Mercredi 29 avril 2009

Il était une fois l’horreur

Entre fiction et réalité, entre le Petit Poucet et Gilles de Rais, "Il vint une année très fâcheuse" tisse des liens d’une grande qualité artistique.
Du rire à l’effroi, la paroi sera mince et si la pièce est une réussite, le sujet et le ton adopté en laisseront perplexes plus d’un...

Sur la scène du théâtre des Tanneurs, la projection d’une forêt dans laquelle la caméra s’enfonce de plus en plus. A l’image de ces personnages dont on découvrira les méandres au fur et à mesure de la pièce, en dévoilant leur complexité sans jamais tomber dans l’explication.

Devant son micro, le Petit Poucet – Cécile Bournay – nous offre son conte, interrompu par la parole d’un être mystérieux – Brigitte Dedry – qui ouvre ainsi la pièce dans le registre comique. Mais très vite le mystère et l’angoisse reprennent possession des lieux, appuyées par l’ambiance sonore et visuelle. La scénographie de bois, signée elle aussi Zouzou Leyens et la création lumière et sonore – dont les bruitages exécutés à même le plateau – nous plonge dans un univers entre fiction et réalité, mystérieux. Tandis que les échanges des deux comédiennes nous font rire et sourire.

Ce mélange subtil est maintenu dans toute la première partie de la pièce où, au conte du Petit Poucet, se mêle la pantomime de l’ogre, exécutant devant nous des enfants figurés par des poupées. Zouzou Leyens saura parfaitement équilibrer sa mise en scène en faisant durer ses scènes juste assez longtemps pour que le drôle devienne pesant, que le rire se transforme en dégout. Un travail minutieux de mise en scène, porté par l’excellent jeu des deux comédiennes !

La deuxième partie nous présente le procès de Gilles de Rais, cet homme terrifiant qui assassinat des dizaines d’enfants, porté à la première personne par Pierre Maillet et marque la rupture en passant d’un plateau en ébullition à un monologue figé, assené droit dans les yeux. La crudité des propos fera sortir quelques spectateurs mais les autres resteront intrigués, mal à l’aise, déroutés par l’aveu des crimes perpétrés.
Toutefois ce dernier passage semble moins abouti artistiquement que la première partie malgré une mise en parallèle du conte et du procès judicieuse.
Mais il ne s’agira que d’un bémol dans une pièce d’une grande qualité !