Mardi 18 août 2009, par Edmond Morrel

Franchir les frontières

Une romancière et poète de la mémoire : Rose-Marie François

Dans son émouvant roman, paru aux Éditions Luc Pire, la poétesse Rose-Marie François nous emmène sur le chemin escarpé de la mémoire. Elle a porté ce roman pendant près de vingt ans avant d’y inscrire, au bout de la dernière page, le mot "fin" et de nous le donner à lire.

Dans son émouvant roman, paru aux Editions Luc Pire, la poétesse Rose-Marie François nous emmène sur le chemin escarpé de la mémoire. Elle a porté ce roman pendant près de vingt ans avant d’y inscrire, au bout de la dernière page, le mot "fin" et de nous le donner à lire.

La construction du récit nous interdit d’en raconter l’intrigue au risque de dévoiler la destination avant le voyage auquel l’auteur nous convie. Chaque chapitre ajoute une étape dans la pérégrination romanesque qui débute par une réunion de famille dans une auberge d’Alsace vers laquelle convergent les protagonistes du roman venus célébrer le cinquantième anniversaire d’Erlande.
Avec une fluidité désarçonnante, Rose Marie François entrelace la lumière de la peinture et la musique de la poésie. Le style qu’elle déduit de ces deux arts lui transmet une sorte d’allégresse à exprimer la gravité des choses et à nous la faire ressentir au plus près du coeur. Une phrase lui suffit pour nous précipiter, sans crier gare, dans le dévoilement de l’essentiel. Ainsi, ce patriarche qui donne à un enfant ce viatique : "La vie est un voyage, regarde bien par la fenêtre du train, il n’y aura pas de retour ; vis tout ce que tu vois, ce que tu ressens, ce que tu entends, car rien, jamais ne se représente. Pèse bien tes actes tu ne pourras jamais y revenir". Ou, à cet autre moment où la mort accidentelle d’un garçonnet est évoquée, Rose Marie François essaie de dire le manque, l’indicible. Elle s’en approche en une phrase qui est une commémoration de l’absence inconsolée : "...sur le coeur, un creux : le poids manquant du petit corps blotti.". Ou encore, ceci qui décrit le dogme religieux : "Le silence qui règne dans le temple est moins celui de l’écoute que celui de la menace.".
Ces quelques exemples, saisis au vol de la première lecture, jalonnent le récit de Rose-Marie François qui tient dorénavant en éveil notre devoir de mémoire, notre appétit de transgresser les frontières et notre foi en la puissance poétique des mots et leur nécessité absolue.

Laissez-vous entraîner dans le roman de Rose-Marie François : vous n’en sortirez pas indemne et c’est peut-être cela "l’aubaine" qu’elle vous offre en partage...

Edmond Morrel

Rose-Marie François évoque dans cet entretien Edmond Jabès.
Elle nous donne également lecture d’un poème d’adolescence : "Vide" extrait de "Girouette sans clocher" et "Curriculum"
Vous pouvez également l’entendre dans la rubrique MARGINALES, donner lecture de la nouvelle qu’elle publie dans la livraison de la revue portant le titre "TOUS DANS LE ROUGE" (parution automne 2009)

Brève biographie de Rose-Marie François :

Rose-Marie François est poète, romancière, rhapsode, polyglotte.
Parmi les derniers ouvrages parus :

L’Aubaine, roman, Bruxelles, Luc Pire, Le Grand Miroir, 2009.

Panamusa, une chantefable, Charleroi, CROMBEL, 2008.

La saga d’Îchanâs, poèmes, Le Taillis-Pré, Châtelineau 2007.

Et in Picardia ego, petites proses, Charleroi, CROMBEL, 2007.

De sel et de feu, poèmes et récits, Apgāds Daugava, Riga 2006.

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