HAMLET(s)

Théâtre | Le Rideau

Dates
Du 27 septembre au 25 octobre 2008
Horaires
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HAMLET(s)

CRÉATION en français / NEDERLANDSE BOVENTITELING27 septembre> 25 octobre 2008
À partir d’une nouvelle traduction, charnelle et concrète,du grand poète belge William Cliff (1940),

Frédéric Dussenne s’attache auversant intime de la pièce la plus célèbre du monde. Il en conserve le noyaudur pour en tirer un spectacle ramassé, nerveux et fragmenté. Sur le plateau,il privilégie une approche physique et chorale avec des artistes de générationset d’horizons différents. Le cirque, la danse, le transformisme, la vidéo, lethéâtre insufflent à ce Hamlet(s) une énergie singulière.

Frédéric Dussenne : Au début de Hamlet(s), acteurset spectateurs occupent un espace commun. Pas de séparation entre ceux quiracontent et ceux qui écoutent. Le rapport entre les uns et les autres semodifie à mesure que le « poème » est mis en jeu. Pas de personnagesau sens propre du terme mais des figures qui prennent corps dans la tête deHamlet, comme s’il rejouait les scènes de son propre drame. Les acteursglissent d’un rôle à l’autre, s’approprient la parole du Spectre, d’Ophélie, dela Reine, duRoi, de Rosencrantz et Guildenstern... Comme autant de fragments d’une penséeéclatée, d’une pensée en marche.

Avec Emmanuel Gaillard, Juan Martinez,Jean-François Massy, Julien Roy, Bernard Sens, Alexandre Tissot & Benoît VanDorslaer.Texte français William Cliff. Mise en scène &dramaturgie Frédéric Dussenne. Scénographie Vincent Bresmal. Costumes Lionel Lesire.Lumières Renaud Ceulemans. Création sonore Raymond Delepierre.Création vidéo Aliocha Van Der Avoort.Une coproduction duRideau de Bruxelles et de L’acteur et l’écrit. Compagnie Frédéric Dussenne. 24 représentations au Rideau de BruxellesPALAIS DES BEAUX-ARTS rueRavenstein 23 · 1000 Bruxelles – AUDITORIUM PAUL WILLEMSRÉSERVATION www.rideaudebruxelles.be 02 507 83 61 du lundi au samedi de 9h à 19h
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3 Messages

  • HAMLET(s)

    Le 21 octobre 2008 à 08:45 par faser

     Très bonne critique de Roxane, mais l’attitude d’Hamlet est voulue par un drame qui le dépasse, sa folie est voulue.
     Certains choix sont très bien vus : le travestissement d’Hamlet est justifié par la traduction choisie (qui n’est pas d’ailleurs aussi poétique que d’autres) ; le choix de "Prince" convient bien au statut d’Hamlet ; et encore mieux celui des Clash qui résume bien le dilemme de manière plus comique ; l’implication du public. D’autres, comme la dissolution d’Ophélie, et des personnages secondaires en général, la suppression du duel final laisse un peu le spectateur sur sa fin.
     Une mise en scène en levée, moins tragique, moins méditative, plus vitale.

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  • HAMLET(s)

    Le 26 octobre 2008 à 07:00 par Soph1e

    Mais, après un petit moment, je suis totalement entrée dans l’univers, l’ambiance et l’émotion de la pièce. J’ai été stupéfaite de la mise en scène, très spéciale, il est vrai, mais très prenante ! Elle nous montrait les fantômes d’Hamlet, comme s’il se repassait toutes les scènes dans la tête ; on se dit alors que tous les personnages ne sont que des souvenirs et en mm tps des parts de sa personnalité (sur cette piste, je découvrais plus de choses). Plusieurs scènes m’ont BEAUCOUP interpellée, chamboulée et étonnée. Le rythme est rapide puisque chaque comédien joue chaque personnage et que les répliques filent très vite les unes derrières les autres, d’un comédien à l’autre. Exercice fait au Conservatoire, je trouvais chouette de revoir ce type de jeu où tous les acteurs sont en attente ; tous peuvent répondre, tous éprouvent ce qui est dit.

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  • HAMLET(s)

    Le 26 octobre 2008 à 07:02 par Soph1e

    Je suis du mm avis que "charlottelabelge" : allez voir ce spectacle !Je n’ai pas tout compris non plus, mais quelle pièce ! Quelle énergie, quelle mise en scène !J’étais assez frustrée au début de ne pas comprendre gd chose, mm en connaissant l’histoire d’Hamlet, d’être perturbée par les mvts des spectateurs qui doivent s’asseoir à différents moments, de ne pas comprendre pq il y a un transformiste sur le plateau,... Bref, je ne le sentais pas...

