Lundi 23 janvier 2012, par Samuël Bury

La vérité en surface


De la belle matière première à ce texte de Brigitte Bailleux : les lettres que son père envoyait à sa famille quand il était à la guerre. Le regard sur le père comme fils par sa propre fille. Oui, les mots simples peuvent contenir beaucoup de poésie. Mais ici, ça sonne un peu creux – dans le sens où on a l’impression que l’auteure a eu peur de toucher aux mots qui ne lui appartiennent pas - et trop intime pour être vraiment partagé. Ça se veut onirique quand on dirait plutôt un patchwork d’idées accumulées qu’on a voulu ressortir en vrac mais dans une même création.

Des choses intéressantes, il y en a dans cette pièce. Seulement, mises bout à bout, elles ne parviennent pas à créer l’unité. Tout tourne autour du père qui vient de mourir et de sa fille qui lui rend hommage. C’est court et on le sent. On a tiré sur la longueur, en monologues presque inutiles (ceux des deux filles qui tombent comme par hasard) et en répétitions lassantes (la lecture des dates des lettres).
Les moments de danse d’Alexandre Tissot apportent clairement de la légèreté mais n’apportent par contre aucun lien efficace avec le spectacle. On y voit éventuellement ce père vu par les yeux sans doute nostalgiques de sa fille qui veut lui dessiner une image belle et éternelle.

Heureusement, les comédiens sauvent un peu la mise car ils parviennent à donner vie à un texte qui lui en a peu. Mais on sent qu’au fond, personne sur scène n’incarne réellement les mots qu’il prononce. Françoise Oriane en vieille femme qui perd légèrement la mémoire est assez touchante tant elle aborde les souvenirs avec une certaine dose de sagesse et de cynisme.
On fera peut-être mieux la prochaine fois…