Vendredi 25 janvier 2013, par Céline Brut

La Serva amorosa ou la fresque familiale lourdingue

Ce dont on est certain après avoir vu « La serva Amorosa ou l’heureuse famille », c’est de ne pas avoir été franchement surpris par le scénario. Même si les 9 jeunes comédiens présents sur scène ont un talent indiscutable d’interprétation, le texte lui n’abuse personne. Une pièce parfois confuse mais drôle par moment qui attire tout de même un large public.

Un décor simple attend sur la scène : une penderie, une coiffeuse illuminée,… Les premiers personnages font leur entrée. Leurs accents italiens (authentiques ou faux ?) donnent à la compréhension du fil à retordre. Il n’est pas aisé de comprendre tout ce que baragouinent les comédiens. Un petit temps d’accoutumance est nécessaire pour se faire à l’idée que tout le spectacle sera dominé par un accent méditerranéen prononcé. Au fur et à mesure, on s’habitue au texte en « grande pompe » aux phrases lourdes, ce grâce à l’habilité des comédiens. Pour comparaison, référez-vous à un texte de Molière. Il faut y prêter attention et ne jamais lâcher prise si vous voulez tout comprendre.

Le texte n’empêche heureusement pas les comédiens d’exceller. Ils sautent, piaillent, crient, bondissent dans tous les sens. Nos yeux et nos oreilles n’en reviennent pas. C’est un carnaval de couleurs à la limite de la chorégraphie qui vous attend. Certains n’apprécieront peut être pas la rapidité des mouvements, des changements de scènes et les loufoqueries innombrables des personnages. Pourtant cela donne de la vie à la pièce de Goldoni.

Les déguisements exquis mettent en valeur les personnalités des protagonistes. La belle-mère démoniaque et fourbe ressemble à Cruella d’Enfer, apprêtée d’un manteau à plumes qui bat des ailes comme un vautour affamé. Le père, vieux comme Hérode, qui pourtant semble avoir encore de belles années à vivre devant lui, est vêtu, quant à lui d’un vieil ensemble pourpre. Il y a encore la gentille et aimante servante, Caroline , en jolie petite robe blanche et plumes rouges dans les cheveux qui mène du bout du nez toute l’affaire avec une habilité et une ruse délicate. Sans ces accoutrements immanquables, la distinction des personnages auraient été bien laborieuse.

Malgré tout, le dénouement se fait attendre par la longueur de certaines scènes. Il n’empêche que les fins heureuses réjouissent toujours les cœurs. La séance prend fin sur une chanson en italien des 9 comédiens et en canon s’il vous plait. C’est un peu confus puisqu’on ne comprend pas les paroles… Mais de nouveau ce sont les acteurs qui sauvent les meubles en l’interprétant avec humour. Une petite pièce pour le plaisir qui plaira aux amateurs de pièces plus classiques, agrémentées d’une bonne dose de fantaisie.

Celine Brut