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Lundi 13 octobre 2008

Des petits bouts d’Hamlet

Sept acteurs pour jouer Hamlet, cela donne “Hamlet(s)”... un nombre infini d’Hamlets... On ne pourrait mieux exprimer l’ambivalence si présente chez Shakespeare. Tout comme “le beau est laid, le laid est beau”, Hamlet est à la fois un et plusieurs, plusieurs et un seul.

Debout. C’est debout que nous sommes invités, dans un premier temps, à assister à la représentation, comme à l’époque élisabéthaine. En plus d’un retour aux sources, c’est une manière d’impliquer le spectateur différemment et de bousculer ses habitudes. Une entrée en matière, en quelque sorte, car tous les autres éléments de la représentation théâtrale - le personnage, le dialogue et l’espace-temps traditionnels - vont être à leur tour chamboulés au profit d’une approche chorale. Pas de personnages, mais des corps et des voix qui se partagent les répliques. Pas de dialogues, mais des fragments de texte envoyés au public comme autant de questions, de messages, de signaux. Aucun espace-temps lié à l’action, mais seulement un espace scénique sur lequel évolue un chœur, tel un grand “corps collectif”. De temps en temps, un élément s’en détache et devient brièvement le “héros”, pour se refondre ensuite rapidement dans l’ensemble. Par ce choix de la choralité, c’est donc à un questionnement sur les fondements mêmes du théâtre que nous invite Frédéric Dussenne. Mais plus que d’un choix, il s’agit d’une évidence. Une évidence pour Dussenne et sa compagnie “L’acteur et l’écrit” de monter Shakespeare qui, déjà, remettait en question le concept de personnage : dans la bouche d’Hamlet, il nous fait remarquer qu’il est absurde que les gens puissent s’émouvoir sur le sort de quelqu’un qui n’a aucune existence, d’une figure purement fictive. Une évidence également d’aborder ce chef-d’œuvre par un processus de déconstruction.

Tout le spectacle peut se comprendre comme un “dépecage” d’Hamlet. Le personnage le plus célèbre du théâtre européen est coupé en petits morceaux, tel une icône que l’on brûlerait sur la place publique. La clé de cette lecture nous est livrée en plein milieu de la représentation lorsque les acteurs, figurant une troupe de comédiens, racontent le mythe d’Hippolyte (dont le nom signifie “celui qui a été dépecé par des chevaux”). Un beau clin d’œil !

Sur scène, la couleur blanche est omniprésente. Couleur de la mort, elle nous ramène au leitmotiv de la pièce, à la philosophie d’Hamlet : puisque rien n’a de sens dans la vie, autant mourir. Le choix des musiques est particulièrement judicieux. Tantôt sacrées, elles évoquent la mort, l’au-delà, le mystère ; tantôt contemporaines (même “technos”), elles entraînent les acteurs dans des mouvements énergiques voire cosmiques, conférant à l’ensemble du spectacle une très belle dynamique.

La dernière partie, qui correspond au cinquième acte et à la scène des fossoyeurs, extériorise en une sorte de danse funèbre ou encore de farce macabre toute la thématique de la pièce qui peut se résumer en un mot : le deuil. La mort des proches, le temps qui fuit pour ne plus revenir... Tout cela est symbolisé par les sacs de terreau déchirés et répandus sur le sol et sur les corps en délire.

Épinglons quelques prestations parmi d’autres. Julien Roy impressionne par son apparence fragile alliée à une parfaite maîtrise, notamment lorsqu’il “incarne” (!) le spectre du roi mort. Alexandre Tissot, ou le “regard qui tue”, oscille entre cruauté, sensualité et désespoir. Quant à Benoît van Dorslaer, il en impose par sa présence et son charisme.

Un seul petit bémol : pourquoi pousser la cruauté (au sens artaudien) jusqu’à une scène à la limite de la partouze perverse ? Le propos, assez clair, s’en serait passé et eût peut-être été mieux servi par une finale plus sobre... Mais le spectacle ne perd pas en cohérence pour autant. Le débat est donc ouvert : “too much or not too much ?”... Quoi qu’il en soit, Hamlet(s) est une réussite et inaugure avec brio la nouvelle salle du Rideau. De bon augure !

Le Rideau