L’Absence de guerre

Schaerbeek | Théâtre | Théâtre Océan Nord

Dates
Du 18 au 29 octobre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Océan Nord
rue Vandeweyer, 63-65 1030 Schaerbeek
Contact
http://www.oceannord.org
info@oceannord.org
+32 2 216 75 55

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L’Absence de guerre

"L’Absence de guerre" fait partie de ces pièces qui nous emmènent à l’intérieur de ce qu’il nous est rarement possible de voir : les coulisses d’une campagne électorale où se joue l’avenir d’une société. Ecrite par David Hare, auteur prolifique contemporain, cette pièce s’inspire directement de la réalité. Le dramaturge a pu en effet accompagner quotidiennement le candidat travailliste, alors donné gagnant, lors des élections législatives de 1993 en Angleterre. L’écriture est cinématographique, riche, détaillée, permettant ainsi de transporter le spectateur à l’endroit de la conquête du pouvoir, dans un tumulte où s’entrechoquent la destinée d’un homme – le candidat Georges Jones – et celle d’un Parti de gauche dont les valeurs sont en question.
Cette histoire shakespearienne parle du désenchantement de notre rapport à la vie démocratique et à la modernisation de la fonction politique. Les batailles politiques qui se jouent dans la pièce sont plus que jamais d’actualité : que deviennent les valeurs politiques, même les plus sincères, quand elles sont exposées à la machine à broyer électorale ?

Distribution

de David Hare, mise en scène de Olivier Boudon, avec Didier de Neck, Lise Wittamer, Lucas Meister, Guillaume Alexandre, Renaud Garnier-Fourniguet, Sophie Maillard, Laurent Staudt et Anne-Marie Loop ; Olivier Wiame (scénographie) ; Xavier Lauwers (lumières) ; Laurent Gueuning (son) ; Carine Duarte (costumes) ; Daniel Benoin (traduction)

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1 Message

  • L’Absence de guerre

    Le 19 octobre 2016 à 14:33 par pierloz

    J’ai beaucoup aimé.
    On est un peu habitué au genre (les coulisses du politique) après des séries comme Borgen, The House of Cards,...
    Mais ça fonctionne bien au théâtre.
    La réflexion est percutante sur le rapport entre la communication et les convictions en politique.
    Bons acteurs.
    Mise en scène efficace et rythmée.
    Après ça ira (1) la fin de Louis de Pommerat au Théâtre National, je redemande ce genre de pièce qui questionne, comme le souligne le metteur en scène Olivier Boudon, " notre réappropriation du politique".
    Et nous achoppons dans les deux cas sur la question du langage, qui enferme, qui enflamme, qui révèle, qui se répète et qui perd tout sens.

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Lundi 24 octobre 2016, par Catherine Sokolowski

Petite foire des grands idéaux

Poursuite de grands idéaux ou stratégie de guerre ? Tel est le thème abordé avec brio par la “Schieve Compagnie” qui met en scène la campagne du Parti Travailliste proche d’une victoire historique dans l’Angleterre contemporaine. Une analyse réaliste et claire qui rappelle les vrais enjeux de la politique, si souvent galvaudés au profit de gloires personnelles et autres attraits du pouvoir.

La sobriété des décors qui se résument à quelques tables, chaises et panneaux amovibles met en valeur la richesse des thèmes abordés. Un premier intérêt de cette fiction est qu’elle s’appuie sur des faits réels : l’auteur, David Hare, a pu accompagner Neil Kinnock, leader du Parti Travailliste aux portes de la victoire en 1992. Si le candidat s’appelle ici George Jones, le spectateur n’en est pas moins amené dans les coulisses d’une campagne, avec ses heurs et malheurs, allant de la gaffe à éviter à la remise en cause des idées en passant par les conflits de personnes.

Comme deuxième attrait, il y a l’analyse des enjeux réels de la politique et des moyens jugés acceptables pour y arriver. La campagne est une “guerre” et les compromis sont obligatoires. Les Travaillistes peuvent-ils utiliser les procédés des Conservateurs pour séduire l’électorat sans y perdre toute authenticité ?

Le troisième élément étudié est le rôle d’homme politique. Un leader a forcément des faiblesses. Ici, l’économie. Alors que la livre dégringole, peut-il parler de la santé, levier du Parti, toute la semaine ? Peut-il éviter de bafouiller en public en étudiant des discours par cœur sans devenir ennuyeux ? Peut-il s’isoler auprès de proches collaborateurs qui le soutiennent au risque de perdre le contact avec la base ?

Plus globalement, dans une Europe dirigée par la finance et embourbée dans un capitalisme tentaculaire, la gauche est-elle compétente ? Au sein même du Parti, le jeune conseiller aux finances est prêt à prendre le relais à la moindre faiblesse du leader charismatique en déclin.

Finalement, l’Angleterre, “perdue à cause de ses traditions”, fait actuellement l’objet de tous les débats vu son désir d’indépendance. Le spectacle ne parle pas vraiment de Brexit, sa portée est plus universelle, pourtant la situation de George Jones rappelle celle de Jeremy Corbyn, le leader actuel du Parti Travailliste, très contesté au lendemain de la victoire du Brexit.

Les acteurs calquent leur dynamisme au rythme de l’action. Si les débuts sont plutôt froids, les protagonistes deviennent de plus en plus crédibles au fur et à mesure que l’élection se rapproche et le discours final de George (Didier de Neck) est criant de vérité. Amateur de dramaturgie, le leader socialiste suggère que “tous ceux qui font de la politique devraient aller au théâtre” : un débat rassemblant les grands partis est prévu ce mercredi 26 octobre après le spectacle. Cependant, les représentants ne pourront pas se montrer aussi sincères que George et “L’absence de guerre” est une très belle occasion de lever le coin du rideau d’une scène méconnue et de rappeler que les idées doivent rester plus importantes que la stratégie.

Théâtre Océan Nord