique." Un pays que Lucie, l’héroïne de "La vie comme elle vient", n’adoptera jamais. Elle a beau parler la langue, être accueillie par des cousins, elle vit en exil. Née dans le Congo colonial, cette blanche se sent profondément noire. Idéalisant le pays de son enfance, elle entretient la nostalgie d’une époque révolue. Par le biais du récit intime de sa vie, Alex Lorette questionne "notre conception trop souvent simpliste et "en noir et blanc" des rapports entre l’Europe et l’Afrique.

Dès sa naissance, Lucie a été privée de ses parents. Victime d’hémorragies, lors de l’accouchement, sa mère n’a pu être sauvée. Son père, obligé de sillonner le pays pour une société minière, est très souvent absent. Remplaçant la maman, Massiga, une nourrice noire, l’allaite, surveille ses premiers pas et lui apprend à parler. A six ans, Lucie se sent noire "à l’intérieur" et aimerait se faire des amis, en allant à l’école. Mais son grand-père, un colon très fier de la civilisation importée par les Belges, lui impose la classe à la maison. Pas question de se mêler aux Congolais ! Grisée par l’odeur du fleuve, Lucie vit en étroite communion avec la nature. En citant ironiquement des mots savants que les pères blancs lui apprennent à l’école, Nkisu l’encourage à vivre comme une sauvageonne...

Une grossesse non désirée... L’enfant du péché reste au Congo dans un orphelinat et la fille blanche, qui a fauté avec un noir, est expédiée en Belgique. Les relations avec les cousins, fiers de l’Expo 58, se refroidissent vite. A 17 ans, Lucie aimerait devenir infirmière. On lui impose des études d’institutrice. A Heule (près de Courtrai), dans un pensionnat religieux à la discipline de fer. Elle en sort quelques années plus tard, écoeurée par l’hypocrisie et la cupidité des bonnes soeurs. Mais grâce à son diplôme, elle peut élever sa fille, à Enghien, où elle enseigne. La petite métisse s’adapte très mal à son nouvel environnement et refuse rageusement le prénom qu’on lui a imposé. Elle s’appellera "Félice", au lieu de "Félicité", un mot qui nargue sa détresse. A l’écoute de ses besoins, Lucie réussit à lui donner le goût de vivre, au prix de sacrifices financiers. En trouvant sa voie, Félice s’éloignera progressivement de sa mère.

Juchée sur son fauteuil , Jo Deseure revit le parcours de Lucie avec une force impressionnante. Ses regards, ses mimiques, ses changements de tons, ses silences, ses rires reflètent sa vitalité. Echappant aux préjugés des colons, Lucie profite de sa liberté pour mener une vie insouciante. Tombée enceinte, elle se conduit comme une enfant, en déjouant les soupçons de sa nourrice. Quand celle-ci la harcèle pour connaître le nom du coupable, elle refuse de le dénoncer. Ce Nkisu, qui envisage de devenir prêtre, ne lui inspire, semble-t-il, pas de rancoeur. En revanche, quand elle sent sa fille en danger, elle affronte la tempête, en se conduisant comme une mère responsable. Rassurée par la réussite de Félice, elle peut enfin s’installer dans le quartier du Matongé. Un microcosme qui lui permet de fantasmer sur le Congo de son enfance.

La langue énergique et souple d’Alex Lorette rend cette confession passionnante. De courtes séquences illustratives aèrent le monologue. Ainsi Elsa Poisot souligne la gravité de la crise vécue par Félicité et Majnun, affublé du casque et du costume blancs, rend risibles les mérites des colonisateurs. Cependant Denis Mpunga, le metteur en scène, a veillé à ce que ces interventions ne nous éloignent pas de la narratrice. Il s’est contenté aussi d’évocations musicales très discrètes, pour réchauffer ses souvenirs. C’est bien la qualité du texte, remarquablement maîtrisé par Jo Deseure, qui rend ce spectacle émouvant et profond.

Jean Campion

Photos : © Prunelle Rulens

Théâtre Le Public