Dimanche 11 février 2018, par Yuri Didion

Dans les étoiles

L’Antartica, vaisseau amiral d’une flotte d’exode, se prépare au décollage. A son bord, les plus grosses fortunes fuient la Terre vers une planète neuve, encore inhabitée, et surtout, aux ressources encore inexploitées. Et l’Imperator, chef suprême de l’empire helvético-germanique, entend bien profiter de l’occasion pour se débarrasser d’une large part, qu’il considère indésirable, de la population.

Dans cette épopée futuriste, le Magic Land offre un spectacle riche et complexe. Les références artistiques sont nombreuses, et plus ou moins explicites. Si Star Wars et Spartacus étaient relativement évident, on se laisse surprendre par une réinterprétation de Bowie merveilleusement chantée par Bruce Ellison et Manon Hanseeuw, ou par un pastiche de Pinocchio assez touchant.
Mais on y retrouve également des réflexions sur l’actualité : questions économiques par l’évocation des banques suisses ou de la crise de la dette publique grecque, politique européenne, ...

Ainsi cette comédie bon enfant raisonne un peu sombrement pour qui veut cherche à dépasser l’inévitable fou-rire. Preuve, s’il en fallait, que le Magic Land, c’est le burlesque dans toute sa noblesse : on y parle de sujets graves avec trivialité. Et tout se termine à la manière des plus grandes tragédies grecques : toutes fins ouvertes et sans morales prédigérées à fournir à toutes les observations dramatiques que le spectacle soulève.

Comble de l’élégance théâtrale : le public y est - cette fois encore - considéré comme un partenaire. La scène prend la salle - qui ne désemplit pas - en compte pour une expérience inclusive. Ils transmettent à la perfection le plaisir qu’ils ont à jouer ensemble.