Le texte de Thierry Debroux retrace tous les aspects du parcours des Kennedy : politiques, familiaux, psychologiques, médicaux et sexuels. Ce partage est captivant à plus d’un titre. D’abord parce qu’il renvoie à l’Amérique des années 60 (guerre froide, engagement militaire au Viêt Nam, ségrégation raciale, conquête de l’espace, invasion de la “Baie des cochons”, rôle de la mafia etc…), mais aussi parce qu’il met en évidence les aspects privés de la vie du président, comme son insatiabilité sexuelle ou sa très mauvaise santé, la première étant d’après lui une conséquence de la deuxième. En parlant de Jackie, il explique : “je ne la trompe pas, je me soigne”, n’a-t-il pas été “toute sa vie, un enfant qui va mourir” ?
Thierry Debroux n’a pas cherché à reproduire la réalité. Il s’en inspire et l’enrichit : les discussions sont entrecoupées par les interventions d’une jeune femme mystérieuse qui semble tout connaître du clan Kennedy, sans que l’on sache vraiment de qui il s’agit. Ange ou démon (“envoyée par Khrouchtchev ?”), elle n’exige rien mais s’impose, confrontant les frères Kennedy aux vérités qu’ils auraient préféré ne pas affronter.
Mené tambour battant par Alain Leempoel qui interprète brillamment le personnage du président au “charme à faire tomber un oiseau du nid”, le spectacle est centré sur les problèmes privés du clan Kennedy et cela lui confère son originalité. L’intervention d’Anouchka Vingtier donne une dimension surnaturelle au récit tandis que Dominique Rongvaux en ministre de la justice joue un Bobby Kennedy moralisateur incapable d’assumer ses désirs. Le décor cosy, les images anciennes judicieusement projetées et les références historiques passionnantes font de ce spectacle une belle réussite, une immersion captivante dans un passé révolu.