Lundi 3 mars 2014, par Catherine Sokolowski

Jeux dangereux

Comme l’affirmait Jean de La Fontaine « Tout est mystère dans l’Amour ». Cela se confirme dans la grande salle du théâtre « Le Public », qui propose une adaptation pétillante de « Closer », célèbre chassé-croisé de l’auteur britannique Patrick Marber. Dans cette pièce, habilement mise en scène par Françoise Courvoisier, l’auteur décortique les échanges et indécisions de deux couples (in)volontairement échangistes, orchestrant leurs comportements égoïstes et immatures jusqu’à déclencher l’agacement du spectateur peu enclin à une telle convoitise. La version française de l’adaptation cinématographique de la pièce ne s’intitule-t-elle pas « Entre adultes consentants » ? Avec un séduisant quatuor pour interpréter ces jeux malicieux, aucune raison de se priver, consentez et appréciez !

Dan, qui professe « dans la Sibérie du journalisme » (entendez par là le fait d’alimenter la rubrique nécrologique), accompagne Alice chez le docteur après qu’elle ait été renversée par une voiture. « Désarmante », elle le séduit. Ils s’installent ensemble et Dan rédige la biographie d’Alice. S’ils semblent faits l’un pour l’autre, il n’en demeure pas moins que Dan tombe amoureux d’Anna, jolie blonde sophistiquée, photographe rencontrée au hasard d’un rendez-vous professionnel. Joueur, il organise un rendez-vous entre Anna et un inconnu à qui il fait croire qu’elle est une « nympho d’internet ». Contre toute attente, elle s’en éprend, et le docteur Larry entre en scène !

Alors que penser de ce chassé-croisé ? Rimbaud disait que « L’Amour est à réinventer ». Mais, comme le suggère Larry, « Paradise is shoking baby ». Et ce ne sont pas les nombreux commentaires entendus dans la salle qui le contrediront, approuvant l’idée que ces adultes consentants « passent leur vie à baiser mais n’apprendront jamais à faire l’amour ». Et cette quête d’amour est substantielle, presque infinie de part et d’autre. A moins qu’il ne s’agisse pas réellement d’amour, ou d’amour de soi, ou d’une quête de sens, ou de pulsions sexuelles ou de désir d’appropriation, ou d’un mélange alambiqué de ces sensations ? Dan prétend aimer Alice mais elle se demande où est cet amour : elle ne peut ni le voir, ni le toucher. Larry, prédateur sexuel, ne se remet pas du départ d’Anna qui d’après lui « en bonne catholique, aime la baise coupable ». Et Anna hésite, comment rester avec Larry en pensant à Dan ? « Je t’aime …. moi non plus » à la sauce Marber vous fera passer un délicieux moment, probablement suivi par un débat d’idées : Gainsbourg disait aussi que « La vie ne vaut d’être vécue sans amour ». A voir !