Samedi 1er décembre 2018, par Palmina Di Meo

Faire chose de tout bois

Trois ans, c’est la période de gestation de « La Cosa » une performance acrobatique mettant en scène 4 acteurs et quelques 1600 bûches de bois à brûler.

Créé en 2015 aux Halles de Schaerbeek, cet « objet » théâtral a remporté depuis le prix de la critique du meilleur spectacle de cirque.

Véritable épreuve de force, la rencontre des corps et des objets adopte la forme d’une chorégraphie infernale virant à l’absurde. Entrechoquées, lancées, empilées, déchiquetées, ces buches génèrent un étrange ballet orchestré par quatre hurluberlus en costume-cravate.

Claudio Stellato, danseur, chorégraphe et plasticien, présentait déjà en 2012 « L’autre », résultat d’une première recherche sur la relation entre corps et objets, poussant l’exercice aux limites de la résistance humaine.
Ici, l’axe de l’expérimentation repose sur la cohésion des regards, la synchronisation indispensable des mouvements. Tour à tour inventeurs, chair à rouages, pièces de puzzle, les quatre « animateurs » en arrivent à une symbiose qui frise l’hystérie avec le matériau. Le contrôle musculaire et sensoriel renvoie à l’instinct animal. Mais le cadrage est d’une rigueur mathématique. Architectures précises dans les jeux de construction- déconstruction qui donnent la mesure de la technique indispensable à la sécurité des intervenants. C’est que le rythme est endiablé, accéléré, poussé aux points de rupture en une composition sonore sans artifices.

Claudio Stellato a conçu la performance « comme un lieu organique non narratif, un enchaînement de recherche d’une fluidité des mouvements. Le but n’est pas de donner des informations, chacun peut y tracer son propre chemin ». Certaines références et déclinaisons lexicales ne manqueront toutefois pas de vous sauter aux yeux.

Un show original, questionnant, une ligne droite... qui vous arrachera quelques cris de frayeur ou exclamations d’encouragement car le tour de force est spectaculaire. Avec à la fin de la représentation, une invitation à « tâtez du bois » pour réaliser le poids de l’effort.
Une installation qui tourne depuis 3 ans et emporte dans ses bagages les impressions que les spectateurs sont invités à coucher sur papier. Conçu comme un spectacle de rue, cette « bizarrerie » artistique envahit et comble à son propre étonnement la grande salle du Théâtre national.