Samedi 10 novembre 2018, par Didier Béclard

Histoire de vie polyphonique

Dans une succession de 23 chansons sans transition ou dialogues parlés, « I was looking at the ceiling and then I saw the sky » évoque le tremblement de terre de Los Angeles et l’impact d’une forme d’apocalypse sur la vie des gens qui l’ont vécu.

Sept personnes sur scène, huit musiciens et un chef d’orchestre dans la fosse. Dans un quartier défavorisé de Los Angeles se croisent Consuelo, mère célibataire et sans papiers originaire du Salvador, Dewain, un noir chef de gang repenti, Rickie, jeune avocate pleine d’idéalisme ancienne « boat people », Leila, employée sans un centre de planning familial, David, un pasteur baptiste, Tiffany, une journaliste blanche mue par une volonté d’informer à tout prix ce qui ne l’empêche pas de romber dans certains travers, et Mike un policier blanc qui doute de ses orientations sexuelles. Les vies et les questionnement de ces sept personnes se mêlent, s’entrelacent. « Tout le monde cherche l’amour, un endroit douillet et accueillant ». Un tremblement de terr vipolent va bouleverser leurs vies, leurs croyances et leurs différences.
La musique de « I was looking at the ceiling and then I saw the sky » (je regardais le plafond et je voyais le ciel) a été composée en 1995 par John Adams tandis que le livret a été rédigé par la poétesse June Jordan. Présenté pour la première fois en Belgique, forme hybride entre opéra et musical, ce songplay (pièce en chansons) balaie plusieurs genres musicaux. Il s’inspire de faits réels et notamment du tremblement de terre de 1994. June Jordan utilise d’évidentes références bibliques comme l’Apocalypse de Saint Jean et sept anges qui l’annoncent. L’apocalypse débouche sur la venue d’un nouveau monde, de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre remplaçant les précédents dévastés.
Le projet rassemble de jeunes musiciens issus du Conservatoire de Bruxelles mais aussi des professionnels qu’ils soient chanteurs lyriques ou des musiciens de jazz. L’idée de reprendre cette œuvre est venue après les attentats de Paris parce que, tout comme pour le tremblement de terre, il y a un « avant », un « pendant » et un « après » et des vies qui ont été complètement chamboulées. Musiciens et chanteurs sont impeccables de bout en bout et les décors sont ingénieusement constitués par des images filmées en direct d’une maquette sur scène et projetées sur un grand écran. Toute la pièce est chantée en anglais avec traduction française surtitrée, ce qui distrait parfois du jeu des acteurs. Mais après tout il en va de même à l’opéra.

« I was looking at the ceiling and then I saw the sky », jusqu’au 13 novembre au Théâtre National à Bruxelles, 02 203 53 03, www.theatrenational.be. Le spectacle sera ensuite présenté à Opéra Royal de Wallonie à Liège les 30 janvier, 1 et 3 février 2019.