Deux sur la balançoire

Woluwe-Saint-Pierre | Théâtre | Comédie Claude Volter

Dates
Du 3 au 31 décembre 2017
Horaires
Tableau des horaires
Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre
Contact
http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

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Deux sur la balançoire

Avocat désœuvré et en instance de divorce, Jerry rencontre Clara, jeune femme extravertie à l’esprit ouvert et au cœur d’or. Ces deux êtres courbés par la vie vont s’aimer sur une instable balançoire. Mais dans ce tendre et sensible chassé-croisé, chacun sera rattrapé par son passé...
Ce superbe duo dévoile la vulnérabilité des êtres et des sentiments : C’est quoi, c’est quand, c’est comment aimer ? On s’attache à eux, on croit en leur amour.
Une histoire drôle et bouleversante qui se déroule dans le New York des années 60.

31/12 tarif unique 45 €

Distribution

Avec : Stéphanie MORIAU & Mathieu BESNARD, Mise en scène : Marcel DELVAL
Décors : Serge DAEMS, Création lumières & Régie : Sébastien COUCHARD

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Vendredi 15 décembre 2017, par Jean Campion

Oser le bonheur

"Deux sur la balançoire" a été créée en 1958. A Broadway, c’est Anne Bancroft et Henry Fonda qui incarnaient les héros de William Gibson et à Paris Annie Girardot et Jean Marais. Triomphe des deux côtés de l’Atlantique. Depuis lors, la pièce, régulièrement à l’affiche, est devenue un classique. Opposés par leur caractère et leur passé, un homme et une femme s’apprivoisent, se soutiennent et tentent de s’aimer. Le sujet ne brille pas par son originalité. Mais l’auteur le traite dans un style avant-gardiste pour l’époque. C’est pourquoi cette comédie douce-amère résiste à l’usure du temps.

Dans sa chambre d’hôtel minable, Jerry Ryan tue le temps. Tout à coup, il se décide à téléphoner à Clara Mosca, rencontrée la veille, dans une soirée. Prétexte du coup de fil : l’achat d’une moto. Comme elle n’a pas plus envie de la vendre que lui de l’acheter, ils se toisent dans un duel à fleurets mouchetés. Des échanges aigres-doux qui masquent mal leur attirance réciproque. Il se moque de ses "tout à fait" et de ses slogans féministes, mais la rappelle pour l’inviter à dîner. Elle se rebiffe, fait mine de refuser... Juste avant de raccrocher, elle lui lâche son adresse. Pour vivre cette histoire d’amour, qui leur tend les bras, chacun devra s’extraire de sa solitude.

Jerry avait une situation confortable, dans le cabinet d’avocats de son beau-père. Mais celui-ci exerçait une emprise étouffante sur le couple qu’il formait avec Tess. Pour retrouver son autonomie, il a demandé le divorce et quitté le Nebraska. S’il veut pratiquer son métier à New York, il doit réussir des examens. Aura-t-il le courage de les préparer ? Sa rencontre avec Clara lui redonne du coeur au ventre. Il cherchait "quelqu’un de faible", qu’il pourrait soutenir. Aider cette femme insouciante à concrétiser ses projets le réjouit.

Clara souffre d’un ulcère au duodénum, qui l’oblige à se ménager. Ces ennuis de santé s’ajoutent à un chômage persistant. Danseuse sans engagements, elle donne des leçons, pour joindre les deux bouts. Une vie pas facile, qu’elle prend du bon côté. Résolument optimiste, elle voudrait chasser les idées noires, qui poussent Jerry à errer sur les ponts, la nuit. Leurs relations ont beau avoir des hauts et des bas, Clara est persuadée que cet homme peut la rendre heureuse. Jerry est bien différent de son ex-mari et de ses nombreux amants de passage. Cependant l’ombre de Tess menace leur amour. Ses messages, ses comportements inquiétants sont des appels au secours...

La première séquence, où chaque personnage ment et se trahit, est lente mais drôle. Jean-Loup Dabadie, qui signe l’adaptation, nourrit ce marivaudage de répliques fort spirituelles. Cependant le cache-cache sentimental s’essouffle. William Gibson, dramaturge habile, le sent et fait protester Jerry. Exaspéré, celui-ci refuse de patauger dans une comédie romantique, au happy end garanti. Les héros deviennent attachants, en dévoilant progressivement leur passé et leurs espoirs. Avec des omissions. La mise en scène sobre de Marcel Delval nous fait écouter ces silences, cette retenue, cette réticence à s’abandonner à l’autre. La pièce se déroule dans les années 60. Jerry et Clara utilisent beaucoup le téléphone à fil. Ces communications laborieuses, qui font sourire à notre époque où triomphe le smartphone, symbolisent leur difficulté à se rejoindre. Tout comme les allers-retours entre la chambre de Jerry et le studio de Clara. Ils freinent l’action, mais confirment la distance qui les sépare.

Dans la peau de Jerry, Mathieu Besnard apparaît d’abord comme très sûr de lui. Mais le macho ironique s’efface rapidement devant un être vulnérable, tourmenté, hésitant à prendre ses responsabilités. Il a du mal à couper les ponts avec Tess : "Elle est ma pire ennemie peut-être, mais c’est ma femme, dans ma chair... Aimer, c’est se détester en se tenant la main." Clara ne manifeste pas des sentiments aussi ambigus. Stéphanie Moriau incarne avec finesse une femme généreuse, sincère et fragile. On est émus par ses crises de jalousie, ses explosions de colère et ses refus de pitié. Tournant le dos à un passé désinvolte, Clara s’accroche à l’idée de former un couple heureux. Sans mièvrerie, "Deux sur la balançoire" nous touche par cette recherche éperdue d’amour.

Jean Campion

Comédie Claude Volter