Fantômas

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal du Parc

Dates
Du 19 novembre au 19 décembre 2015
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Royal du Parc
rue de la Loi, 3 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatreduparc.be
info@theatreduparc.be
+32 2 505 30 30

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Fantômas

Mot du metteur en scène :

Le 10 février 2016, "Fantômas" aura 105 ans. D’abord destiné à un public populaire, le plus vendu des romans-feuilletons a fini par toucher toutes les couches de la société.
Les surréalistes s’en sont emparés, les intellectuels, les artistes, les écrivains, les journalistes et la psychanalyse ont glosé sur son imagination, ses thématiques, sa portée politique, ses trouvailles stylistiques et dramaturgiques... Les adaptations, hommages, copies, parodies et détournements se comptent par centaines, sans doute par milliers, dans tous les domaines.

Aujourd’hui pourtant, si le nom de Fantômas est bien vivant, sa mémoire est moribonde. Pour beaucoup, le premier terroriste de l’ère moderne, celui qui a mis l’Europe à feu et à sang, tenu les rois en otage et fait vaciller les États, celui qui a torturé, tué, mutilé, incendié, pillé, celui qui a répandu des épidémies et levé une armée de criminels, le Maître du Crime, le Prince de l’Effroi n’est plus qu’un pitre au masque bleu poursuivi par Louis De Funès

"Fantômas" que nous vous proposons pour les fêtes au Théâtre Royal du Parc se veut un retour aux origines du mythe. Un spectacle d’aventures respectant les codes du genre, proposant des rebondissements en pagaille, des jeux de masques, des apparitions et disparitions, des mises en abyme, des courses-poursuites échevelées, des personnages pittoresques tout en retrouvant l’atmosphère sombre, violente et intrigante des romans-feuilletons et ressuscitant la société du Paris de la Belle Époque.

"Fantômas" impose un style débridé ainsi que des intrigues sombres et tortueuses construites autour des crimes de son anti-héros. Fantômas est le premier super-héros de l’Histoire. Tous les hommes et femmes masqués qui éclaboussent les cases des comics américains et les écrans de cinéma sont ses enfants illégitimes.
Hé oui ! Le père de tous les super-héros est un super-vilain, le Mal en personne !

Frac, haut-de-forme et loup noir quand il apparaît, cagoule et collant noirs quand il disparaît, noir est ce géant qui domine la ville, spectre aux yeux gris qui s’efface sans laisser de traces. Il y a aussi les nombreux masques qui sont autant de moyens de se créer de fausses identités. Hommes, femmes, jeunes, vieillards, nobles ou ouvriers, Fantômas incarne tous ces rôles avec la même aisance. Pour interpréter ce "Fantômas" animal, théâtral, protéiforme, osant toutes les impostures avec la même audace, il fallait bien un performeur, un chien fou, une bête de scène comme Othmane Moumen.

Thierry JANSSEN.

Distribution

Avec : Didier Colfs, Thierry Janssen, Othmane Moumen, Muriel Clairembourg, Damien DE Dobbeleer, Héloïse Jadoul, Jean-Marc Delhausse. Mise en scène : Jasmina Douieb. Assistanat : Alexandre Drouet. Scénographie : Thibaut De Coster et Charly Kleinermann . Lumières : Philippe Catalano

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Lundi 21 décembre 2015, par Gaëtan Bayot

Pour les fêtes, emmenez vos enfants au Parc !

Il y a des spectacles où l’on emmène les enfants à la découverte du théâtre et où papa/maman se "sacrifient" pour les y accompagner. Il y a des spectacles où l’on emmène les enfants à la découverte du théâtre et où ceux-ci assistent à d’ennuyeux monologues. Et puis il y a... Fantomas !

Fantomas est un personnage que tout le monde connaît sans vraiment le connaître. Créé il y a 105 ans en roman feuilleton par Pierre Souvestre et Marcel Allain, il a pour la plupart d’entre nous la voix de Jean Marais face aux pitreries de Louis de Funès. Dans son texte, Thierry Janssens prend radicalement ses distances avec les films et donne une dimension plus universelle à l’œuvre.

Fantomas est l’incarnation du mal absolu. Il torture, tue, pille et fait vaciller les états. De l’histoire que l’on nous propose, personne ne peut deviner la fin... Et pour servir ces aventures haletantes, il fallait une mise en scène diabolique. Jasmina Douieb relève le défi avec panache. Rebondissements, suspense et grand frisson. Résumés des épisodes précédents et course poursuite. Tout y est. L’expression "coup de théâtre" prend ici tout son sens. La scénographie de Thibaut De Coster et de Charly Kleinermann est époustouflante. Le décor change à chaque scène. Ca monte, descend, tourne, pivote, bascule. En quelques secondes on passe d’un univers à l’autre. Et dans ce jouet grandeur nature la troupe s’en donne à cœur joie pour nous emmener dans leurs aventures. Tous et toutes sont impeccables dans leur rôle. Un spectacle de haute voltige que l’on vous recommande pour les fêtes !

