Vendredi 17 janvier 2020, par Didier Béclard

La surprise de l’improvisation

La Ligue d’Improvisation Professionnelle, propose des spectacles basés sur... l’improvisation avec les surprises, les incertitudes et les couacs qui font le sel de cette discipline.
Vous allez voir un spectacle d’improvisation au Théâtre Marni ? Oubliez tout ce que vous avez vu ou ce que l’on vous a raconté sur l’improvisation. Ici pas d’équipes, donc pas de match, pas de patinoire, pas de maillot, pas d’arbitre, et à la fin le public ne vote pas.

La LIP (Ligue d’Improvisation Professionnelle Wallonie Bruxelles) a été créée en 2012 par des comédiens qui se sont détachés de la Ligue d’Improvisation Belge (LIB) avec l’envie de créer des spectacles s’éloignant du match d’improvisation classique. Restent quelques ambiguïtés (cultivées ?) par la LIP qui adopte une appellation évoquant immanquablement celle de la LIB qui a envahi la patinoire dès 1984 et a opté pour le (foyer du) Théâtre Marni, salle délaissée par le courant historique pour des raisons budgétaires préférant une plus courte saison au Cirque Royal.

« Armando » est un concept de spectacle improvisé créé par l’Américain Armando Diaz, professeur d’improvisation à New York, qui a utilisé cette discipline théâtrale pour créer des spectacles de forme longue très appréciés outre Atlantique.
« Armando » est un improvisé inspiré par des anecdotes réelles d’invité (comme Bénédicte Philippon, Karin Clerq, Clément Manuel ou Fabrizio Rongione). Celui-ci choisit un mot proposé par le public et livre quelques éléments de son vécu en rapport avec cette suggestion avant de laisser la scène aux six comédiennes et comédiens.

Épaulés par un musicien (dont le son prend parfois un peu trop de place), ils s’éparpillent dans des improvisations différentes enchaînées dans une « session » n’ayant « besoin de presque rien pour créer presque tout ».
Des personnages se rencontrent, des histoires se croisent, les univers se succèdent offrant des situations cocasses, absurdes, surprenantes ou étranges.

Le résultat est souvent inégal, les comédiens commettant ça et là ce qui serait sanctionné par une faute dans un match classique : confusion (décor installé et non respecté de bout en bout), rudesse excessive (imposer une situation, un personnage à un partenaire, cabotinage (un comédien se met trop en avant), par exemple. Plus troublant, l’enchaînement des improvisations au sein d’une même « session » est souvent peu compréhensible. Un comédien plante une situation avec un personnage qui s’annoncent intéressants et une partie du groupe interrompt sa prestation pour passer à autre chose sans que l’on comprenne vraiment pourquoi.

A partir d’une thématique dont on a parfois du mal à se souvenir tant le jeu s’en éloigne, la troupe semble vouloir fournir un échantillon de ce qu’elle sait faire. Mouvements, situations, personnages découverts et manifestement travaillés en répétitions sont insérés dans un fil conducteur qui sert plus souvent de prétexte que de guide.
L’exercice laissera sur sa faim les aficionados des matches d’impro mais il faut reconnaître le talent et l’audace des comédiens dont le jeu souvent de qualité a tendance à se noyer dans un déroulé, par moment, chaotique.

« Armando » par la Ligue d’Improvisation Professionnelle Wallonie-Bruxelles des dimanches et lundis jusqu’au 22 février au Théâtre Marni à Bruxelles, 02/639.09.82, theatremarni.com. La LIP propose également d’autres types de spectacles jusqu’en mai dans d’autres salles : 0475/466.188, impro-lip.be.