Dimanche 30 octobre 2011, par Catherine Sokolowski

Entre délire et désir

Deux jeunes gens font connaissance dans un jardin. Il est dérangé par la musique qu’elle écoute, elle se fâche quand il fait exploser son transistor. Malgré cela, le dialogue s’installe. Cela pourrait être le début d’une belle histoire. Mais ce jardin est celui d’un asile psychiatrique et les protagonistes cumulent les troubles mentaux. Tania Gabarski et Charlie Dupont partagent cette histoire écrite par Nicolas Bedos, pleine d’humour et d’humeurs. Une autre manière d’approcher les déséquilibres psychiques.

Quelques voiles suggèrent un arbre blanc, comme déguisé en infirmier : un arbre d’asile. Derrière, un orchestre jazzy propose quelques morceaux de musique entre les actes. Devant, deux bancs. Le décor est planté, les bancs se métamorphosant au gré du récit.

La jeune femme découvre cet autre pensionnaire et, très vite, s’en éprend. Sa maladie à elle serait d’aimer trop et trop vite. Lui tente de résister, c’est qu’il est là pour ça, lui, apprendre à résister aux femmes. Les actes défilent, courts, révélant la personnalité tourmentée des personnages. Les séjours se succèdent et le couple se retrouve, échoué dans un monde parallèle aseptisé. Pourront-ils être heureux, pourront-ils s’apprivoiser ?

Un rythme soutenu, un texte intelligent, des comédiens motivés, autant d’ingrédients qui assurent une heure de théâtre divertissant. La pièce a été écrite pour Mélanie Laurent mais Tania Gabarski endosse ce rôle de schizophrène avec brio. Cette autre vision des relations dans un asile reposant sur l’improbable rencontre entre un pervers narcissique et une nymphomane mythomane ne nous fera pas perdre la tête mais certainement passer une agréable soirée.