Lundi 3 février 2014, par Céline Brut

Debout ! C’est le Grand Soir !

Retenez : ce soir, c’est le Grand Soir. Au cœur même de la capitale, le centre culturel de la ville de Bruxelles invite son public à écouter le discours un peu décalé d’un révolté, leader charismatique, qui voudrait bien refaire le monde et « changer de paysage ». Un discours un peu désordonné basé sur une observation critique du quotidien des citoyens du monde. Mais un discours cocasse et piquant aussi qui ne laisse pas indifférent.

Imaginez, Paul Klut (joué par l’excellent Jean-Louis Leclercq), ex-humoriste séditieux métamorphosé en conférencier politique et son voisin et assistant, Maurice (Stéphane Stubbé). Le spectacle commence et ne s’essouffle pas pendant une heure et demie, à l’instar des deux comédiens qui maitrîsent leurs rôles à la perfection. Proche de son public, Jean-Louis Leclercq passe de l’exaspération à la colère en soulignant l’indifférence des individus telle « l’indifférence des vaches qui regardent passer un train plein de taureaux », ces vaches qui caractérisent la société de consommation dans laquelle nous vivons et où l’argent et l’arrogance des Politiques règnent en maître. La « conférence » prend racine dans un examen méticuleux de l’actualité et titille l’ordre de chose. C’est qu’il s’en pose des questions, Paul Klut : « Pourquoi Alonzo gagne-t-il tant d’argent en Formule 1, alors que finalement, il ne fait que tourner sur un circuit où le code de la route n’est pas appliqué…Le citoyen lambda n’a-t-il pas plus de mérite à savoir se déplacer tous les jours dans le chaos des bouchons du ring bruxellois ? ». Un questionnement auquel les deux camarades tentent de répondre tant bien que mal, sans y arriver toujours… Ils partent dans tous les sens et effleurent quantité de sujets et problèmes, passant du coq à l’âne. Mieux vaut s’y connaître pour comprendre la finesse de tous leurs jeux de mots.

Personnage de « second plan », Maurice et son sourire béat finiront par vous impressionner et vous surprendre. L’assistant aux allures de faire-valoir trouvera sa place sur scène et sans lui, le spectacle perdrait beaucoup de son charme. Plein de dérision, Stéphane Stubbé étonne par son habileté à se jouer de nous et la remarquable maîtrise de sa superbe voix.

Un duo bien rodé qui, si l’on met de côté l’ironie et le comique vivifiant du texte, pousse à la réflexion sur toutes ces petites choses qui empoisonnent notre quotidien... Et il y en a un tas ! La petite salle du théâtre des Riches-Claires vous attend nombreux jusqu’au 15 février inclus.

Céline Brut.