Jeudi 26 octobre 2017, par Yuri Didion

Inventif et merveilleux

L’ambiance est étrange : un chapiteau plongé dans la pénombre, où deux personnages muets accueillent et placent le public sur une musique qui évoque les foires et les fanfares. L’ambiance se réchauffe quelque peu, et on découvre une relation de couple, avec ses tensions, ses autorisations, ses transgressions, dans une vie quotidienne. Mais la Compagnie Bêtes de Foire détourne le banal pour le tourner en spectacle.

C’est un véritable spectacle de cirque qui naît sous nos yeux dans ce chapiteau aux proportions réduites. Tout y est : on y retrouve la technique, l’adresse, l’incroyable et le comique. Les deux artistes, perdus au milieu d’un fouillis de vieilleries, enchaînent les numéros : jonglerie, dressage, équilibre, clowneries.

Sous la toile, tout n’est qu’inventivité : le parquet se transforme en piste aux étoiles par la magie d’un tapis mité, le bruit de la machine à coudre se mêle à la musique, mais sert également à communiquer sans parole.

C’est peut-être le seul point qui fait hésiter : le choix du silence et d’un rythme relativement lent. Certes, cela donne une certaine intensité à ce qui se joue sur scène, mais cela demande aussi une plus grande concentration de la part du public, et brise quelques peu le comique de certaines ruptures. . Mais cela reste très minime : la précision des artistes, la très belle maîtrise technique et le travail, tant des numéros que de leur enchaînement font que le spectacle passe comme une lettre à la poste.

Un spectacle poétique et burlesque, accueilli par un lieu qui vaut le détour : Latitude 50 est un espace principalement dédié aux arts du cirque, et est donc l’une des meilleurs occasions de voir des formes circassiennes en travail ou en représentation. De plus, l’accueil chaleureux et décontracté met le public à l’aise et fait du spectacle un réel moment de détente.