Lundi 21 janvier 2013, par Catherine Sokolowski

Dénouement implacable

De la magie à la chorégraphie, le théâtre du Parc surprend par une volonté manifeste d’ouverture aux arts du spectacle. Cette nouvelle adaptation de la tragédie de Sophocle a de quoi surprendre, mélange froid d’ombres, de musique, de danse et de textes épurés, il fallait oser ! Cette modernisation d’un classique rafraîchit les mémoires d’une manière originale : pas de scènes interminables, de vers longs et fastidieux ou de dialogues pompeux. Une création du Parc, mise en scène par José Besprosvany, à découvrir.

Décors simples, épurés, mobiles, projections complémentaires donnant une perspective à l’ensemble, musique contemporaine, cette approche actuelle rappelle que la légende d’Œdipe est intemporelle. Elle peut être mise en scène comme un roman policier « Mais qui a tué Laïos ? », comme un drame psychologique « Œdipe cherche ses racines » ou comme une tragédie classique « La réalisation de l’oracle de Delphes ». Il y a ici un peu des trois.

La ville de Thèbes est ravagée par la maladie. Le peuple accuse les étrangers. Créon (frère de Jocaste) propose de retourner aux racines du mal et de trouver le meurtrier de Laïos (ancien roi de Thèbes et mari de Jocaste). Œdipe est chargé de mener l’enquête. Tiresias, aveugle, reconnaît la voix d’Œdipe : pour lui l’assassin de Laïos, c’est lui, il était présent lors du crime. Œdipe doute car il n’est pas conscient d’avoir tué Laïos. Les oracles ont prédit que si Laïos avait un fils, il tuerait son père et coucherait avec sa mère. Œdipe est-il le fils de Laïos ?

Cette chorégraphie théâtrale est étonnante et passionnante. Cinq acteurs se partagent les rôles : il y a le trio familial : Œdipe (Gauthier Jansen), Jocaste (Isabelle Roelandt) et Créon (Georges Siatidis) et quelques personnages secondaires (l’aveugle, un homme du peuple, Laïos…) joués par Julien Roy et Toussaint Colombani. Cinq danseurs interviennent très régulièrement, leurs mouvements rapides et ondulants symbolisent l’ambiance du moment. Les dialogues se résument à l’essence du récit, version simple et claire du texte original, parfois presque didactique. Mélange de moderne et d’ancien, la pièce pourrait séduire un très large public (moderne et ancien !) : une manière aussi d’intéresser les ados aux tragédies grecques. Bon théâtre !