Lundi 9 décembre 2013, par Catherine Sokolowski

« L’homme qui aimait la scène »

Pendant une heure et demi Serge Van Laeken et Marka ne forment plus qu’un sur la scène intimiste de la petite salle du théâtre. L’artiste (né en 1961) conte, non sans humour, son enfance dans une famille flamande, encadré par bobonne, l’adulte qui avait le plus de temps à lui consacrer. Avec l’accent savoureux d’un Bruxellois de Molenbeek, il évoque les règles des caïds du quartier, les écoles à ne pas fréquenter et celle dans laquelle il aurait dû rester. Il évoque sa découverte du mouvement punk, sa rencontre avec le Grand Jojo et son désir de réussir qui lui permet de monter en France, début des années 1990. Car on le sent très fort, Marka croit en lui, et nous aussi, durant toute cette joyeuse prestation.

Une petite salle, une proximité immédiate avec le public, un artiste qui a envie de communiquer et… des couvertures d’appoint, sont autant d’atouts de ce spectacle qui n’a d’autre but que de détendre. Marka, on connaît ou on ne connaît pas. Ceux qui apprécient seront ravis mais les autres ? L’artiste raconte sa vie, avec humour, en mélangeant autodérision et confiance en soi. Plus qu’un concert, il s’agit d’un stand-up, et le chanteur laisse beaucoup de place à l’homme. On peut donc aimer sans connaître et se régaler des nombreuses allusions aux périodes révolues, celles d’ « Allez Allez », des « trainings » et de « Hit Magazine ». Un voyage dans le passé parfumé aux essences cosmopolites de Molenbeek, des anecdotes croustillantes, un goût de nostalgie, une indicible envie d’y arriver qui passe par l’envoi de chocolats Leonidas aux producteurs français pour soutenir sa cassette, et des échecs, comme ce concert en concurrence avec l’arrivée du tour de France dans une maison de repos.

Le théâtre manquait à son arc aux cordes nombreuses, il y est, il s’y plaît, une joie communicative et une opportunité pour se familiariser à son répertoire, dont le titre phare « Accouplés », au ton arabisant, a été retiré des playlists suite aux attentats terroristes perpétrés dans le métro parisien. « Marka se reprend », puisqu’il signe aussi une autobiographie du même nom, proposée avec un CD best of, qu’il vous suggère d’offrir séparément (!). Pas d’ambition particulière, pas de message transcendant, pas de révolution culturelle, juste nonante minutes de complicité joyeuse, et c’est déjà beaucoup dans la grisaille de ce mois de décembre !