Jeudi 17 décembre 2015, par Dominique-hélène Lemaire

Eradiquer la racine du mal ?

En ces temps troublés, voir un spectacle troublant, glaçant et désopilant en même temps. Fantômas : un cocktail explosif de mélodrame et d’action à la limite du burlesque, une feinte apologie du MAL, et un constat cynique des dérives de notre société. C’est pensé et pesé avec circonspection. Le théâtre « C’est de s’intéresser au regard que l’Autre (l’auteur par exemple) porte sur le monde actuel. C’est d’acquérir un autre regard qui finit par servir à la compréhension de ce qui se passe dans le monde... Le théâtre n’est pas une fin en soi, c’est un outil d’éveil. » confiait le très regretté Jules-Henri Marchant à La Libre Belgique, en 2007. Jules-Henri Marchant qui lui aussi se mesura au rôle de Fantômas, le super-vilain français, héros du panthéon littéraire bourgeois, prince des feuilletons dont le fonds de commerce est la peur de la peur qui fait peur.

Plus rapide que Speedy Gonzales, léger comme une plume - contrairement au sujet traité -, comédien né, adepte de la boxe anglaise, fulgurant, d’une précision imparable, voici avec Othmane Moumen du théâtre mobile, frénétique, hyperactif et athlétique. Son jeu fascine et fait oublier quelque peu le climat effroyable dans lequel nous avons été plongés dès l’aube de 2015 et qui immanquablement colonise notre monde intérieur.

On est loin de Bonnie and Clyde… la pièce met en scène un meurtrier démultiplié, impassible et insaisissable, aux mille visages, le mal absolu cagoulé et peut-être aussi, le mal qui est en chacun de nous. Comme l’affirme Etty Hillsemum, une jeune Hollandaise d’origine juive qui mourut à Auschwitz, à propos de la barbarie : « La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs. »

Fantômas a une fille, Hélène, incarnée avec malice par Héloïse Jadoul. Elle est pétulante, généreuse, amoureuse du journaliste Fandor (finement joué par Damien De Dobbeleer). Elle a son franc-parler et a décidé de régler ses comptes avec son père. Qui a dit qu’il faut tuer le père ? Qui a dit qu’il faut tuer la peur ? Peut-être les deux d’un coup ! Les coups pleuvent, les coups de théâtre se succèdent, les toits de Paris vibrent, les figures d’Arsène Lupin et de James Bond se mélangent dans l’imaginaire aux abois. Le mal deviendrait-il sympathique ? Oh que non, on ne joue pas à Robin des Bois. C’est le cynisme, la cruauté, le barbarisme qui inondent la scène, tout comme la psychose d’insécurité. Le ferment délétère est visé : le rêve de pouvoir absolu, en passant par le rêve de la manipulation génétique.

Les apaches, incarnation médiatique des classes dangereuses, galeux comparses de Fantômas, sont issus de la pègre parisienne du début du 20e siècle et sont proprement immondes. On est à deux doigts de la Première Guerre mondiale. Il y a notamment ce rôle terrifiant de La Toulouche, une fée Carabosse épouvantable, très louche « vieillarde aux yeux dégoûtants », receleuse associée à la bande de Fantômas qui se rend coupable de méfaits grand-guignolesques jusqu’à se nourrir de chair humaine ! Ah le merveilleux moderne !

Le monde des médias, quant à lui, est lestement stigmatisé par Didier Colfs qui interprète Borglum, le cupide chef de rédaction ! Et cela fait grand bien de pouvoir rire ! Muriel Clarembourg contribue également à l’hilarité générée par le rôle burlesque de Lady Beltham. Bouzille, poivrot emphatique exerçant mille petits métiers, en fait ma foi, un peu trop (Thierry Janssen, par ailleurs l’adaptateur génial de cette version 2015). La mise-en scène frénétique est signée Jasmina Douieb.

Dans le décor, vous verrez en contrepoint le très élégant et sympathique redresseur de torts : l’inspecteur Juve (Jean-Marc Delhausse) de la Sûreté de Paris, ennemi acharné, voire obsessionnel, de Fantômas qui a voué sa vie à la capture ou à la destruction du monstre. Mais celui-ci, peut-il être détruit ?

Théâtre Royal du Parc