Vendredi 11 janvier 2013, par Julie Lambert

Du grand Filip

Les premières secondes plongent directement le public dans l’atmosphère d’un vieux cabaret parisien : ambiance feutrée, lumières tamisées, fumée dispersée. Un pianiste, un accordéoniste et un contrebassiste battent la mesure. Soudain, surgit dans un grand corps maladroit aux longs bras, la réincarnation de Brel. Le costume, la morphologie, les mimiques, la posture, le timbre de voix, la ressemblance est frappante ! La machine à remonter le temps est en route pour 1h30 de pur Jacques.

Nous écoutons Brel et pourtant c’est bien Filip que nous apercevons. En effet, l’artiste ne se contente pas d’une simple imitation de la Légende mais il y apporte sa griffe : c’est une véritable réinterprétation des textes de Brel, des plus connus aux plus discrets, qu’il nous offre. Le plus époustouflant est l’allure avec laquelle il enchaîne les morceaux : il passe du rire aux larmes en un rien de temps et emporte le public dans cette même cadence !

Filip Jordens nous propose aussi une merveilleuse occasion de découvrir ou redécouvrir la richesse et la profondeur des écrits de Jacques Brel. Il est dommage que la qualité du son abîme parfois la poésie. C’est donc avec exaltation, communiquée par la passion certaine de l’artiste, que les spectateurs revisitent le Plat Pays, Amsterdam, revoient La Fanette, Jacky, Rosa, goûtent aux bonbons et dansent la valse à mille temps.

On voudrait que jamais ça ne s’arrête mais toutes les bonnes choses ont une fin. C’est donc en toute simplicité et intensité que le grand Filip nous dit au revoir, sur une des plus belles chansons de tous les temps : « Quand on n’a que l’amour ! ». Et en effet, après un tel spectacle, c’est plus amoureux que jamais que nous sortons de Jacques Brel chanté par Filip Jordens.

Julie Lambert