LA CONFUSION DES SENTIMENTS

Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 17 mai au 25 juin 2011
Horaires
Tableau des horaires

Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

Moyenne des spectateurs

star-offstar-offstar-offstar-offstar-off

Nombre de votes: 0

LA CONFUSION DES SENTIMENTS

Après un triomphe à Paris, la saison passée, le spectacle cloture avec émotion notre saison en vie. « Seule la passion qui trouve son abîme sait embraser ton être jusqu’au fond ; seul qui se perd entier est donné à lui-même. » S. Zweig
Un jeune étudiant, que les études universitaires rebutent et qui préfère courir les filles, rencontre un vieux professeur charismatique, qui lui donne le goût des études...et provoque entre eux une confusion des sentiments. Qu’est-ce qui se cache derrière cette amitié intellectuelle, derrière cet intérêt de ce vieux professeur pour son jeune élève ? Jusqu’où peut conduire une passion commune pour un travail intellectuel, qu’y a-t-il chez ce vieil homme et son étrange épouse que le jeune homme ne voit pas ?
Une pièce très forte et très émouvante, où l’attachement passionné et douloureux de deux êtres s’évoque à travers l’oeuvre de Shakespeare : Shakespeare qui distribue les cartes et qui secoue le jeu. Shakespeare, miroir de nos intimités les plus folles, les plus noires, les plus fortes, les plus généreuses, les plus amoureuses.
Stefan Zweig, Shakespeare et Thierry Debroux nous écrivent pour nous dire que tout est possible... pour le meilleur et pour le pire !
Une création et coproduction du Théâtre Le Public et du Ttéâtre Mouffetard.

Laissez nous un avis !

2 Messages

  • LA CONFUSION DES SENTIMENTS

    Le 20 mai 2011 à 01:22 par deashelle

    La double vie : celle du vieux professeur divisé par deux, entre la réalité et l’œuvre monumentale de Shakespeare qu’il possède comme une deuxième peau et enseigne avec ivresse et passion. Il est encore divisé par deux entre les convenances de la société et ses désirs autres. Les éclairages changent. Un savant tissage de doubles bandelettes élastiques verticales à travers laquelle les acteurs apparaissent et s’évanouissent au gré des réalités qu’ils vivent, marque ces plongeons d’un monde à l’autre. Mise en abîme et dualité encore : le réel, noir et blanc, donne la main à de chatoyants extraits de sonnets de Shakespeare, de Hamlet, d’Othello. Interprétations pleine de ferveur, chaque mot est égrené comme une pierre précieuse.Et voilà lee jeune Roland qui plonge éperdument et avec délectation dans l’océan romantique du grand dramaturge anglais, à en perdre le sommeil. En parallèle, cette jeune âme sensible perçoit un lourd secret qui ronge le couple du professeur. Epris, il veut démêler le fil de ce nœud de sentiments fort complexes qui étrangle le couple. Admiration sans bornes, inquiétude, souffrance, jalousie, trahison jaillissent inéluctablement des extraits de Shakespeare qui surgissent comme autant de spectres annonciateurs de drame. Roland est aussi duel. Le spectateur est ballotté entre les différentes réalités dans un rythme de plus en plus accéléré, la tension grandit jusqu’au paroxysme des sentiments. Le drame d’une vie est là et une phrase très belle donne le dénouement.Les trois comédiens sont très émouvants tant leurs rôles respectifs leur collent à la peau. Le violoncelle, sorte de voix off, commente chaque action comme un chœur antique… De très belles voix, du très beau théâtre : chaque acteur a donné toute sa vérité et sa substance au jeu.

    Répondre à ce message
  • LA CONFUSION DES SENTIMENTS

    Le 8 juin 2011 à 05:05 par pit111

    très bien joué. Trouble du début jusqu’à la fin. Les acteurs se donnent vraiment beaucoup. Quelques très beaux jeux de scène avec les composantes du trio qui se hante mutuellement. Ainsi la personne manquante apparait souvent en off pour signifier le malaise entre les deux autres composantes sur scène. Maintenant j’ai trouvé les effets notamment d’échos dans les passages de Shakespeare un peu exagéré. Et puis malgré tout rien ne vaut un original de Shakespeare.

    Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Vendredi 27 mai 2011, par Jean Campion

A l’ombre de Freud et de Shakespeare

"Effleurer le mystère qui est à la source de l’œuvre et pressentir aussi ce qui touchera, interpellera, provoquera les spectateurs d’aujourd’hui." Tel est l’objectif que s’est fixé Thierry Debroux pour "trahir fidèlement" "La Confusion des sentiments". Eh bien ! Il l’a parfaitement atteint. Audacieuse et intelligente, son adaptation nous plonge au cœur du drame vécu par trois personnages troublants et déchirés, en respectant la densité et la finesse du roman de Stefan Zweig.

A Berlin, Roland, 19 ans, draguait les filles et sombrait dans la fainéantise. Aussi, pour qu’il reprenne ses études plus sérieusement, son père l’envoie dans une petite ville de province. Ébloui par un professeur qui lui transmet sa passion pour Shakespeare, il se plonge avec fureur dans l’œuvre du grand poète et se réjouit de l’intérêt que lui manifeste son maître. Le coup de foudre intellectuel se double d’une admiration filiale. Une fascination combattue par la femme du professeur. Consciente de la force destructrice de son époux, elle incite le jeune homme à nager avec elle dans le lac voisin, à profiter des joies simples de la vie.

Elle est devenue étrangère à ce mari qui "fait le paon devant ses étudiants", les "pourrit avec son Shakespeare" et l’abreuve de ses sarcasmes. Pénétrant dans l’intimité de ce couple, Roland se demande ce qui a bien pu unir deux êtres si dissemblables. Il est intrigué également par le comportement imprévisible de son professeur. Celui-ci, tantôt stimule son exaltation, lui témoigne de la tendresse, tantôt le glace par son ironie et le repousse durement. Sans justification. Ces douches écossaises le blessent. Comme le secret, dont le vieil homme entoure ses escapades mystérieuses. Habité par des sentiments contradictoires à l’égard d’une femme qui l’attire et d’un maître qui le trouble, Roland vit en pleine confusion.

Le récit de Stefan Zweig est une évocation rétrospective écrite à la première personne. Thierry Debroux l’a transformée en une pièce, dont il a amplifié la dimension tragique par des textes de Shakespeare. Endossant le rôle du père d’Hamlet qui demande à son fils de le venger, puis celui d’Othello, ivre de jalousie, le professeur libère ses désirs, ses frustrations, ses angoisses, ses obsessions. Une mise en abîme facilitée par l’ingénieux décor d’Elisabeth Schnell : des bandelettes élastiques permettent aux acteurs de s’évanouir dans les coulisses. Cette frontière perméable et l’utilisation de miroirs sans tain ouvrent sur l’imaginaire et nous font passer souplement des personnages de Zweig aux héros shakespeariens. La pénombre et le son du violoncelle créent une atmosphère de gravité. Dommage que cette musique quasi permanente finisse par alourdir le spectacle.

Dirigés avec précision par Michel Kacenelenbogen, les comédiens nous captivent par la justesse de leur interprétation et la tension croissante qu’ils insufflent à la pièce. Dans la peau d’un jeune homme enthousiaste, de plus en plus désarçonné, Nicolas d’Oultremont se montre énergique. Muriel Jacobs incarne, avec beaucoup de dignité, une femme amère, bafouée, prisonnière d’un secret, mais qui s’accroche à la vie et aspire encore à l’amour. Par son jeu très nuancé, Pierre Santini dévoile peu à peu la complexité de ce vieux professeur galvanisé par sa passion intellectuelle et taraudé par un sentiment de culpabilité. Une composition tout en retenue, profondément émouvante.

Théâtre Le Public