Mercredi 18 décembre 2013, par Laura Bejarano Medina

« Et allez donc ! C’est pas mon père »

Comédie retentissante au décor raffiné et au rythme effréné, La Dame de chez Maxim brille depuis quelques semaines parmi les dorures du Théâtre Royal du Parc. Fidèle à la mécanique du rire de Georges Feydeau, Miriam Youssef expose les situations burlesques du Théâtre de boulevard avec une touche de modernité.

Le lendemain d’une soirée trop arrosée, Lucien Petypon, médecin distingué, de bonne famille, se réveille avec la gueule de bois et la surprise d’une danseuse aux mœurs légères endormie dans son lit. Par un engrenage de rencontres imprévues et de quiproquos cauchemardesques, il est alors contraint d’emmener cette dame de chez Maxim à une fête de famille en la faisant passer pour sa femme. Alors qu’il tente avec difficulté de maîtriser les inconvenances et le manque de délicatesse de la « Môme crevette », Petypon est rattrapé par sa véritable épouse, restée au domicile conjugal et à qui il a caché ses péripéties alcoolisées.

Dans un décor en trompe-l’œil qui dévoile au fur et à mesure des cachettes insolites, les personnages de Feydeau sont aspirés dans une spirale rocambolesque aux allures de portes qui claquent, de malentendus et de chassés-croisés haletants. Victime de ses mensonges et de sa lâcheté, Petypon se retrouve impuissant face à cette machine infernale dont il ne peut se dépêtrer.

Au delà d’une distribution éclectique de comédiens aux multiples rôles et aux doubles personnalités, le spectacle est porté, dans sa longueur, par la gouaille de la Môme crevette (Julie Duroisin), la crédulité de Madame Petypon (Anne-Pascale Clairembourg) et l’affolement de Petypon (Stéphane Fenocchi). Souvent à l’origine de nombreux effets comiques, les personnages aux caractères marqués sont dépeints dans leurs vices et tournés en ridicule par l’habilité de Feydeau, qui n’hésite pas à se moquer de sujets sensibles en malmenant les valeurs de la société bourgeoise ou encore en reléguant la religion au rang de stupide superstition.

Soutenu par un rythme accéléré et ponctué de chansons, de va-et-vient incessants et d’entrées fracassantes, les comédiens apparaissent et disparaissent de toutes parts, donnant naissance à des coups de théâtre vaudevillesques qui ne laissent de répit ni aux personnages ni au public. Même à l’entracte, quand l’heure est aux rafraichissements et aux impressions partagées, certains protagonistes malicieux se baladent dans les couloirs animés pour interpeller un spectateur avec humour et complicité.

Sans dénaturer le comique de Feydeau, Miriam Youssef redonne de l’éclat à l’indémodable vaudeville. Enrichi d’une scénographie surprenante et d’une mise en scène à la fois inventive et dynamique, La Dame de chez Maxim invite le spectateur au cœur d’une intrigue savoureusement drôle et mouvementée.

Laura Bejarano Medina