Jusqu’à ce que la mort nous sépare

Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 14 mars au 27 avril 2013
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Jusqu’à ce que la mort nous sépare

Suite à la mort de sa grand-mère, Simon, la trentaine, retourne dans la maison de sa mère, après des années d’absence et de dissensions. Mais quand il retrouve Anne, sa petite amie d’enfance, l’intensité de leurs retrouvailles provoque un incident aux conséquences inattendues : l’urne avec les cendres de la grand-mère se brise en mille morceaux ! Pris entre la jeune femme qu’il a aimée, sa mère et les cendres de sa grand-mère dans un sac en plastique, Simon navigue désespérément jusqu’à l’absurde dans les méandres d’un sauvetage plus qu’improbable. Mensonges, quiproquos, inventions les plus farfelues sont déployées par Simon pour cacher l’impossible vérité à sa mère.

Une comédie noire, rythmée, haletante. L’auteur nous plonge au cœur des rapports délicats de l’homme aux femmes qui jalonnent sa vie. Si vous ne le connaissez pas encore, Rémi De Vos est certainement un auteur à découvrir. Intrigue presque vaudevillesque, la pièce est un petit trésor de théâtre contemporain, récompensée en France par le prix Théâtre 2006 de la Fondation Diane et Lucien Barrière.
Mise en scène : Valérie Lemaitre Avec Françoise Oriane, Flavia Papadaniel et Vincent Doms.

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2 Messages

  • Jusqu’à ce que la mort nous sépare

    Le 25 mars 2013 à 08:24 par deashelle

    Pour le comique, considérez : Les mines d’enterrement des personnages en habits de deuil et la musique guillerette de l’entrée en scène. La taille et la prestance de la maman minuscule et celles de l’amie majuscule ! Le terrible accent maternel, sa cuisine-salon-salle-à-manger défraîchie et maniaco-rangée et le sac de courses à roulettes Burburry appelé à être un personnage à lui tout seul. Il y a de toutes façons un autre sac appelé à se vider ! Considérez les mots maladroits qui s’entre-choquent quand on se revoit après des années et qu’on s’embrasse au risque de faire éclater une bombe funéraire. Regardez cet autre sac de plastique qui met le feu aux poudres. Ecoutez ce qui est dit de la grand-mère mourante que l’on emmène en ambulance et qui espère voir la mer. Riez de bon coeur devant la nervosité maladive du fils, toujours pris en flagrant délit de mensonge auto-protecteur, devant les syncopes à répétition de la fiancée, et l’empilement baroque de répliques improvisées pour cacher des catastrophes, à une mère qui n’est nullement dupe ! Et en finale songez au rappel de la fameuse fable du pot de terre et du pot de fer... Pour le fond, considérez : la réalité, fiction ou non, de la plainte éternelle des mères à qui on « vole » leur fils dès six ans… Ecrasé par cet amour féroce, le fils a grandi dans l’anxiété, l’immaturité affective et la culpabilité, toute émotion verrouillée. Il a dû un moment couper le cordon et se réfugier dans la haine. La future belle-fille, quelle qu’elle soit, ne peut pas trouver grâce à ses yeux de mère, à moins d’être « adoptée » par la mamma à toutes fins de conserver, non pas l’urne… mais le fils ! Savourez les excuses et mensonges à dormir debout qui permettent la délivrance d’un joug et méditez cette réplique qui vient, paraît -il, du Talmud : « Sans une femme, un homme n’est pas une créature humaine ! » Et vous aurez le tableau final de la dernière scène qui vous reconduit, en ligne directe, à la Farce du Cuvier. Du Woody Allen à la belge. 

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Vendredi 29 mars 2013, par Jean Campion

Une Emancipation laborieuse

Pour Rémi De Vos, l’humour permet de "ne pas être dupe de l’absurdité de la vie". Dans "Jusqu’à ce que la mort nous sépare", il s’en sert avec virtuosité pour décrire un retour aux sources, qui prend l’allure d’un cauchemar. Englué dans une cascade de mensonges, le héros tente d’échapper aux femmes qui ont construit son identité. Une mise en cause cruellement drôle du carcan familial.

Retour de deuil. Madeleine commente avec son fils Simon, les funérailles de sa mère. "Pas très émouvantes... Les gens avaient des têtes de circonstance... Elle était trop vieille." Très vite, les lieux communs font place aux reproches. Pas la moindre visite à sa grand-mère. Ni à la maison de repos, ni même à l’hôpital. Et quand Simon lui annonce qu’il va rester jusqu’à demain soir, Madeleine ricane. Il l’a abandonnée. Depuis dix ans ! En aparté, Simon reconnaît sa mésentente avec une mère, qui a développé chez lui un sentiment de culpabilité insurmontable. Sentiment qui provoque sa panique devant l’urne funéraire brisée. Une fois encore, il n’a pas été à la hauteur, en se montrant incapable de veiller sur les cendres de sa grand-mère.

Pour tenter de sauver la face, Simon se laisse entraîner dans un engrenage de mensonges, de ruses et d’inventions farfelues. Une mécanique de vaudeville qui déclenche des scènes d’une cocasserie irrésistible. Cependant cette comédie expose aussi le combat d’un homme aux prises avec des figures féminines, qui l’étouffent. Larguée par son mari, à la naissance de Simon, Madeleine s’est sacrifiée pour élever son enfant. C’était "le seul homme au monde". Au lieu de se réjouir de sa réussite professionnelle, elle l’accuse de la pousser à coups de pied dans la tombe. La seule façon de calmer ses angoisses est de faire manger ce fils ingrat. Anne, l’amie d’enfance de Simon, lui renvoie l’image de ce qu’il serait devenu, s’il n’avait pas coupé le cordon ombilical. A trente ans, elle vit seule avec son père. Travaillant dans son entreprise, elle prend plaisir à lui mijoter de bons petits plats. Elle aimerait épouser Simon. Celui-ci est encore attiré par cette première femme, dont il a été amoureux. Mais est-il capable de l’aimer ?

La mise en scène précise de Valérie Lemaître insuffle un rythme alerte à cette pièce, qui marie efficacement le comique burlesque et la peinture psychologique. On rit beaucoup de voir Vincent Doms (Simon) et Flavia Papadaniel (Anne) se refiler la patate chaude ou s’embourber dans des explications fumeuses. Mais ces comédiens font bien ressentir également les craintes et les doutes de personnages envahis par leurs émotions. Françoise Oriane est une Madeleine pathétique et redoutable. Elle a beau traiter son fils de monstre, elle ne veut pas le lâcher. Sous ses airs de mater dolorosa, elle cache bien son jeu. Figée dans ce décor désuet, elle incarne le temps qui s’est arrêté. Simon étouffe dans cette maison où il a grandi. Comme en témoignent les coups de fil à son agence, véritables bouffées d’air, et les confidences au public. Monologues très bien exploités, qui, en nous rapprochant du héros, nous poussent à confronter ses réflexions honnêtes avec notre propre vécu. A nous de reconstruire la partie cachée de l’iceberg.

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