Dimanche 15 septembre 2019, par Yuri Didion

Deux nouveaux lieux à Namur

Nouveauté dans la capitale de la Wallonie : cette année, deux nouveaux lieux culturels ont vu le jour. On ne peut que se réjouir de ces projets qui font rêver, et que nous vous invitons à découvrir. Rencontre avec Elena Biçak et Barnabé De Keyser qui se sont tous les deux lancés dans l’aventure d’ouvrir leur propre lieu avec leur(s) associé(e)(s) respectif(ve)(s).

Depuis presque un an maintenant, l’Arsène Café anime la rue des Brasseurs, juste à côté de la place d’Arme. Derrière le logo à moustache et monocle se découvre un lieu chaleureux à l’ambiance hétéroclite, offrant une superbe vue sur la citadelle. C’est le projet de Maud Rousseau et Elena Biçak, qui enchaînent les événements depuis leur ouverture en octobre 2018 : expositions, lectures, concerts, jam-sessions, match d’impro ou encore ateliers artistiques. Entre les cadres de l’expo en cours, le piano (accordé !), les jeux de sociétés et la borne d’arcade vintage, chacun peut y trouver son compte au quotidien. Dernier attrait, et non des moindre : pas une semaine ne passe sans que l’équipe de l’Arsène ne vous invite à découvrir de nouveaux artistes.

"On trouvait que l’impro et le stand-up, ça manquait à Namur. Il y avait déjà une offre de concert, dans laquelle on pouvait aussi s’insérer. Puis on avait pas mal de contact dans le milieu qu’on voulait soutenir et valoriser. C’est comme ça que cela a commencé" explique Elena, une des deux associées à l’origine du projet. Et c’est sans doute leur première difficulté : "nous sommes deux pour tout gérer : la programmation, le bar, la pub, les sélections et les réponses aux artistes, il faut nous excuser si on ne répond pas tout de suite".
Pourtant, les idées ne manquent pas pour continuer de se réinventer : "Notre lieu est principalement associé au divertissement. L’impro, le stand-up, la musique, ça a bien pris. On voudrait maintenant s’ouvrir à des projets différents, comme la poésie ou le théâtre. Ca demande de réfléchir à des atmosphères différentes".
Et au rang des prochaines avancées ?
"Ouvrir une terrasse voire aménager le quai [NDLR : avec les pieds dans la Sambre, le café jouit d’une situation idéale en été]. Ca nous plairait vraiment de pouvoir avoir un accès à l’extérieur. Et on réfléchit aussi à aménager la cave voûtée pour pouvoir y installer des spectacles". (Elena Biçak).

Autre lieu, autre ambiance. Plus récemment, la Vivre en Fol Compagnie, une troupe de théâtre forain a posé son chapiteau à Temploux et, dans la foulée, a ouvert sa propre salle : La Templerie des Hiboux. La compagnie signe donc une première saison pour 2019-2020 sous le signe du rire avec ses propres créations (comme Les trois autres petits cochons et Eugène), évidemment, mais également quelques invités comme le Magic Land Théâtre (qui ouvrait la saison), Claude Semal, Vincent Pagé ou la Compagnie du Simorgh (avec L’homme semence). Entre la salle, le chapiteau et les roulottes, il y a de quoi ravir tous les goûts et passer des soirées fantastiques.

"C’est le lieu qui nous a inspiré le projet. On était un peu éparpillé avec le chapiteau du côté de Mons, les bureaux à Bruxelles et les stocks à Gembloux. Puis on a découvert la Templerie. Le lieu existait déjà, c’était un cercle de peinture. On en est tombé amoureux. Puis on a vu qu’il y avait une super grange, on s’est dit que c’était l’occasion d’accueillir des spectacles qu’on aime et des artistes qu’on veut faire découvrir" livre Barnabé De Keyser, l’un des membres fondateurs de la Vivre en Fol. Au rang des défis surmontés, le temps. "Ouvrir un théâtre, c’est une activité en plus, en plus du chapiteau, des tournées, des spectacles qu’on joue dans d’autres productions... Et puis, on fait tout nous-mêmes, on n’a zéro moyen" ajoute-t-il avec un rire humble. Alors qu’est-ce qui a motivé cette aventure ? "Avoir un lieu d’accueil pour des spectacles 100% coup de cœur, un truc qui nous ressemble. L’ambiance, les tables dans le public, le côté chaleureux et détendu, on voulait que ça fasse partie de notre identité. On adore, par exemple, pouvoir boire un verre pendant le spectacle comme au Magic, où pouvoir inviter des artistes qu’on aime. On se dit "Tiens, mais quand est-ce qu’il joue ? Maintenant, on peut l’inviter et le faire découvrir à notre public." (Barnabé De Keyser).

Alors deux nouveaux lieux ouvrent leurs portes, faut-il y voir un signe de "bonne santé" culturelle ? Difficile de l’affirmer aussi innocemment si l’on tient compte que Bruxelles compte 88 institutions culturelles pour 1,2 millions d’habitants (soit 1/13.636 habitants) sur 161 km² (soit une densité de proche de 1/2 km²) contre 5 institutions pour les 110 000 habitants de la commune de Namur (soit 1/22.000 habitants) sur 176 km² (soit une densité de 1/35 km²). Précisons que ces chiffres ne comptabilisent évidemment ni les spectacles extra-muros (théâtres universitaires, chapiteau, kiosques, ...), ni les cafés-concerts ou café-théâtre, bien plus nombreux à Bruxelles qu’à Namur.

Le Namurois jouit donc d’une offre toujours moins diversifiée que le Bruxellois, et il reste difficile d’y développer de nouveaux projets artistiques. A moins d’ouvrir son propre espace ? Peut-être faut-il voir dans cette (relative) décentralisation une possibilité de nouvelles créations. Avis aux artistes !

Yuri Didion
0472/951.800
yurididion.wordpress.com