J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu

Théâtre | L’Ancre

Dates
Du 27 au 29 novembre 2013
Horaires
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J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu

Du sang, des larmes, des intrigues, de la passion : Anne Thuot et Caroline Lamarche plongent dans la fureur élisabéthaine pour en révéler toute l’actualité.
« J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu », dit Castiza, la soeur de Vendice, héros de The Revenger’s Tragedy, la pièce élisabéthaine qui constitue le point de départ du travail d’Anne Thuot. De ce récit vertigineux où la mort croise le fer avec l’amour, où la violence venge les humiliations, la metteuse en scène a forgé une approche singulière : un travail par étapes, nommées « Flash Flow », qui explorent chacune un thème, une obsession de l’oeuvre.

En mai 2013, vous avez pu découvrir un de ces « flux » volcaniques à L’Ancre. D’autres furent présentés à Paris, à Bruxelles… De ces strates successives surgit à présent le bouquet final, fruit d’une
démarche collective. Comédiens, créateurs son/lumière/décor, metteuse en scène et auteur (Caroline Lamarche) jouent avec le feu surgi tout droit du XVIIe siècle et plus éclatant que jamais.
Une co-présentation L’Ancre - Eden.
D’après The revenger’s tragedy de Thomas Middleton ou Cyril Tourneur ou ? | Mise en scène Anne Thuot | Assistante à la mise en scène Lorette Moreau | Écriture Caroline Lamarche et les acteurs | Traduction Caroline Lamarche (EN/FR) Rokus Hofstede pour les textes de C. Lamarche (FR/NL) Rudi Bekaert (FR/NL) Stéfania Ricciardi (EN/IT) | Interprétation Marie Bos, Alice Hubball, Francesco Italiano, Hervé Piron, Sara Sampelayo | Dramaturgie Olivier Hespel | Création lumières Raphaël Noël | Création sonore Arnaud Paquotte, stagiaire Léonard Cornevin | Création plastique Mathieu Boxho assisté de Hugo Massoni | Administration Anne-Cécile Massoni. Création Fastasbl | Production L’ANCRE (Charleroi) | Coproduction La Balsamine (Bruxelles) | Aide Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du Théâtre | Soutien Centre des Arts Scéniques, Cocof, BOZAR, kc nOna, Kunstencentrum BUDA, Théâtre du Rond-Point (Paris), Atelier 210, Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse, Eden - Centre Culturel Régional de Charleroi.
Photo : ©Charles Paulicevich Moment rencontre après le spectacle le jeudi 28 novembre.

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Samedi 9 novembre 2013, par Thomas Dechamps

Mise en abyme

Anne Thuot et son équipe se réapproprient une pièce contemporaine de Shakespeare sur base d’un concept original. Le travail de réécriture est audacieux et donne un spectacle détonnant. On regrette que certains passages tombent un peu dans le grotesque mais les cinq comédiens (qui ont participé au processus de transformation de la pièce) sont épatants.

C’est une pièce qui parle d’une pièce. À la base, un vieux texte de 1606, « The revenge’s tragedy », que les critiques attribuent en fonction des époques à Cyril Tourneur ou Thomas Middleton, voire tout simplement à un illustre inconnu. C’est une histoire de vengeance, celle de Vendice, dont la fiancée a été violée et empoisonnée (dans quel ordre ?)par le Duc neuf ans plus tôt. Un nouveau viol, cette fois-ci commis par le fils du Duc, va réveiller le désir de revanche du pauvre Vendice et le faire sortir de sa mélancolie.

Sur scène, cinq comédiens sont là pour nous parler de ce drame élisabéthain, mais aussi pour nous jouer quelques-unes de ses meilleures scènes. C’est là que les choses vont commencer à se brouiller. Très vite on ne sait plus trop qui est qui et les personnages historiques s’asseyent à la même table que les acteurs de notre époque. Plusieurs niveaux narratifs se télescopent donc dans cette mise en abyme théâtrale.

Les auteurs (les comédiens et Caroline Lamarche) ont gardé l’intrigue principale de la pièce du 17e siècle et l’ont retravaillée de manière très libre. Les tirades « shakespeariennes » cohabitent avec le langage d’aujourd’hui. Le discours est souvent très cru et met en évidence les aspects les plus durs de l’histoire : le viol, la vengeance, l’obsession, la soumission de la femme. Pourtant la pièce est aussi très drôle. On voit que les auteurs se sont beaucoup amusés autour de ce drame. Ils ont clairement l’intention de nous faire rire. Et ça marche. On est impressionnés par l’aisance avec laquelle les acteurs passent d’un rôle à un autre. De très beaux effets visuels viennent compléter le tableau et donnent à certaines scènes une ambiance d’épouvante réussie. On songera notamment à cette lumière projetant les ombres gigantesques de deux pendus sur le mur.

Cependant, à force de vouloir nous faire rire, certains personnages de la pièce sombrent parfois un peu dans le ridicule. Les acteurs assument leurs pitreries et cherchent sans doute à dépoussiérer l’histoire mais ils en font trop à certains moments. De plus, le concept comporte tout de même une faiblesse : puisque l’on ne suit jamais vraiment une histoire, on ne rentre jamais dedans. On ne peut pas oublier que ce que l’on voit est une pièce et on reste spectateur, sans vibrer avec les personnages.

On reste spectateur, mais spectateur heureux. L’humour des acteurs et l’audace de la pièce valent le détour, de même que les ambiances et la mise en scène fort bien travaillées. Ce discours là ne nous met pas du tout les oreilles en feu, bien au contraire il leur fait même plaisir.

Thomas Dechamps

J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu

J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu from Théâtrez-moi ! on Vimeo.

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